Nicolas Dupont-Aignan et le scandale France Trésor (II)
Le 22 décembre 1972, le "sinistre ministre" (sic) Valéry Giscard d'Estaing signe une loi qui interdit à l’État de créer de la monnaie pour financer sa dette ou ses investissements (Cf. article 25 de la "Loi de 1973"). Au cœur de l'euro et des traités européens, l'article 123 du traité de Lisbonne (anciennement 104 de celui de Maastricht) « qui interdit à la Banque Centrale Européenne comme à ses succursales nationales de prêter directement aux États et à leurs émanations ».
Nicolas Dupont-Aignan rappelle fort opportunément au début du chapitre 5 de son livre récent (« l'euro, les banquiers et la mondialisation L'arnaque du siècle », éditions du Rocher, avril 2011, 154 pages, 13 €), qui était à l’œuvre dans la mise sous tutelle de l’État au profit des Marchés, c'est-à-dire le milieu financier. Avec « le scandale France Trésor », il révèle comment les Maîtres de la finance ont verrouillé le processus.
« Dans un modèle de conflit d'intérêt, (…) il existe une agence de l’État, sous l'autorité de Bercy, qui s'occupe de placer la dette de la France sur les marchés internationaux des capitaux. » (p.80)
Cette agence se nomme France Trésor : elle doit « gérer la dette et la trésorerie de l’État au mieux des intérêts du contribuable ».
N'est-il pas troublant de constater que « cette instance abrite une brochette du nec plus ultra de la finance française et mondiale (...) » ? Encore faut-il savoir le détail des Curriculum Vitae des membres de France Trésor, car leurs présentations succinctes sur le site www.francetresor.gouv.fr vous laisseront dans l'ignorance.
Mais Dupont-Aignan rapporte les fruits de son enquête.
Commençons par le président de France Trésor (à tout saigneur, tout honneur), Jacques de Larosière : ancien gouverneur de la Banque de France et conseiller du président de la BNP Paribas. Or qui est le champion des Spécialistes en valeurs du Trésor (une vingtaine de SVT) agréés par Bercy ? BNP Paribas.
Si le brillant Jacques de Larosière n'ignore pas le concept de conflit d'intérêt, il faut croire que son éthique personnelle le place au-dessus de l'entendement commun.
Prenons par exemple le cas intrigant de Jean-Pierre Halbron : ancien directeur général d'Alcatel. Que viendrait faire un industriel dans ce groupuscule sélect ? Il fut aussi l'ancien dirigeant de la filiale française de l'établissement bancaire Wasserstein Perella & Co qui, racheté en 2000 par la Dresdner Bank, devint la Dresdner Kleinwort Wasserstein qui fait partie du cercle fermé des fameux SVT …
Prenons le cas compréhensible de Francesco Giavazzi : professeur d'économie à l'université Bocconi (Milan). Mais Dupont-Aignan a gratté un peu et découvert que le professeur a été accessoirement banquier chez Banco di Napoli …
Nous vous laissons découvrir les autres sommités de ce petit monde financier renfermé dans le livre édifiant du vaillant reporter Nicolas Dupont-Aignan.
Comprenne qui voudra.
(à suivre)
Alexandre Anizy