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notes culturelles

Derniers instants de Nakahara Chuya

Publié le par Alexandre Anizy

Un chouia de mélancolie au Soleil levant.


Derniers instants

Ciel d’automne si gris
Où brille la pupille d’un cheval noir
Lys fané qui n’a plus d’eau
Le cœur humain est vide

Il n’y avait pas de dieu elle n’avait pas de guide
Pour s’en aller ainsi auprès de sa fenêtre
Le ciel blanc était aveugle
Le vent blanc était froid

Elle se lavait les cheveux à la fenêtre
Que son bras était gracieux
Dans le soleil du matin qui l’inondait
Dans le bruit des gouttes qui tombaient

Dans le vacarme des rues
La confusion des cris d’enfants
Or cette âme maintenant qu’est-elle ?
Plus frêle sera-t-elle le ciel ?

Nakahara Chuya
Poèmes
(Traduction de Yves-Marie Allioux, Picquier poche, juin 2018)

 

Controverse pessoenne

Publié le par Alexandre Anizy

Cela renvoie à la question d’un manque originel.    
 

Dans Poèmes non assemblés, Fernando Pessoa écrit :

La confondante réalité des choses
Est ma découverte de tous les jours.
Chaque chose est ce qu'elle est
Et il est difficile d'expliquer à quiconque à quel point cela me réjouit,
Et à quel point cela me suffit.

Il suffit d'exister pour être complet.

    (Pessoa, Pléiade, Oeuvres poétiques)
 
Si "chaque chose est ce qu'elle est", pourquoi est-ce l'existence qui rend "complet" ? Y aurait-il un manque originel ? On peut le penser en reprenant Pessoa lui-même :

Suis-je seul ? Je ne veux pas l'être.
Entouré ? Je veux être seul.
Autrement dit, je veux toujours
Etre autrement que je ne suis.

Etre heureux, c'est être tel autre,
Et cet autre n'est pas heureux,
Car il pense au fond de lui-même,
Non au fond de qui j'ai voulu.

Nous faisons ce que nous voulons
De tout ce qui n'est rien, mais sans
Cette entreprise c'est l'échec,
Nous restons perdus sur la route.

Qu'est-ce qui nous plaît, somme toute ?

    (Pessoa, ibidem)

 

 Concernant l'espèce humaine, on peut apprécier la réponse de René Girard.

Alexandre Anizy

 

Antonio Manzini à la montagne

Publié le par Alexandre Anizy

En Italie, encore !  

 

Antonio Manzini a créé le sous-préfet Rocco Schiavone, un flic bourru et à la limite qui vit comme une déportation sa nomination en ville d’Aoste, lui le romain… Comme on y voit l’œuvre du temps et de la socialisation sur ce caractère, il est préférable de lire la série dans l’ordre : Piste noire, Froid comme la mort, Maudit printemps, 07.07.07.

 

Alexandre Anizy 

 

Une affaire de Carlo Lucarelli

Publié le par Alexandre Anizy

En Italie comme ailleurs, les régimes passent et les fonctionnaires restent.

 

En 1953, à Bologne, le commissaire De Luca est sorti du placard où il avait été relégué à la fin de la période noire. Les temps sont encore troubles, mais l’enquêteur s’en tirera.

            Une affaire italienne de Carlo Lucarelli (Métaillié noir, 2021, livrel) mérite notre attention.  

 

Alexandre Anizy  

Joseph Macé-Scaron et le milieu médiatique

Publié le par Alexandre Anizy

Jetons quelques pavés dans la mare !

 

Joseph Macé-Scaron signe un polar titré La falaise aux suicidés (Presses de la Cité, octobre 2022) : compte tenu de ses antécédents (lire ici ), l’a-t-il écrit seul ?

Ne pas oublier que l’aplomb de ce journaleux vermoulu est vertigineux.

 

Membre du Renaudot, Frédéric Beigbeider a pu faciliter l’attribution du prix à son pote Simon Liberati, un autre pif enfariné qui employa un nègre (lire ici ). Il enchaîne cette semaine¹ en encensant Yann Moix (lire notamment ici ) avec son dernier produit : le renvoi d’ascenseur viendra, puisque la médiocrité règne à tous les étages.

 

Bientôt du rififi au Goncourt ? D’après le quotidien vespéral², une guerre picrocholine serait déclarée entre deux clans. La puanteur des egouts dégradera-t-elle l’aura de l’institution ?

 

En tout, le monde change : la culture qui élevait les âmes et adoucissait les mœurs a rejoint le cloaque des affaires.  

 

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) Dans son bunker du Figaro.

(²) L’imMonde du 19 novembre 2022.

Alafair Burke et Alexandre Galien

Publié le par Alexandre Anizy

Pour un voyage ferroviaire ou bien pour la plage, deux polars bien cadrés.

 

Nous avons hésité dans la librairie : quand on apprécie beaucoup James Lee Burke, il faut craindre la déception en lisant un livre de sa fille Alafair (La fille du quai, poche). Ce fut un achat par défaut, mais nous eûmes une bonne surprise : une architectonique de qualité.

Pour Alexandre Galien et Les cicatrices de la nuit (Fayard poche), le fait qu’il ait reçu le prix du Quai des Orfèvres rassura, et en effet la pitance nous rassasia.  

Mais pour l’une comme pour l’autre, après avoir lu Maigret et l’affaire Nahour (poche) et même En eaux dangereuses de Donna Leon, on se dit que le style est perfectible.   

 

Alexandre Anizy

 

De l'écriture selon Jim Harrison

Publié le par Alexandre Anizy

 

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A la prochaine mensualité je vous livrerai Crazy

  Horse et Anne Frank,

leurs conversations rapportées par Matthieu,

  l’évangéliste célèbre

qui avait coutume, comme tous les scribes,

  d’y mettre un peu sa prose.

Dieu est dur. L’écriture correcte de la terre pourrait

  être entreprise

sur un bristol moyen, si nous n’étions pas ivres de

  notre propre sang.

 

Jim Harrison

L’éclipse de la lune de Davenport. Et autres poèmes.

Table ronde, la petite vermillon, mai 2018

 

Le graillon de Claire Baglin

Publié le par Alexandre Anizy

Une brève avait attiré notre curiosité sur le premier roman de Claire Baglin : peut-être une autrice qui a de l’estomac, avions-nous pensé ?

 

Que nenni ! Lorsque nous mettons En salle (éditions de minuit, 2022) dans la liseuse, à peine avons-nous avalé vingt pages que le menu et la sauce apparaissent maigre et indigeste, si bien que nous sautons les obstacles, comme on l’apprend sur le tas, pour laisser une chance au produit… Mais rien à faire ! Il rejoint les eaux usées de la République des lettres. 

 

Alexandre Anizy

 

Burn-out d'une lettrée par Valérie Rouzeau

Publié le par Alexandre Anizy

 

Des heures de nuit des heures de jour je fais

mon temps je pointe quoi passe

Poèmes à la chaîne j’avance bien j’oublierai

peut-être au bout tout

Si je détache mieux mes syllabes de mon sen-

timent dans le vide si je tiens le rythme d’enfer

M’évertue à poursuivre juste sans sauter une

seule ligne de chance j’oublierai peut-être au bout

tout

Tellement tout sera loin au bout après des

saisons de peine lourde mon boulet sous des tas

de feuilles

 

Valérie Rouzeau

(Va où, éditions La Table Ronde, collection la petite vermillon, 2015)

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