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L'amour de Bégaudeau

Publié le par Alexandre Anizy

            Pas drôle, L’amour (¹) de Bégaudeau est vache. S’en passer gagne du temps.

Alexandre Anizy  

(¹) Aux éditions Verticales, août 2023.

 

Le cadavre de la diplomatie française

Publié le par Alexandre Anizy

A l’heure où l’Etat israélien va déclencher une effroyable riposte au massacre commis par les fanatiques du Hamas, il est vraiment temps pour la France de faire son point diplomatique, puisqu’elle n’a ni boussole, ni voix crédible. Nous le ferons ici à partir de deux exemples.    

[sur Front populaire] 

https://frontpopulaire.fr/opinions/contents/la-diplomatie-francaise-est-un-cadavre-a-la-renverse-partie-1_tco_25904792

 

https://frontpopulaire.fr/opinions/contents/la-diplomatie-francaise-est-un-cadavre-a-la-renverse-partie-2_tco_25904962

 

Extraits ci-dessous.

(…)  

Selon nous, la France a tort de continuer à "faire comme si" un Etat palestinien viable était encore possible. La diplomatie consiste notamment à prendre en compte les réalités géographiques, économiques, démographiques, pour proposer un objectif rationnel et raisonnable. C’est pourquoi, comme l’a écrit Renaud Girard, « sans création d’un Etat palestinien viable, Israël n’aura pas d’autre choix que de devenir un Etat binational. »¹², ce qui suppose l’abrogation de la loi discriminatoire du 19 juillet 2018.

Nous savons que la route sera longue et semée d’embuches.

Pour autant, est-il sage de baisser les bras, détourner les yeux devant les injustices et les violations du droit international, en répétant le mantra de la communauté internationale pour se donner une bonne conscience morale ? Non, parce que l’Histoire nous apprend que l’aveuglement conduit inéluctablement au pire.

C’est pourquoi la France s’honorerait en prônant la solution d’un seul Etat binational.

(...)

[en Ukraine] 

Dès lors, que fait la France ? Elle applique une ligne diplomatique incohérente (Front populaire, notre article du 22 septembre 2022), qui est contraire aux intérêts du pays.

(...)

En conclusion de cette analyse des deux conflits qui bouleversent coup sur coup l’ordre mondial, notamment dans le rapport du Sud global au Nord sous emprise américaine, nous disons que non seulement la diplomatie singulière de la France est morte, mais que sa nouvelle doctrine apparaît au reste du monde comme un village Potemkine, qui l’entraîne inéluctablement dans des actions et positions contraires à l’intérêt général du pays : échec au Sahel, incohérence en Ukraine, aveuglement au Proche-Orient…

Ohé ! Politiciens, diplomates et intellectuels de bonne volonté, enterrez ce cadavre à la renverse et changez tout !    

 

Alexandre Anizy  

 

De Kimi Cunningham Grant

Publié le par Alexandre Anizy

Sur le conseil d’une amie, nous découvrîmes les deux romans de Kimi Cunningham Grant.

 

            Commençons par Le silence des repentis (poche 10/18, avril 2023). La qualité du style, la finesse psychologique et la trame du récit emportent sans difficulté le lecteur jusqu’au bout de l’histoire.   

« Bien sûr il débarque, plus tard dans l’après-midi, au moment où je suis occupé à déblayer, de nouveau, un chemin pour rejoindre la remise. Il est équipé d’une paire de raquettes qui ont l’air d’avoir une centaine d’années, et cette fois, dans le silence ouaté, j’entends le frou-frou de ses pieds dans la neige. Je l’aperçois de loin. C’est la première fois qu’il ne me prend pas au dépourvu, qu’il ne précipite pas les battements de mon cœur. » (p.217)

La nouveauté du printemps 2023, c’est Les rancœurs et la terre (Buchet.Chastel), dans lequel l’autrice porte encore plus son attention à la psychologie des personnages. Son dispositif narratif  ̶  un va-et-vient systématique entre le présent et passé  ̶   pourrait être lassant si le livre faisait 500 pages, et si l’autrice n’avait pas pris soin d’ajuster les longueurs des chapitres qui, chez elle, ne s’éternisent pas. Kimi Cunningham Grant tient le rythme adapté au récit, comme le style, toujours perlé.

« Red était assis sur sa galerie, devant chez lui, dans le noir. Les grillons rugissaient, les lucioles clignotaient dans le jardin et jouaient une douce mélodie lumineuse. Dans une autre vie, il avait regardé Sue et Junior courir pieds nus dans l’herbe une nuit d’été, mains tendues devant eux, dans l’obscurité, pour les attraper. Sue était revenue vers lui pour le serrer contre elle, ses cheveux étaient chauds et doux contre la joue de Red. Ils avaient perforé le couvercle métallique d’un bocal avec un clou et autorisé Junior à les garder dan sa chambre pour la nuit. Une "veilleuse en lucioles", avait-il dit. » (p.163/235)

Du bel ouvrage.

