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Autre chef d'oeuvre de Slobodan Selenić : "meurtre avec préméditation"

Publié le par Alexandre Anizy

 

Après avoir lu « l'ombre des aïeux », chef d'œuvre de Slobodan Selenić que nous vous avons déjà recommandé,

http://www.alexandreanizy.com/article-sous-le-soleil-de-slobodan-seleni-46906180.html ,

il faut enchaîner avec « meurtre avec préméditation » (Gallimard, avril 1996, 236 pages, 140 FRF), où le talent éclate à toutes les pages.

 

Encore une fois, le travail sur le style est remarquable, de même que l'architectonique. En plus, à la fin du livre, le vieil écrivain serbe ose la répétition d'un personnage et de scènes : un acte créateur pour exprimer l'absurdité de la chose.

(Il serait surprenant qu'aucune étude comparative n'ait été réalisée entre les deux livres)

 

Vous donner un aperçu du travail stylistique ?

Prenons la fin du premier paragraphe :

« Mais autant le dire tout de suite : je ne veux pas être un écrivain lettré. Je fais dans l'art brut. J'écris comme je parle. Et je parle comme ça me plaît, tu vois. Je fais aussi de la photo. Genre photo d'art. Mais ça ne me branche pas des masses. Je clique pour le fric. Quand je suis dans la dèche. »

(une traduction de Gojko Lukić et Gabriel Iaculli)

 

Alors, vous n'êtes pas encore partis emprunter ou acheter le(s) livre(s) ?

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Des oeillères de Jean-Pierre Jouyet

Publié le par Alexandre Anizy

 

Dans un article publié dans le Figaro du 8 décembre 2010, l'inénarrable Jean-Pierre Jouyet,un Ponce Pilate Gracquant

(lire http://www.alexandreanizy.com/article-les-tartufes-socialistes-jean-pierre-jouyet-le-ponce-pilate-gracquant-43910658.html

et

http://www.alexandreanizy.com/article-21101706.html ),

apporte sa ridicule contribution à la pensée eurocratique en affirmant une méthode :

« Pour consolider la zone euro, osons changer de paradigme et de logiciel. Toutes les hypothèses, même celles qui gênent les banquiers, méritent d'être étudiées. »

Comme ce grand bourgeois n'a rien d'un révolutionnaire, il n'a pas osé conclure son papier par « de l'audace ! Encore de l'audace ! Toujours de l'audace ! ».

Puis, comme il a fait carrière dans la haute administration grâce à son allégeance au clan dit de gauche de l'oligarchie, il cadenasse son effort intellectuel dans une perspective limitée, comme Sartre le fît autrefois :

« (…) nous aurons bien servi l'Europe, qui demeure notre horizon indépassable. »

 

Consolons nous en pensant que l'imbécillité et l'intelligence sont équitablement distribuées dans la société.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Le métier de Christine Lagarde

Publié le par Alexandre Anizy

 

Christine Lagarde, née Lallouette en 1956, a échoué à deux reprises au concours de l'ENA : elle s'est rattrapée en devenant avocat, notamment spécialisée dans le droit social. De 1981 à 2005, elle fera une brillante carrière américaine au sein du grand cabinet d'avocats mondiaux Baker & McKenzie.

 

A un certain stade de son ascension professionnelle et sociale aux États-Unis, Christine Lagarde intègre un "think tank" (Center for Strategic and International Studies – CSIS), puissant cercle de "réflexion" euro-atlantique truffé d'hommes d'affaires et de barbouzes, où l'on "cogite" plutôt en faveur des intérêts militaires américains (la question de l'élargissement de la communauté euro-atlantique taraude déjà la dame ...).

 

En 2005, il paraît qu'un publicitaire poitevin dénommé Jean-Pierre Raffarin débusque les talents politiques cachés de l'avocate d'Amérique, bien cachés puisqu'elle n'a jamais été élue par le peuple et qu'elle n'a jamais géré un budget public (commune, conseil général, etc.). Bref, on ne sait par quel "miracle", l'avocate d'Amérique est bombardée ministre déléguée au Commerce extérieur du gouvernement de Dominique Galouzeau de Villepin le 2 juin 2005.

