Un roman sylvestre de Jérôme Lafargue

Publié le par Alexandre Anizy

Né en 1968, Jérôme Lafargue publie apparemment son premier livre en 2007, sans revendiquer un quelconque droit à la paresse, et en 2009 pour « dans les ombres sylvestres » (éditeur Quidam, septembre 2009, 183 pages, 16 €). Espérons que le prurit de la renommée ne le titille pas au point de gâcher son talent.

 

Car il est là, le talent, dans cette capacité à ciseler des phrases dont la mélodie ne peut échapper qu'aux sourds et aux lecteurs gothiques :

« Je me rendis à l'hospice dans l'antique 2cv familiale. Je n'avais pas encore mon permis à l'époque (…). La petite route cabossée filait droit sur des kilomètres, enserrée de part et d'autre par la forêt indolente. Je me sentais chez moi, et il m'arrivait de garer la guimbarde sur le bas-côté parce que j'avais vu traverser une laie et ses marcassins. » (p.61) (un Ardennais ne pouvait pas rater ça … )

Des mots, un rythme, un angle de vue : l'amorce d'un style.

 

Reste à s'investir dans l'histoire, car le collage d'un élan sylvestre mâtiné de sorcellerie, d'une ode au surf, d'une exploration tropicale, d'un bout d'essai dans la carrière universitaire, de l'évocation d'une thèse sur les grands révoltés, en terminant par un phénomène climatique, ne constitue pas une vision du monde mais un patchwork. A moins d'adorer le gavage de la science-fiction.

Pour le coup, nous nous souvenons d'un bouquin de Jacques Sternberg (« mai 86 » : à vrai dire, une étrange association, mais nous ne sommes pas friands de S-F).

 

Nous encourageons Jérôme Lafargue à prendre le temps de construire.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Publié dans Notes culturelles

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