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notes culturelles

Valerio Varesi et 68

Publié le par Alexandre Anizy

            Valerio Varesi s’intéresse cette fois-ci à l’époque et à l’évolution des gauchistes italiens. En France, un auteur qui oserait railler pépé Dany se ferait démolir médiatiquement, tant cet infâme a ses entrées partout (après avoir fourgué la dope macronienne, il fait l’article du mercenaire Raphaël Glucksmann, sans vergogne).  

 

Comme nous avons déjà dit beaucoup de bien sur Varesi (lire ici), il est inutile de nous répéter. Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri (Agullo, 2023) est à lire, un point c’est tout, notamment pour comprendre la suite en Italie.

 

Alexandre Anizy  

 

Libre Padura à Cuba

Publié le par Alexandre Anizy

            Revenons à Cuba avec Leonardo Padura.   

 

Que dit-il de son dernier livre ? « Ouragans tropicaux [Métailié, 2023] est peut-être l’histoire la plus policière de toutes celles que j’ai écrites. Après plusieurs romans de plus en plus faussement policiers, j’ai senti le besoin de pratiquer le genre à fond (…) ».

En effet, le lecteur est gâté : double intrigue, prostitutions, crimes… Dans l’histoire relative à Alberto Yarini, on y apprend que les maquereaux français étaient les caïds des lupanars de La Havane : notre savoir-faire s’exportait bien en ce temps-là !

 

Si la France a changé, force est de constater qu’hélas Cuba vit sous une autre forme le même dépérissement.  

 

Alexandre Anizy  

 

Samsara de Patrick Deville

Publié le par Alexandre Anizy

 

Patrick Deville dit écrire des romans sans fictions. Il n’a pas tort : Samsara (Seuil, août 2023) est un livre sans réelle intention d’auteur.

 

Alexandre Anizy  

Le cygne Keigo Higashino

Publié le par Alexandre Anizy

            Dans un monde obscurci, le cygne Higashino réconforte.  

 

Nous avons dit déjà tant de bien de Keigo Higashino (lire ici et ici – pour la deuxième note en bas de page notamment – et ici), qu’un nouveau billet pourrait sembler superfétatoire, puisqu’on retrouve le brio de l’architectonique et la faiblesse du style dans son dernier opus titré Le cygne et la chauve-souris (Actes Sud, 2023). Mais, pour ceux qui lisent pour découvrir le monde, il y a dans ce polar diabolique une subtilité du système judiciaire japonais qui les questionnera.       

 

Alexandre Anizy  

 

Une harmonie d'après Jean-Pierre Boulic

Publié le par Alexandre Anizy

 

Cultiver son sol

Demeurer à taille humaine

Eau lumière souffle

 

Et puis s’accorder

Aux heures mystérieuses

D’une allée de lis

 

Tresser de tes mains

Le beau sourire des fleurs

Bouquet de jonquilles

 

Converser avec

Les humbles choses muettes

Bleuets capucines.

 

Jean-Pierre Boulic

(Laisser entrer en présence, éditions La Part Commune, 2019)

 

Lecture avec Hélène Dorion

Publié le par Alexandre Anizy

 

Tu ouvres un livre et humes le papier

en mesures l’épaisseur

tu feuillettes les premières pages, déjà

tu sais la langue qui pétrit le désordre

la poussée des mots

 

sur les ombres nécessaires et leurs sauts de clarté

tu sais la solitude quand tu tournes les pages

les voiles qu’il faut abattre

sous les vents trop puissants, nos cœurs

à ouvrir, nos vies

que chaque amour agrandit

 

et les amarres cèdent enfin

on laisse partir toutes choses.

 

Hélène Dorion

(Comme résonne la vie, éditions Bruno Doucey, 2018)

 

Le trio de Carmen Mola

Publié le par Alexandre Anizy

Si trois gus ont créé Carmen Mola pour les medias espagnols qui ont marché (comme Emile Ajar en France, ils ont décroché le Planeta), qu’en est-il de leurs produits ?

 

Dans La fiancée gitane, le personnage central (l’inspectrice Elena Blanco) est habilement tressé. On a donc une autrice et une héroïne obsédée par la disparition de son fils… de quoi plaire aux lectrices qui forment le gros contingent de la clientèle en librairie.

L’édition est une industrie, il ne faut jamais l’oublier. C’est pourquoi, si l’éditeur a fait du bon boulot (point de vue mercatique), nous n’en dirons pas autant pour les journaleux littéraires !

 

Alexandre Anizy 

 

L'amour de Bégaudeau

Publié le par Alexandre Anizy

            Pas drôle, L’amour (¹) de Bégaudeau est vache. S’en passer gagne du temps.