Le bilan du ministre Lagarde est éloquent : la balance commerciale française est en déficit de 30 Milliards € pour l'année 2006, soit le plus mauvais chiffre depuis 1980 ! L'alouette n'a pas fait le printemps …

Malgré ou bien à cause de çà, Christine Lagarde héritera d'autres ministères où elle ne fera aucune étincelle comme vous le savez, et certainement pas en économie son grand domaine d'incompétence.

(lire nos notes consacrées à l'incompétente ministre Lagarde)

 

En vérité, le curriculum vitae de Christine Lagarde montre bien qu'elle n'obtient de bons résultats que lorsqu'elle exerce son métier : avocat.

 

« Donc, il faut que chacun fasse son métier, que M. Cantona fasse le sien, moi, je fais le mien. » (Christine Lagarde à l'AP, le 1 décembre 2010)

Malheureusement pour la France, Christine Lagarde ne fait pas ce qu'elle dit.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Le pic de pétrole (peak oil) fut atteint en 2006

Publié le par Alexandre Anizy

 

De nombreux experts débattent de cette question depuis des années : quand atteindrons-nous le pic mondial de pétrole, i.e. le moment où la production de pétrole commencera à décroître ?

 

Rappelons que dans la note du 15 décembre 2007

http://www.alexandreanizy.com/article-14622083.html

nous parlions du 3ème rapport du groupe d’experts et de chercheurs allemands Energy Watch Group (EWG) publié le 22 octobre :  le pic mondial de pétrole est survenu en 2006.

 

 

L'Agence Internationale de l'Energie (AIE) vient de glisser sa réponse dans son rapport annuel titré World Energy Outlook 2010:

« La production de pétrole brut se stabilise plus ou moins autour de 68-69 Mb/j [millions de barils par jour] à l'horizon 2020, mais ne retrouve jamais le niveau record de 70 Mb/j qu'elle a atteint en 2006. »

 

Dans notre note du 13 mai 2008

http://www.alexandreanizy.com/article-19512359.html ,

il fallait donc ajouter cette information à la liste des éléments objectifs, que les professionnels initiés ne devaient pas ignorer … Mais la crise (2ème secousse à l'automne 2008) a opportunément, si l'on peut dire, changé les besoins !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

L'anti-démocrate Dominique Strauss-Kahn, ami du CAC 40

Publié le par Alexandre Anizy

 

A Francfort, le vendredi 19 novembre, l'ami du CAC 40 Dominique Strauss-Kahn a révélé en se lâchant, pour ceux qui ne le connaissait pas, la nature antidémocratique de son immodeste personne.

 

Comme toujours, c'est au nom de la morale, ou bien de la justice voire des bons sentiments, ou bien de l'efficacité économique dans le cas présent, que l'on rabote les lois démocratiques et que l'on commet les pires saloperies.

 

Quel est le diagnostic du docteur Bolkeskahn (DSK) ? (lire la note précédente)

« L' Europe a aujourd'hui un sérieux problème de croissance » ; « les Européens ne sont pas à leur plein potentiel ».

Quel est le remède du docteur Bolkeskahn (DSK) ?

Une plus grande intégration des États au profit de la Commission. « Quand l'ordre du jour est fixé par le centre [autrement dit les eurocrates bruxellois, ndAA], les choses avancent. (…) Les pays doivent être disposés à céder plus d'autorité au centre. »

Une mesure concrète : « la création d'une autorité budgétaire centralisée, aussi indépendante politiquement que la BCE, fixant les orientations budgétaires de chaque pays membre et allouant les ressources provenant du budget central (...) ».

 

Traduisons le DSK : des eurocrates aussi incompétents, quasiment inamovibles, non élus, que ceux de la BCE (ont-ils compris, les Trichet et consorts, le casino bancaire irlandais ? Non.) dicteront aux parlements nationaux le cadre chiffré de leurs débats démocratiques …

En somme, comme pourrait l'écrire le Figaro des Dassault, DSK le penseur global de l'oligarchie recommande la sagesse des experts face à l'irresponsabilité populiste des représentants du peuple.