 

Alexandre Anizy  

 

Le talent de Bérengère Cournut

Publié le par Alexandre Anizy

Oser la poésie et réussir le challenge, voilà le talent protéiforme de Bérengère Cournut.

 

            Bien sûr nous aurions pu vanter la qualité du travail romanesque de cette écrivaine, mais la presse l’a déjà si bien fait que Cournut fut récompensée (prix du roman Fnac 2019). Mais non, du roman Née contente à Oraibi (éditions Le Tripode, 2019), que nous avons goûté notamment parce que le sujet nous intéresse, nous piochons un extrait pour donner un aperçu de la variation stylistique.

Quand j’ai ouvert les yeux, ma mère et mon frère étaient assis près de moi dans la pièce à chats et parlaient à voix basse. Ma mère avait fait venir Mahukisi pour avoir son avis et se demandait ce qu’il fallait faire pour que je ne m’affaiblisse pas trop avant le retour du printemps. En voyant mon frère, le sens de mon rêve m’est apparu instantanément, et j’ai interrompu brusquement leur conciliabule : le serpent, c’était lui, et les deux aigles représentaient nos parrains. Il fallait que mon frère joue leurs rôles à tous trois et m’extraie de notre maison pour m’emmener à Walpi, auprès du clan de l’Ours, qui pourrait peut-être quelque chose pour moi. (p. 169)

Ce qui nous apprécions chez Bérengère Cournut, ce sont l’amplitude thématique et la palette, qu’elle démontre une nouvelle fois avec Elise sur les chemins (Le Tripode, 2021). En voici deux extraits pour vous mettre en appétit.    

Depuis que nos frères sont partis

Le Lion travaille dur

A ses cultures, à son jardin

Zéline n’a plus que six petits

A laver-nourrir-instruire

Alors elle a décidé que non

Elle ne ferait plus l’école à la maison

(p. 6 sur 94)

 

Emile est d’accord, je monte dans son fourgon

A l’avant  ̶  entre lui et Philémon

La route serpente

Les deux hommes chantent

Des trucs qui datent de la révolution

Mais de laquelle ? je demande

Bof, dit Philémon. C’est toujours la même…

(p.75 sur 94)

 

Amélie, Leïla, Karine peuvent ramer,

La sublime Bérengère sait les planter.   

 

Alexandre Anizy

André de Pic

Publié le par Alexandre Anizy

C’était un beau mardi de septembre : remontant de la Côte, nous fîmes halte à Valence.   

 

 

Nous eûmes ainsi l’occasion de voir un peu la Maison Pic : la terrasse de son bistrot est au cœur du bâtiment, façon hacienda. C’est déjà le Sud… et ce sera encore plus vrai dans les prochaines décennies.

En dînant, nous pensions que la chef Anne-Sophie Pic a non seulement un goût esthétique, mais aussi le sens des affaires. En effet, le tarif de son bistrot le rend attractif pour les voyageurs et raisonnable pour les locaux. Si les plats sont en rapport avec le prix, la qualité des produits et la maîtrise culinaire ne sont pas négligées.

 

« Seule la Beauté sauvera le monde » a écrit Dostoïevski. Il nous semble que Dame Pic fait sa part de l’œuvre.

 

Alexandre Anizy  

 

Arnaud Donckele à la Terrasse du Cheval blanc

Publié le par Alexandre Anizy

            C’était un beau mardi de septembre : de notre table, nous pouvions voir deux yachts figés au milieu du golfe de Saint-Tropez et au loin le clocher du village de la jet-set. Nous savourions qui un pastis, qui un St-Germain Spritz, en attendant le menu unique du déjeuner.

 

Que ce soit dans les amuse-bouches, les entrées, les plats (dont un « … farci de veau… »), le nougat glacé, le chef Arnaud Donckele laissait entrevoir sa maîtrise. Seul le soufflé de pomme de Manosque nous parut en-deçà de son talent. Le hasard voulut que nous nous croisions à la sortie : comme nous lui fîmes remarquer que ce dessert était un bémol dans son menu, nous sûmes que pour lui ce n’était que de la bistronomie.

Soit, mais de haut vol, chef !    

Alexandre Anizy  

 

Anciens combattants de Frédéric Jacques Temple

Publié le par Alexandre Anizy

Il nous semble que l’irrévérence contribue à la culture du respect. Qui mieux que Frédéric Jacques Temple ?

 

 

Anciens combattants

 

Ils sont revenus

vingt ans après Cassino

les tempes grises

bardés de caméras et de lires

avec leurs femmes acariâtres.