Alexandre Anizy  

(¹) Aux éditions Verticales, août 2023.

 

De Kimi Cunningham Grant

Publié le par Alexandre Anizy

Sur le conseil d’une amie, nous découvrîmes les deux romans de Kimi Cunningham Grant.

 

            Commençons par Le silence des repentis (poche 10/18, avril 2023). La qualité du style, la finesse psychologique et la trame du récit emportent sans difficulté le lecteur jusqu’au bout de l’histoire.   

« Bien sûr il débarque, plus tard dans l’après-midi, au moment où je suis occupé à déblayer, de nouveau, un chemin pour rejoindre la remise. Il est équipé d’une paire de raquettes qui ont l’air d’avoir une centaine d’années, et cette fois, dans le silence ouaté, j’entends le frou-frou de ses pieds dans la neige. Je l’aperçois de loin. C’est la première fois qu’il ne me prend pas au dépourvu, qu’il ne précipite pas les battements de mon cœur. » (p.217)

La nouveauté du printemps 2023, c’est Les rancœurs et la terre (Buchet.Chastel), dans lequel l’autrice porte encore plus son attention à la psychologie des personnages. Son dispositif narratif  ̶  un va-et-vient systématique entre le présent et passé  ̶   pourrait être lassant si le livre faisait 500 pages, et si l’autrice n’avait pas pris soin d’ajuster les longueurs des chapitres qui, chez elle, ne s’éternisent pas. Kimi Cunningham Grant tient le rythme adapté au récit, comme le style, toujours perlé.

« Red était assis sur sa galerie, devant chez lui, dans le noir. Les grillons rugissaient, les lucioles clignotaient dans le jardin et jouaient une douce mélodie lumineuse. Dans une autre vie, il avait regardé Sue et Junior courir pieds nus dans l’herbe une nuit d’été, mains tendues devant eux, dans l’obscurité, pour les attraper. Sue était revenue vers lui pour le serrer contre elle, ses cheveux étaient chauds et doux contre la joue de Red. Ils avaient perforé le couvercle métallique d’un bocal avec un clou et autorisé Junior à les garder dan sa chambre pour la nuit. Une "veilleuse en lucioles", avait-il dit. » (p.163/235)

Du bel ouvrage.

 

Alexandre Anizy  

 

Le talent de Bérengère Cournut

Publié le par Alexandre Anizy

Oser la poésie et réussir le challenge, voilà le talent protéiforme de Bérengère Cournut.

 

            Bien sûr nous aurions pu vanter la qualité du travail romanesque de cette écrivaine, mais la presse l’a déjà si bien fait que Cournut fut récompensée (prix du roman Fnac 2019). Mais non, du roman Née contente à Oraibi (éditions Le Tripode, 2019), que nous avons goûté notamment parce que le sujet nous intéresse, nous piochons un extrait pour donner un aperçu de la variation stylistique.

Quand j’ai ouvert les yeux, ma mère et mon frère étaient assis près de moi dans la pièce à chats et parlaient à voix basse. Ma mère avait fait venir Mahukisi pour avoir son avis et se demandait ce qu’il fallait faire pour que je ne m’affaiblisse pas trop avant le retour du printemps. En voyant mon frère, le sens de mon rêve m’est apparu instantanément, et j’ai interrompu brusquement leur conciliabule : le serpent, c’était lui, et les deux aigles représentaient nos parrains. Il fallait que mon frère joue leurs rôles à tous trois et m’extraie de notre maison pour m’emmener à Walpi, auprès du clan de l’Ours, qui pourrait peut-être quelque chose pour moi. (p. 169)

Ce qui nous apprécions chez Bérengère Cournut, ce sont l’amplitude thématique et la palette, qu’elle démontre une nouvelle fois avec Elise sur les chemins (Le Tripode, 2021). En voici deux extraits pour vous mettre en appétit.    

Depuis que nos frères sont partis

Le Lion travaille dur

A ses cultures, à son jardin

Zéline n’a plus que six petits

A laver-nourrir-instruire

Alors elle a décidé que non

Elle ne ferait plus l’école à la maison

(p. 6 sur 94)

 

Emile est d’accord, je monte dans son fourgon

A l’avant  ̶  entre lui et Philémon

La route serpente

Les deux hommes chantent

Des trucs qui datent de la révolution

Mais de laquelle ? je demande

Bof, dit Philémon. C’est toujours la même…

(p.75 sur 94)

 

Amélie, Leïla, Karine peuvent ramer,

La sublime Bérengère sait les planter.   

 

Alexandre Anizy

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