 

Notez les éléments de langage du FMIste Strauss-Kahn : le centre / les États nations.

Quand le pouvoir est au centre, il devient efficace du fait de son omnipotence, alors que c'est le règne de la non performance (lenteur, gâchis – puisque le plein potentiel n'est jamais atteint -, voire gabegie … ), quand la périphérie (i.e. les États nations) commande.

 

L'ami du CAC 40 Dominique Strauss-Kahn est atteint d'une maladie : le casto-centrisme, qui s'est déjà réalisé dans sa forme brute : l'Empire du Milieu.

 

 

Alexandre Anizy

 

L'ami du CAC 40 Dominique Strauss-Kahn = Bolkestein ++

Publié le par Alexandre Anizy

 

A Francfort, le vendredi 19 novembre 2010, l'ami du CAC 40 Dominique Strauss-Kahn s'est lâché un peu.

Vous vous souvenez de la directive bruxelloise, dite Bolkestein, qui voulait autoriser les entreprises françaises à utiliser des "plombiers polonais" (c'était l'exemple pris à l'époque) en fonction des conditions légales en vigueur en Pologne …

 

Bolkestein n'était qu'un petit mécanicien. Avec Strauss-Kahn l'ami du CAC 40, penseur global de l'oligarchie provisoirement affecté au FMI, l'objectif final est exprimé en langage sibyllin : uniformisation de la fiscalité du travail, des prestations sociales en Europe, avec « une approche moins restrictive sur l'immigration ».

Traduisons le DSK : nivellement au plus bas du "modèle social européen", avec porte ouverte aux immigrés pour maintenir un taux moyen de 10 % de chômage, qui facilite la pression à la baisse des salaires.

 

Moralité :

Celui qui bosse au FMI

N'a pas d'ami chez les fourmis.

 

Alexandre Anizy

 

 

L'économiste Pastré oublie le banquier Pastré

Publié le par Alexandre Anizy

 

Les dirigeants des États de l'Union européenne Allemande viennent de décider de secourir les banques irlandaises pour sauver leurs propres banques, à commencer par les Anglaises et les Allemandes. Autrement dit, les contribuables vont payer pour que les bilans et les résultats des banques  européennes ne soient pas touchés par la quasi faillite du système bancaire irlandais.

Interrogé par Libération, l'économiste Olivier Pastré affirme que, dans ce sauvetage, on ne peut pas être contre la mise à contribution des banques, mais que « le faire maintenant serait suicidaire », parce que « nous sommes sur le fil du rasoir. La crise peut s'aggraver. ». Il précise même que « si l'on pense que la crise est terminée, alors il faut faire payer les banques. »

Pour l'économiste Pastré, le timing est primordial.

Vraiment ?

 

Dans cet entretien, évidemment le banquier Pastré, qui a oublié de se présenter, n'a pas pris la parole. Est-ce là une attitude noble ?

 

 

Alexandre Anizy

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (VII)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des notes précédentes portant le même titre)

Un autre champ de bataille est le cyberespace. Nous avons déjà donné les chiffres fournis par François Lenglet et qui attestent de la puissance chinoise en matière informatique. Mais concernant la guerre hors limites, l'auteur montre dans un court chapitre passionnant l'activité intense de la Chine sur ce terrain : 25 % des tentatives de piratage observées dans le monde proviennent de Chine.

D'après un rapport d'experts, l'empire du Milieu aurait 1000 petits génies capables de créer de nouveaux outils de piratage, et des centaines de milliers d'experts pour les utiliser. En 2009, un rapport de Northrop Grumman réalisé pour le Congrès a analysé les attaques chinoises et présenté la méthode patiente, méticuleuse, et savamment orchestrée. D'autres études sont rapidement exposées.