Ils tentent en vain de mettre

leurs pas dans les pas d'autrefois...

 

Les voyez-vous sur les champs de bataille

stupéfaits de leurs vieux exploits

honteux de ne retrouver qu'eux-mêmes

encombrés de bedons et de bretelles

tricolores...

 

Frédéric Jacques Temple

(La chasse infinie et autres poèmes, Poésie/Gallimard, 2020)

 

 

Chronique de Belgrade d’Ivo Andrić

Publié le par Alexandre Anizy

            Les éditions des Syrtes ont eu la bonne idée de rassembler des nouvelles du grand romancier yougoslave Ivo Andrić : qu’ils en soient remerciés.

 

            Le livre est intitulé La chronique de Belgrade (2023), puisque les scènes se passent dans Belgrade au temps des nazis. De là prétendre que l’auteur aurait eu peut-être l’intention de faire de la Ville blanche à cette époque le personnage central d’un livre, ce n’est hélas que  tirer sur une ficelle des affaires. Mais peu importe.

 

            Zeko raconte l’évolution psychologique d’un héros ordinaire, très ordinaire de la Résistance.

« Affirmer, comme on l’a écrit, que Belgrade entre 1941 et 1944 était "la ville la plus malheureuse d’Europe", n’est peut-être pas tout à fait exact, mais il n’en demeure pas moins qu’elle fut à cette époque un théâtre où s’enchaînèrent des illustrations du mal et de la bassesse dont les hommes sont capables, mais aussi de grandeur et de beauté. On souffrit, on pâtit physiquement et moralement. Une composante toute minuscule de cette Belgrade-là fut la maison de l’ingénieur rue Tolstojeva. » (p.104)

 

            Le jour où… est une courte nouvelle qui dessine un autre personnage en train de se libérer de la peur.

« Oui, la vie est possible. Il le sent clairement même si, à chaque instant, l’un de ces sales et derniers obus peut l’emporter, ce que souligne sans ambiguïté la peur qui lui enserre l’estomac, qu’il lit dans les yeux exorbités du jeune ouvrier. Malgré tout, la vie est possible, luxuriante, riche de sens. Jamais elle n’avait été aussi proche, intelligible, possible. » (p.178)

 

 

Cher éditeur, pour votre travail, point de justificatif douteux ! Le talent d’Ivo Andrić suffit.

    

Alexandre Anizy  

 

L'économiste caméléon Jean-Hervé Lorenzi hélas sévit toujours

Publié le par Alexandre Anizy

Ce matin, on a pu entendre¹ Jean-Hervé Lorenzi dire que le blocage des prix envisagé par le gouvernement était une réponse intelligente au problème de l’inflation. Force est de constater que la veste de cet économiste bien en cour passe partout.   

En effet, depuis les années 80, l’expert Lorenzi fait partie de ceux qui ont alimenté notamment le dossier de la déréglementation de l’économie française, comme son ami du Cercle² Olivier Pastré l’a fait spécifiquement pour les banques (Cf. La modernisation des banques françaises. Rapport au ministre de l’économie. La documentation française, janvier 1985).

Il est vrai que le blocage des prix envisagé ne gênera pas le système bancaire dont J-H. Lorenzi³ est un membre éminent depuis belle lurette, comme d’ailleurs O. Pastré.  

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) Sur la chaîne Franceinfo.

(²) Cercle des économistes.

(³) Lorenzi ménage toujours la sphère financière : lire notre billet du 12 décembre 2014 (Michel Aglietta et Jean-Hervé Lorenzi sont des Gamelin)

 

Les morsures de Gérard Laveau

Publié le par Alexandre Anizy

            Si l’été pluvieux et venteux vous pèse, peut-être comme un couvercle, plongez sans hésitation dans la moiteur du dernier polar de Gérard Laveau.

 

Les morsures du paradis (éditions Maïa, juin 2023) se passent dans le Sud, où vous retrouverez les détectives Torpédo & Amer, toujours dans la dèche.

« Le vieux détective dort, elle lui a donné ses antalgiques, deux gros comprimés blancs. Maintenant, elle comparaît devant une sorte de tribunal. C’est l’impression que cela lui fait. Ils sont autour de la table de la pension au prétexte d’un café. En réalité, elle les affronte. Les parents et le fils, pas vraiment agressifs, mais moins souriants. Le père lui avait annoncé la couleur, elle a eu le temps de décider de ce qu’elle lâcherait.

Francis toussote. Sévère.

̶  Votre éditeur. Il est tombé où, au juste ? » (p.94/222)

 

Si le paradis est inexorablement délabré par les hommes, vous pouvez vous réfugier pour quelques heures dans ces pages léchées de Gérard Laveau (également ici ) : un petit bonheur sans conséquence.

 

Alexandre Anizy  

 

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