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Fan du PSG : le cas Protche

Publié le par Alexandre Anizy

            Le PSG a brillé face à l'Etoile Rouge de Belgrade, mais il n'y a plus de lanterne pour éclairer le faux noble Grégory Protche.      

 

 

            Est-ce parce qu'il s'est vu cité,  

« Enfin cool. C'est l'adjectif que Patrick Besson employait à son sujet dans Les Années Isabelle - lorsque j'allai le voir en 1992 au Salon du livre, je lui fis signer son livre à la page où figurait la description si judicieuse du maestro et fus un peu déçu que Safet n'eût pas pour lui l'importance qu'il avait pour moi. J'aimais la Yougoslavie à cause de Susic et lui à cause de la Yougoslavie. » (p.111/196) ,

ou par simple esprit d'entraide corporatiste,

            [Journaleux de tous les pays, congratulez-vous !]

que Patrick Besson le croato-français ( Ja takodjer u Beogradu volim odsjesti u hotelu Palace ) tartine un papier dithyrambique sur Je suis né la même année que PSG de Grégory Protche (JCLattès, 2018, en livrel) ?  

            Car il faut avoir perdu le sens de la mesure et de la retenue pour écrire :

« Grégory Protche (48 ans) vient de m'offrir un plaisir rare : celui de ne pas lire un écrivain mort. (...) le seul ouvrage que je peux rapprocher de celui de Protche est Mort à crédit , dont le titre est meilleur. (...) Une génération. Celle de Moix, de Beigbeder, de Zeller, de Foenkinos et de Protche. Mais Grégory n'est pas un fils à papa, n'ayant pas eu de père. » (Le Point n°2389 du 14 juin 2018)

Notons qu'en loucedé le rejeton de Montreuil, qui attend sa plaque bleue aux coins d'une rue, glisse une vacherie sur les "french petits matous de la littérature".

M'enfin ! Riry Prot d'chien n'est pas Céline, c'est pas du lourd !

 

            Lui son costaud, c'est Safet-la-Crème !

« Mustapha avale des kilomètres, mais c'est Safet qui est enrobé. Susic est colérique et culpabilisateur. Dahleb, indulgent, sait que ce qui compte, dans un collectif, c'est l'équilibre, celui de l'adversaire et celui des forces, rien ne le motivant plus que de rencontrer une équipe meilleure que la sienne. Mustapha est bon même contre les mauvais. » (p.27/196)

« Comme avec Mustapha Dahleb en 2000, Jacques Vergès en 2001, Michel Platini en 2004 ou Hubert-Félix Thiéfaine en 2005, devant Safet Susic en 1986, je bredouille, bafouille, rougis, perds mes mots et toute ma salive. Adieu questions soignées, déclarations absolues et projets de photo avec l'idole. La bouche ouverte, je le regarde au lieu de parler. » (p.93/196)

« Je crois m'être remis plus vite de la rupture avec Hélène que du départ de Safet Susic du PSG. » (p.110/196)

            Mais Besson n'en démord pas :

« Peu d'auteurs ont ce style d'une précision footballistique. Grégory sait quand passer la belle phrase et quand marquer le bon mot. » (Le Point, ibid.)

 

            Pour Eric Zemmour, c'est autre chose. Plus socio, moins yougo.

« Le foot, encore le foot, toujours le foot. A la télévision, sur internet, dans les journaux. Et dans les livres aussi. Une avalanche de livres. Enseveli sous l'avalanche [sans trop d'effort, EZ aurait pu éviter la répétition !], on en repère un, pas le plus important peut-être, ni le meilleur sans doute. Pour le titre d'abord : Je suis né la même année que PSG attire l'oeil et amuse. L'éditeur a bien joué ! On ouvre, on lit. L'auteur nous raconte sa vie. C'est une autofiction footballistique. » (Figaro du 28 juin 2018)

            Il n'empêche que l'information nous est repassée sous les binocles en 2 semaines : est-il permis de rater le protche ?

            Alors avec Zemmour, c'est forcément politique. Mondialisé, of course.

« [PSG] Une création du show-biz,  de couturiers et de chanteurs, reprise par Canal+ puis par les princes du Qatar. Tout est dit rien que par ses propriétaires successifs. Pas de racines, pas d'histoire, le club du vide mondialisé et cosmopolite. » (Figaro, ibid.)   

Mais pas seulement. Zemmour se fait critique, et comme une teigne balance le verdict !

« Notre Déroulède du PSG a du rythme, de la gouaille, de la tripe. Souvent trop. Trop de "fait chier", trop de longueurs, trop de tunnels, trop de style parlé, relâché auraient dit nos vieux maîtres. Ceux que Protche, né après 68,  n'a pas eus ! N'est pas Céline qui veut.

Zemmour est finaud, loin d'être con. Son papier, c'est pas de la lèche !

