Franz Bartelt écrit ce qui lui plaît
Les années passent, l’insolence vandale reste.
Pour notre plaisir (lire ici etc.), Franz Bartelt est sorti du bois ardennais après avoir commis un nouveau polar : Un flic bien trop honnête (Seuil, mai 2021). Tout y passe, rien ne résiste à son humour vachard. Du San-Antonio sans l’esbroufe argotique et la fumisterie mercantile. En deux mots : plus classe.
« De temps en temps, sous l’effet d’un sentimentalisme désuet, il lui arrivait de déposer un bouquet sur le tombeau d’une de ses victimes, comme un chef d’entreprise cède parfois à la faiblesse de rendre hommage à un collaborateur enlevé à l’affection des siens par un accident du travail. Ce sont de menues initiatives qui réconcilient les coupables avec eux-mêmes, qui leur ristournent au moins l’illusion de l’innocence. La bonne conscience ne coûte jamais très cher. » (p.138 sur 154)
Si la philosophie un tantinet iconoclaste de Bartelt ne renverse rien, elle procure un bien fou aux lecteurs en les réconciliant avec l’espèce humaine, si joliment disséquée. C’est pourquoi, lui qui lutte contre le trou de la Sécurité sociale provoqué notamment par les benzodiazépines, le médecin intermittent mais vrai politicard Olivier Véran devrait recommander le remboursement de toute l’œuvre de Franz Bartelt… Après l’affaire des masques, il peut tout oser puisqu’on l’a déjà reconnu !
Alexandre Anizy