Une couronne pour Paul Valéry
En novembre 2008, les éditions de Fallois publiaient un recueil inédit de poésie de Paul Valéry, titré « Corona & Coronillia » (219 pages, 22 €) : ce sont les poèmes qu'il écrivait à Jean Voilier, une femme très libérée pour son époque. En préambule, l'éditeur s'interroge :
« "La poésie est une survivance", disait Valéry. C'était en 1929. Quatre-vingt ans plus tard, faut-il publier Corona ? » (page 7)
Personnellement, nous répondons non.
Et pourtant, nos aurions tant aimés être subjugués par les derniers vers de celui que nous considérons, comme d'autres, comme l'un des plus grands versificateurs français.
En vieux monsieur transi, Paul Valéry couche sur le papier ses mots d'amour exaltés : si, au crépuscule de sa vie, il pensait encore que « le vent se lève, il faut tenter de vivre », c'est à Jean Voilier qu'il le devait.
Malheureusement, nous sommes loin du "cimetière". Ni émotion, ni fascination.
Trois semaines avant la mort du poète, l'obscur sujet de son désir avait largué les amarres : il ne s'en était pas remis.
Malgré les sirènes marchandes, le lecteur averti saura rester au large de ce récif.
Alexandre Anizy