Avec sagesse, François Lenglet n'a pas accumulé les récits d'affaires connus. Sa démonstration n'en est que plus convaincante : la veille tous azimut, le maillage, les infiltrations, la rapidité des attaques, démontrent une direction de structures très mouvantes, qui sont plus ou moins rattachées à l'appareil d'État. Si la Chine possède une loi anti-pirate, elle s'est organisée pour « récupérer des technologies vitales pour le pays ou pour frapper ses ennemis. Dans les deux cas, l'armée joue un rôle-clé, et notamment son 3ème et 4ème départements, dévolus au contre-espionnage. » (p.185)

 

 

Un autre champ de bataille est l'or noir, puisque le moteur économique de la Chine nécessite un approvisionnement toujours croissant de pétrole, mais aussi de minerais, de produits agricoles. Au jour d'aujourd'hui, la phase d'expansion a déjà commencé : la Chine achète partout des actifs, notamment des infrastructures comme en Grèce. « On peut parier que les tentations protectionnistes vont se renforcer en Occident, et qu'elles vont se déplacer du champ commercial à celui des investissements. » (p.204)

François Lenglet n'a pas résisté au plaisir de citer (p.203) Edmond Théry qui écrivait déjà en 1901 : « Le péril jaune qui menace l'Europe peut donc se définir de la manière suivante : rupture violente de l'équilibre économique international sur lequel le régime social des grandes nations industrielles de l'Europe est actuellement établi, rupture provoquée par la brusque concurrence, anormale et illimitée, d'un immense pays nouveau. » (« le Péril jaune », Félix Juven éditeur, 1901)

A contre-courant de la pensée unique, François Lenglet pronostique une demande de règles et de protection, d'autant plus forte que « l'Occident va perdre, dans les années qui viennent, la maîtrise de la mondialisation au profit de la Chine ». (p.204)

 

 

Le dernier terrain de bataille est idéologique, et la Chine marque des points : « Ainsi la Banque Mondiale a-t-elle publié récemment une étude pour détailler ce en quoi les pays émergents devraient s'inspirer de la Chine … » (p.208) Le "Chinese dream" est en marche, et d'aucuns comme Joshua Cooper Ramo parle du "consensus de Pékin" !

En fait, résume François Lenglet, 2 thèses s'affrontent : la vision irénique de l'économiste italo-américain Arrighi (500 ans de paix mondiale grâce à l'Empire chinois !) contre la cynique du néoconservateur Robert Kagan (les démocraties doivent s'unir pour faire face ; la liberté face à la dictature). Il faut ajouter tous les naïfs qui espèrent un aménagement du régime politique chinois, ou bien comme Kagan qui rêve d'un Occident soudé.

Pour François Lenglet, la confrontation des modèles aura lieu aussi au sein même des sociétés occidentales.

 

 

François Lenglet conclut intelligemment son essai (scénarios Sun Tzu et Clausewitz), d'abord en rappelant que la guerre hors limites a commencé il y a plus de 10 ans, que nos sommes dans la phase de l'expansion économique de la Chine, que la bataille suprême de la monnaie mondiale arrivera avec la convertibilité du yuan (libéralisation totale avant 2020). Il souligne enfin que, si la première secousse de la crise fut en 2007 avec les "subprimes", la seconde en Europe en 2010 avec les dettes publiques, la troisième pourrait avoir lieu en Chine même en 2011 ou 2012, au plus tard en 2015. Mais, ayant évoqué les travaux Karen Rasler et William Thomson (un prolongement historique des études de Kondratiev), François Lenglet ne doute pas « que la relève des empires ne se produise finalement. La crise actuelle ne l'empêchera pas davantage que celle des années 1930 n'avait interdit l'ascension américaine (...) » (p.243)

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (VI)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des notes précédentes portant le même titre)

Dans la première partie de son livre « la guerre des empires. Chine contre États-Unis » (Fayard, septembre 2010, 243 pages, 17 €), intitulée "la Chinamérique en cinq neuf", François Lenglet a décrit la montée en puissance de la Chine et l'évolution de son rapport avec les États-Unis. La théorie de la guerre hors limites ayant été exposée et confrontée à la réalité des faits, l'auteur analyse alors dans la deuxième partie titrée "champs de bataille" les combats que les 2 empires sont en train de se livrer et leurs issues possibles.