 

 

            Maintenant que la question littéraire est pliée, causons au moins ballon rond avec l'auteur, car sur ce terrain-là, l'entente pourrait être cordiale. Citons Zemmour citant Protche :

« Comme le dit joliment Protche, "on devient supporter par la défaite. La victoire, c'est pour les filles, les parents, les médias et les annonceurs, ceux qui n'aiment pas le foot, ceux qui aiment les buts et le spectacle, ceux à qui un score suffit pour résumer un match." Grégory Protche est de la dernière génération qui a connu le football d'avant l'arrêt Bosman de 1995. Et çà change tout ! » (ibid.)

            Bon, personnellement nous avons une tendresse enfantine pour les Sangliers ardennais, du temps de Louis Dugauguez, avec les Lemerre, Gasparini (un gars de Piennes, comme Roger Piantoni), Yves Herbet, Philippe Levavasseur, Michel Watteau...  et l'amour du beau jeu prime sur tout ! C'est pourquoi notre classement pour la Coupe du Monde 2018 est :

1. Belgique

2. Croatie

3. France

 

 

Alexandre Anizy

Evitez de tomber dans la falaise de Patrick Grainville

Publié le par Alexandre Anizy

            Quand une broderie laisse de marbre...

 

 

            Autrefois, Patrick Grainville nous intéressait un peu : dans le paysage littéraire français, il apportait un vent de folie dionysiaque.

            Et cet été, nous sommes tombés dans Falaise des fous (Seuil, janvier 2018, en livrel). Ce produit commercial bien pensé n'a qu'un défaut majeur : être un roman et non pas un récit documentaire. Dès lors, le lecteur ne peut pas prendre pour signe comptant les informations relatives au cercle des artistes peintres disparus.

 

            Ayant passé la limite d'âge, le vieux Grainville aurait mieux fait de se dorer la pilule en contemplant des corps callipyges sur les plages de Corfou.

 

 

Alexandre Anizy

 

En rade amère personne ne reste

Publié le par Alexandre Anizy

            A Brest, la mer est un cimetière.

 

 

            Pour son premier roman titré Rade amère (éditions du Rouergue, 2018, en livrel), Ronan Gouézec fournit une dose punk aux lecteurs saturés de polars formatés : no future en terres de Siam !

            S'il travaille en profondeur, l'auteur pourra émerger.

 

 

Alexandre Anizy  

Parler cash pour la Frèche

Publié le par Alexandre Anizy

            Mieux qu'Emilie Frèche, on ne va pas se gêner. 

 

 

            Personne ne lui ayant jamais appris que le linge sale privé sur la place publique, c'est pas joli, Emilie Frèche couche sur le papier sa mauvaise bile qu'elle maquille en littérature dans Vivre ensemble (Stock, septembre 2018, en livrel). Si au moins le style était au rendez-vous, on pourrait peut-être l'absoudre...

 

            Dès l'incipit, le décor est planté, l'exacerbation transpire :

« La première fois qu'ils se sont vus tous les quatre, le fils de Pierre n'a pas supporté un mot du fils de Déborah, ou peut-être était-ce juste un rire, une mimique, et pris d'une rage folle, il s'est mis à hurler qu'il les détestait, que de toute façon elle ne serait jamais à son goût et Léo non plus, qu'elle ne serait jamais sa mère et Léo jamais son frère, puis il a attrapé le couteau de boucher aimanté à la crédence derrière lui et, le brandissant à leur visage, il a menacé de les tuer ― cela faisait une heure à peine qu'il les connaissait. »

Cela ressemble à un staccato de Christine Angot (1).

 

            Rapidement, la réification commence : le fils de Pierre devient « une guêpe, un vulgaire petit insecte quasi inoffensif » (p.6/191), « on dirait le labrador de papy » (p.37/191). On vous épargne les propos malvenus, voire douteux comme « avec la courtoisie d'un petit paroissien de Saint-Nicolas-du-Chardonnet » (p.84/191). La mesure, la pondération, la bienveillance, c'est pas du tout Frèche, qui la joue perso, pas collectif.

« La fameuse Françoise Gaspard, elle, était la candidate PS, et devinez comment elle a nommé sa liste ?

― Vivre ensemble ?

― Dans le mille. Et le plus terrible, c'est que cette gentille dame allait dans les réunions publiques expliquer aux gens que les villes n'avaient aucun pouvoir sur les questions d'immigration, (...) Six mois plus tard, Georgina Dufoix, qui était secrétaire d'Etat "chargée de la famille, de la population et des travailleurs immigrés", lançait un vaste programme de lutte contre le racisme en coopération avec Jack Lang, dont le slogan était "Vivre ensemble avec nos différences". Oui, oui, "vivre ensemble"... Voilà le mot magique qu'ils avaient trouvé, à gauche, pour lutter contre l'extrême-droite, (...) » (p.172/191)

Cette séquence d'autofiction est intéressante :

* en plus de l'ingrédient "vivre ensemble", si vous psalmodiez le mot fête avec un nez rouge et une plume dans le cul, vous retrouvez la bouillie du spectacle politique offert par la clique du francisquain Mitterrand, que Philippe Muray a si bien raillée : alors, Emilie Frèche, si près  de toi Muray...

