Crise : les 4 propositions de Jean-Hervé LORENZI
Jean-Hervé LORENZI est un professeur de renom, notamment Président du Cercles des économistes. Le Monde vient de publier un bon article qui paraîtra dans une revue spécialisée dirigée par Patrick ARTUS (chez PUF). Nous en retiendrons sa conclusion sous forme de 4 propositions pour réparer le système financier.
1) coordonner les politiques économiques
« Il faut réunir banquiers centraux, ministres des finances, régulateurs et commissions de contrôle des grands pays, non seulement ceux de G8 mais aussi ceux des grands pays émergents. »
« Cela peut aller jusqu’à la nationalisation – au sens d’une prise en charge collective [des pertes, ndaa], comme cela a été fait au Royaume-Uni pour sauver une grande banque de dépôts, la Northern Rock, mais cela pourrait concerner aussi certains assureurs appelés « rehausseurs de crédits » (…) »
La nationalisation sera la solution la plus facile à mettre en œuvre, pays par pays. La coordination des grands argentiers existe déjà, mais la probabilité d’une création d’un fonds public de réserve, comme le suggère Daniel COHEN (lire notre note du 21 mars 2008), est assez faible.
2) aider les banques à assainir leur bilan
« Les systèmes bancaires nationaux doivent créer des structures ad hoc, destinées à reprendre les créances [pourries, ndaa] (…) ».
Daniel COHEN ne dit pas autre chose en faisant référence au Crédit Lyonnais.
3) donner le temps aux banques d’amortir les titrisations
C’est une mesure technique judicieuse : la plus facile à mettre en œuvre.
Un amortissement exceptionnel des titrisations adoucirait le choc.
4) repenser la prévention des risques bancaires
Il faut « repenser l’ensemble des questions prudentielles. Il s’agit là des normes dites de Bâle, (…) un carcan auquel le système bancaire a tenté d’échapper en développant, par exemple, la titrisation. (…) une régulation plus adaptée et non pas renforcée, comme c’est toujours le cas après les crises (…) »
Cette proposition de Jean-Hervé LORENZI est paradoxale : il faut assouplir les normes de Bâle, puisque le système bancaire les a contournées en développant la titrisation … qui nous a conduit au bord du précipice.
Chez Jean-Hervé LORENZI, par ailleurs conseiller de la Compagnie financière Edmond de ROTSCHILD, pas de restauration de la stricte séparation entre banques d’affaires et banques de dépôts, comme le proposent Daniel COHEN ou Bernard MARIS.
Comme on le voit à ce jour, un consensus se dégage déjà parmi les économistes : la nationalisation des pertes du système financier est incontournable.
Alexandre Anizy