 

Le premier champ de bataille concernent bien entendu les monnaies. Plus précisément, nous disons qu'il s'agit de la guerre des changes (relire notre note http://www.alexandreanizy.com/article-la-guerre-des-changes-ici-et-maintenant-60157717.html ), alors que François Lenglet utilise l'expression triviale de "guerre des monnaies". « En 1994, alors que le pays [la Chine] connaît déjà une croissance à deux chiffres, il dévalue de plus de 50 %, portant le taux du yuan à 8,60 pour 1 dollar, puis 8,27, une valeur que la BCC maintiendra inchangée jusqu'en 2005 (...) » (p.128) Ce choix politique est la clé de la stratégie économique chinoise : la caste rouge refuse d'être le jouet des caprices moutonniers de la finance mondiale. On ne le lui reprochera pas.

Mais nous sommes plus convaincus par l'économiste Fan Gang (cité p.134) lorsqu'il explique que 30 % de la population active travaillant encore dans les champs, la priorité absolue des dirigeants chinois est la croissance de l'emploi pour ne pas avoir à affronter une horde de chômeurs miséreux.

Le 19 juin 2010, la Chine annonçait qu'elle abandonnait le lien fixe entre le yuan et le dollar. C'est une concession formelle, puisque la flexibilité peut être dans les 2 sens en cas de "choc externe" et de "nécessité d'une stabilité fondamentale". En clair, la Chine fera ce quelle veut pour le taux yuan / dollar.

 

La crise actuelle est l'enfant du monstre sino-américain. L'économiste Isaac Joshua a mis en évidence les mécanismes voisins entre l'émergence des États-Unis en 1929 et celle de la Chine en 2007 : sur-compétitivité, accumulation d'épargne au détriment de la puissance déclinante (aujourd'hui les États-Unis, naguère le Royaume-Uni).

Pour ne pas voir la valeur de ses réserves monétaires disparaître d'un coup de baguette américaine (si le dollar baisse, les réserves monétaires chinoises diminuent d'autant), la BCC pousse d'une part les DTS pour diversifier ses réserves, et d'autre part commence à internationaliser le yuan en l'imposant comme moyen de paiement dans des échanges avec la Malaisie, l'Argentine.

 

 

Le deuxième champ de bataille est la mer. Pour défendre la "mare nostrum" de leur empire, les Chinois ont commencé à construire une gigantesque base navale à Sanya (île Hainan) tout en occupant les îles Spratly voisines : il s'agit de contrôler la mer de Chine du Sud (« 80 % des approvisionnements de pétrole du pays passe par le détroit de Malacca en Indonésie, et remontent la côte vietnamienne pour passer au large des Spratly et Hainan avant de longer la côte orientale chinoise. » (p.152) La Chine a prévenu que toute ingérence étrangère dans cette zone sera jugée inamicale.

Pékin s'est bien sûr donné les moyens militaires de cette posture : depuis 2000, les dépenses d'armement ont considérablement augmenté (construction de 24 sous-marins supplémentaires dont 4 nucléaires, de 8 destroyers, 11 frégates, 40 navires d'attaque Houbei, 31 bateaux amphibies, des dizaines de chasseurs aériens, des missiles de toutes sortes, etc.). Un programme de porte-avions est en cours (première sortie attendue à partir de 2015). D'après une estimation sérieuse et une projection de la tendance passée, les crédits militaires chinois dépasseront ceux des Américains en 2020.

 

Dotée d'un équipement impressionnant, la Chine pouvait revoir ses ambitions navales à la hausse : « Notre stratégie navale change, nous passons de la défense côtière à la défense en haute mer. » (amiral Zhang Huachen, cité p.163) Et le montrer : « Le 10 avril 2010, 2 sous-marins et 8 destroyers ont été repérés près du Japon pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale. » (p.163) C'est donc toute l'Asie du Sud-Est qui est visée.

Historiquement, il n'est pas absurde de comparer la rapide montée en puissance économique et militaire de la Chine actuelle à celles de l'Allemagne et du Japon, et Robert Kagan en arrive à cette hypothèse : « Si l'Asie orientale d'aujourd'hui ressemble à l'Europe de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, alors Taïwan pourrait être le Sarajevo de la confrontation sino-américaine. » (p.170)

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy