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Kobzar de Taras Chevtchenko

Publié le par Alexandre Anizy

Que fait l’éditrice ?  

 

Taras Chevtchenko est le grand poète de langue ukrainienne, précise-t-on en 4ème de couverture de Kobzar (éditions Bleu et Jaune, 2023), qui est l’œuvre d’une vie (1500 pages environ), dont on ne publie ici que le premier opus de 114 pages, sans appareil critique. C’est pourquoi le lecteur reste sur sa faim, au mieux.

 

Si l’ambition de l’éditrice était de mettre en valeur le Grand Kobzar, alors c’est un Morceaux choisis qu’il eût fallu concocter.

 

Alexandre Anizy  

L'Hommage de Jonathan Lor

Publié le par Alexandre Anizy

            Le panel bistronomique de Paris 13ème s’étoffe.

 

Au cœur du quartier chinois, 36 avenue de Choisy, Jonathan Lor a rameuté quelques potes pour reprendre le restaurant asiatique où bossait son père, en le transformant. Sa proposition culinaire n’a rien à voir avec l’offre pléthorique locale, et elle enchante déjà les gens du quartier : de la bistronomie à prix doux… que demande le peuple !

Si vous passez par là, rendez-lui… visite.

 

Alexandre Anizy  

 

Henua de Marin Ledun

Publié le par Alexandre Anizy

            Quand Marin Ledun s’adonne toujours à l’ethno-polar…  

 

Il y a quelques années, nous avions exprimé notre intérêt réservé pour cet auteur (lire ici ), mais le fait qu’il se soit penché sur les Marquises nous a appâtés, puisque nous n’avons rien lu sur cette contrée française exotique.

Dans Henua (Gallimard série noire, janvier 2025), Marin Ledun montre à nouveau ses qualités et son insuffisance stylistique qui s’amenuise : « Une construction solide, mais avec une décoration faiblarde », répétons-nous ici.        

            On s’en refera un dans dix ans, peut-être…

 

Alexandre Anizy  

 

Les loups d'Abdellatif Laâbi

Publié le par Alexandre Anizy

Les loups

 

J’entends les loups

Ils sont bien au chaud dans leurs maisons de campagne

Ils regardent goulûment la télévision

Pendant des heures, ils comptent à voix haute

Les cadavres

Et chantent à tue-tête des airs de réclame

Je vois les loups

Ils mangent à treize le gibier du jour

Elisent à main levée le Judas de service

Pendant des heures, ils boivent un sang de village

Encore jeune, peu fruité

A la robe défaite

Le sang d’une terre où sommeillent des charniers

J’entends des loups

Ils éteignent à minuit

Et violent légalement leurs femmes

 

 

Abdellatif Laâbi

L’arbre à poèmes, Poésie Gallimard, 2022   

 

Un monde à inventer de Joël Vernet

Publié le par Alexandre Anizy

Un monde à inventer

 

 

Là sur la terre, et ce n’est pas au ciel,

   Tous ensemble jetés comme proies aux vautours.

      On nous a laissé croire à la course au feu,

Cet appel des amples bénéfices, des guerres sans merci,

Partout, partout.

 

Tandis que des gosses criaient famine,

 Tant d’autres sablaient le champagne

Dans leur palais de pacotille, protégés par des soldats

Au cœur de pierre.

        On nous a laissé croire

 

  Qu’il y aurait un autre monde,

Et tant et tant ont dressé des louanges

     Aux maîtres qui les tenaient

      Sous le cuir de leurs bottes.

Tant et tant ont béni

 

     Leurs maigres privilèges,

Toi y compris, oui toi y compris.

   Que la honte lèche ton visage !

    Et maintenant qu’il n’y a plus de routes,

     Que les avions sont à l’arrêt,

 

Que commence à poindre la rouille

       Aux flancs des paquebots qui glissaient

De croisière en croisière

     Pour le sot plaisir de quelques-uns,

       Que les chemins sont barrés,

 

Ils viennent derrière les écrans

    Avec leur visage de morgue,

Leur verbe épuisé, leur langue de vieux professeur, de faux

 Savant,

       Nous dire que l’avenir appartient à chacun

    Si nous nous enfermons derrière nos portes.

 

  Et toi, poète de trois fois rien que l’on n’a jamais lu,

   Dont les livres sont poussière,

Tu écrivis au temps où un possible n’était pas impossible :

Nous ne voulons pas attendre la mort dans nos maisons.

        Après le feu, l’effondrement des bourses,

 

Nous les prendrons au mot qu’ils viennent de nous jeter

          En plein visage. Nous les prendrons au mot

  Pour qu’ils cessent leur course folle.