* nous supposons qu'ayant fait des recherches préalables pour cibler le "vivre ensemble", Emilie Frèche ne doit pas ignorer que la bourgeoise énarque Françoise Gaspard était une minorité cachée en 1983 (elle fera son coming-out à la fin de 1998) : puisqu'Emilie n'est pas diplomate, serait-elle couarde ?   

 

            En fait, l'indignation sélective est aussi débectante que la propagande lénifiante.

 

 

Alexandre Anizy

 

(1) Cf. par exemple ce billet :

http://www.alexandreanizy.com/article-pour-estoquer-les-petits-de-christine-angot-68637034.html 

Dolores Redondo au sommet

Publié le par Alexandre Anizy

            Il n'est plus possible maintenant d'ignorer le talent de Dolores Redondo : elle rejoint les cadors comme Camilleri, Mankell, Rankin...

 

 

 

 

            Dans l'Espagne monarchique contemporaine, el pueblo sait que rien n'a changé : l'arrogance et l'immoralité des maîtres indignes piétinent l'ordre de la communauté. Malheureusement le foyer catalan sous la coupe d'une bourgeoisie d'affaires sécessionniste prépare insidieusement le retour des phalanges aux ordres de l'aristocratie dégénérée. C'est le fond du tableau de Tout cela je te le donnerai (Fleuve éditions, 2018, en livrel). 

            Pour l'architectonique, c'est du grand art.

 

 

Alexandre Anizy

L'oeuf des pauvres de Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

 

Quand Jupiterito nous fait penser à Prévert...

 

 

 La grasse matinée

(extrait)

 

Il est terrible

le petit bruit de l'oeuf dur

cassé sur un comptoir d'étain

il est terrible ce bruit

quand il remue dans la mémoire

de l'homme qui a faim.

 

Jacques Prévert

(Paroles, dans la Pléiade volume 1, 1992)

 

Penser la planète avec Zéno Bianu plutôt que François Goullet de Rugy

Publié le par Alexandre Anizy

            Une méthode pour y parvenir, peut-être. En tout cas, plus sérieux que le nobliau François Goullet de Rugy et son petit commerce... 

 

 

 

Le vrai coeur de la planète

à Robin Renucci

 

Dire lire écrire

dire ensemble

pour embrasser l'invisible

collecter des étincelles

révéler le vrai coeur de la planète

 

dire lire écrire

lire ensemble

pour saluer tous les damnés

ouvrir un espace aimanté

jouer sans fin aux derniers des Mohicans

 

dire lire écrire

écrire ensemble

pour réaccorder le souffle

sortir du labyrinthe

préparer l'intelligence à venir

 

Zéno Bianu

( Infiniment proche et  Le désespoir n'existe pas, Poésie Gallimard )

Là où écrit Laurent Guillaume

Publié le par Alexandre Anizy

            La condescendance des loups old school s'ajoute à leur rapacité.   

 

 

            Il semble que Laurent Guillaume produise beaucoup de scenarii : il a donc du métier. C'est pourquoi vous ne serez pas déçus par Là où vivent les loups (Denoël, mai 2018, 302 pages, 19,90 €).

 

            Mais quand nous lisons : « Remerciements à Marguerite de Bengy et Christine Herme, pour avoir rendu ce texte meilleur. » (p.303), nous restons perplexe.  

 

 

Alexandre Anizy

 

L'école de Richard Brautigan

Publié le par Alexandre Anizy

            A bien y réfléchir, il y a un poème de Brautigan pour chaque moment de l'existence.

 

 

Les mémoires de Jesse James     

 

Je me souviens de ces milliers d'heures

passées à l'école les yeux rivés à l'horloge,

j'attendais la récré, la cantine ou

le moment de rentrer à la maison.

            J'attendais : n'importe quoi sauf l'école.

Mes instits auraient facilement pu chevaucher

avec Jesse James

            vu tout le temps qu'ils m'ont volé.

  

 

Richard Brautigan

(C'est tout ce que j'ai à déclarer, Le Castor astral, édition bilingue, novembre 2016)

Le journal de Camilla Grebe

Publié le par Alexandre Anizy

            Pas de gerbe pour Camilla.

 

 

            Avant même de commencer, Camilla Grebe dévoile ses valeurs quand elle place un pseudo proverbe bosniaque en exergue de son polar Le journal de ma disparition (Calmann-Lévy, 2018, en livrel). Heureusement, elle soignera son architectonique ; on ne peut pas en dire autant du style.

 

            « Tu aurais pu être celle qui fuit la guerre et la famine, dit Andreas à Malin. C'est ce message simple, mais essentiel, que je veux transmettre à travers mon roman. » (p.341/346) Un discours léger pour flotter sur le courant mainstream d'un "droit-de-l'hommisme" dévoyé, parce qu'il n'y a pas de petits profits...

 

 

Alexandre Anizy