Nous inventerons un monde

     Où nous ne les entendrons plus, plus jamais,

 

  Avec leur morgue de spécialistes, leurs propos savants

Qui signent leur défaite. Ils sont plus fragiles que nous tous,

      Pourquoi ne le savons-nous pas ?

 

 

Joël Vernet

(Œuvres poétiques, tome 1, La rumeur libre, 2023)

 

 

Ainsi va Jake Hinkson

Publié le par Alexandre Anizy

            Un écrivain américain qui a épousé une libraire française ne peut pas être mauvais.

Jake Hinkson le démontre avec Ainsi va le monde (Gallmeister, octobre 2024), qu’il sort en 1ère mondiale dans notre beau pays si mal gouverné. L’architectonique du polar est excellente, le style satisfaisant, les personnages bien travaillés. A ce propos, celui d’Alice Hardy nous a rappelé Stoner, le roman de John Williams que nous avions encensé ici .

 

Dans ces deux genres différents, vous passerez de bons moments.

 

Alexandre Anizy  

 

Mater Dolorosa de Jurica Pavičić

Publié le par Alexandre Anizy

Jurica Pavičić, on en a déjà parlé ici : un auteur attachant qui raconte la Croatie d’aujourd’hui dans le cadre d’un polar bien troussé (Mater Dolorosa, Agullo, 2024).

Alexandre Anizy  

 

La fumée selon Charles d'Orléans

Publié le par Alexandre Anizy

Rondeau 35

 

Jamais feu ne fut sans fumée,

Ni douloureux cœur sans souci,

Ni réconfort sans espérance,

Ni joyeux regard sans plaisir,

Ni beau soleil qu'après l'averse.

 

Ma sentence est vite exprimée :

Qu'un plus savant la tourne mieux !

J'invoque ici mon expérience :

Jamais feu ne fut sans fumée,

Ni douloureux cœur sans souci.

 

Il n'y a pas de jeu sans rire,

De soupir sans quelque regret,

De souhait sans désir brûlant,

De soupçon qui ne déconcerte ;

La chose est prouvée par les faits :

Jamais feu ne fut sans fumée.

 

Charles d'Orléans

(En la forêt de longue attente, Poésie/Gallimard, édition bilingue de Gérard Gros, novembre 2001)

  

Le Liban 1975-1983 selon Frédéric Paulin

Publié le par Alexandre Anizy

             Pour essayer de comprendre le Liban d’aujourd’hui, il peut être utile de commencer par lire ce premier tome d’une trilogie mené bombes pétantes.

 

Plagiant Jean-Luc Manet dans Livres Hebdo, nous disons que Frédéric Paulin, en digne journaleux, novélise le marasme libanais avec son Nul ennemi comme un frère (Agullo, 2024). Sanglant et désespérant.

            On y voit la naissance du Hezbollah, le massacre des Palestiniens dans le quartier de Sabra et le camp de Chatila par les phalangistes chrétiens avec la bienveillance de l’armée israélienne, l’ivresse du pouvoir chez Mitterrand, les débuts d’Action directe, l’opportunisme de Chirac, le raid des Super-Etendards français sur Baalbek et la polémique qu’il déclencha, etc. On suit sans y croire les amours improbables d’une juge… tout va à tombeau ouvert.

 

Pour ceux qui ont connu cette époque, le roman est un rappel des faits avec une mise en perspective. Pour les autres, un pédagogue pourrait dire que c’est une entrée en matière sans prétention. Mais est-ce le but recherché par Paulin ?  

 

Alexandre Anizy  

 

Grégory Rateau en écho d'Alexandre Anizy

Publié le par Alexandre Anizy

            Lisez plutôt.

 

 

Ils ne m’ont rien pris

ils ne m’ont rien laissé

j’ai traversé de longs sommeils

où parfois la figure de l’ami

s’imprimait sur un tissu de lin blanc

mais au réveil

seuls restaient des regrets

et l’éternité à vivre sans illusions

 

Grégory Rateau

(Imprécations nocturnes, Conspiration-éditions, 2022)

 

 

Je suis un ouvrier sans travail

L'auguste chômeur de vos matins givrés

Un chanteur qui décade

Un railleur qui déraille

Ô folle intelligence

Un polémiste sans talent

Le dernier des arrivistes

Un homme sans dieu sans maître

Sans passion

Un dada qui déraisonne

Un jongleur de mots

Qui fait ses pitreries

Un misogyne sans aucun doute

Un poète réaliste

Qui crache sur tout

En bref

Un type sans illusion

Telle est ma définition

 

Alexandre Anizy  

(Lumières froides, editions-abak, mai 2023 – écrits des années 70)

 

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