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Edith WHARTON et "le vice de la lecture"

Publié le par Alexandre Anizy

En octobre 1903, la riche bourgeoise américaine Edith Wharton publiait un article titré « The Vice of Reading », dans lequel elle expliquait que la diffusion de la connaissance avait révélé un nouveau vice. Son exposé ne nous a pas convaincu.

 

Si son texte est émaillé de quelques truismes, comme « l’érudition n’est [pas] la culture » (p.8), elle ne démontre rien non plus lorsqu’elle affirme que se forcer à lire n’est pas lire, que « lire vraiment est un réflexe ; le lecteur-né lit aussi inconsciemment qu’il respire (…) » (p.8), et elle s’égare même lorsqu’elle prétend que « plus on confère à l’acte [de lire] du mérite, plus il en devient stérile » (p.8).

Mais elle donne aussi une réponse intéressante à la question de l’évaluation d’un livre : « La valeur des livres est proportionnelle à ce que l’on pourrait appeler leur plasticité – leur capacité à représenter toutes choses pour tous, à être diversement modelés par l’impact de nouvelles formes de pensées. » (p.9)

Edith Wharton est indulgente avec le piètre lecteur, ou bien le dévoreur de livres futiles, ou bien ceux qui ne s’intéressent qu’aux « meilleures ventes », parce que ces gens ne nuisent pas à la littérature. Non, ce sont ceux qui se font un devoir de lire, établissant même parfois le programme ambitieux d’être informés de toute la production, qu’elle présente comme des ennemis :

« C’est lorsque le lecteur mécanique, armé de la haute idée de son devoir, envahit le domaine des lettres – discussions, critiques, condamnations ou, pire encore, éloges – que le vice de la lecture devient une menace pour la littérature. » (p.12)

Parce que « lire n’est pas une vertu, mais bien lire est un art, et un art que seul le lecteur-né peut acquérir ». Deux inepties en une phrase ! Car en quoi la lecture serait un art, et pourquoi le « lecteur-né » pourrait seul acquérir la capacité de bien lire ? Point d’arguments avancés pour défendre cette assertion, si ce ne sont d’autres fadaises du genre : « le lecteur mécanique est l’esclave de son marque-page » (p.15).

Cette opposition entre lecteur-né et lecteur mécanique est artificielle. Elle repose essentiellement sur le préjugé de classe demi-avoué d’une femme bien née, qui déclare que « la route du lecteur mécanique est tracée par la vox populi. » (p.19) Si Edith Wharton voulait dénoncer l’hypocrisie de sa classe sociale, comme le pense Michel Guerrin, elle n’y parvenait qu’en sombrant dans un élitisme déjà suranné en son temps.

 

Pour nous, la lecture n’est pas en soi un vice : au mieux, elle contribue au développement intellectuel, et au pire, elle permet une évasion divertissante.  

 

Alexandre Anizy


 : « le vice de la lecture », 1ère traduction française par Shaïne Cassim aux éditions du sonneur, mars 2009, 38 pages, 5 €.

 : dans le Monde du 26 juin 2009.

Mort du PS (V) : vers une agonie cruelle selon Zaki LAÏDI

Publié le par Alexandre Anizy

Dimanche dernier, le milliardaire philosophe Bernard-Henri Lévy, parce qu’il sait et qu’il en a les moyens, venait à peine de se placer au milieu de la piste du cirque médiatique avec son appel à la mort du Parti Socialiste, que le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant en prenait aussitôt la défense ! Or, chacun sait que si votre ennemi politique vole à votre secours, cela signifie que vous lui êtes plus utile moribond que mort … Ce « soutien » de l’Elysée confirme notre analyse : plus que jamais, le Parti Socialiste sera utile à l’oligarchie en agonisant lentement.

 

C’est ce que disait aussi Zaki Laïdi dans un article antérieur à celui du milliardaire philosophe : « [la défaite électorale du PS aux européennes] marque l’aboutissement d’un long processus d’affaiblissement rendant sa survie incertaine. Certes, le risque d’une mort subite est très faible. Mais cela ne rendra paradoxalement l’agonie que plus cruelle. » Précisant immédiatement : « Celle de la SFIO qui mit 15 ans à disparaître comme force politique nationale tout en continuant à prospérer dans ses fiefs locaux. »

 

C’est ce que nous allons voir, nous dit Zaki Laïdi, puisque le PS est d’ores et déjà dans une double dynamique : la balkanisation, i.e. l’émancipation des barons provinciaux (comme les francs macs Rebsamen et Collomb, par exemple), et la bunkérisation, i.e. un enchaînement de pseudo-rénovations « qui ne visent en réalité qu’à garantir la survie d’un appareil aux abois ». 

Zaki Laïdi concluait ainsi : « (…) l’enjeu n’est plus de savoir comment sauver le PS mais de faire en sorte que sa survie ne contrarie pas l’émergence d’une gauche moderne et forte ».

Bref, un papier beaucoup plus intéressant et utile à la gauche que la rodomontade du milliardaire philosophe Bernard-Henri Lévy, qui apparaît de plus en plus pour ce qu’il est : un véritable ennemi de classe. 

 

 

Alexandre Anizy

 

 : le Monde du 8 juillet 2009.

 : nom de l’ancêtre du PS

Que le PS meure (IV) dit Bernard-Henri LéVY un perfide ennemi de classe

Publié le par Alexandre Anizy

Quelle mouche a piqué (un sage utilitariste dirait simplement : quel intérêt incite etc.) le milliardaire philosophe Bernard-Henri Lévy pour qu’il prône la disparition du Parti Socialiste dans le JDD, car depuis des lustres, le chevalier blanc de l’humanitarisme atlantiste veillait à se tenir au-dessus du marigot radical-socialiste ?

 

Si on retient l’analyse du milliardaire philosophe, son appel à « l’éléphanticide » ne porte pas à conséquence, puisque « le PS va mourir ? Non. Il est mort. Personne, ou presque, n’ose le dire. ». En mettant sa plume dans l’explosif germanopratin, l’intrépide B-HL pratique en fait une maïeutique sommaire, fidèle à sa conception guerrière de la discussion médiatique.

Il semble convaincu d’être ainsi le père de l’acte initiateur … et il le fera savoir dans ses journaux, ou ceux de ses nombreux amis. Pire : il pense qu’il agit pour le bien de la gauche, car comme le disait Maurice Clavel, une « figure de la gauche morale » qu’il cite : « pour vaincre la droite, il faut d’abord briser la gauche ».

Sans référence donnée, nous supposons que cela concerne la période où le Résistant Clavel fricotait avec les guignols de la « Gauche Prolétaroïde » de la rue d’Ulm.

 

Objectivement, le milliardaire philosophe Bernard-Henri Lévy apporte sa contribution au discrédit de ce parti de notables provinciaux, servant ainsi les intérêts de sa classe sociale représentée brillamment par Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa. Il le fait d’autant mieux qu’il avance les noms de « la gauche de demain, la gauche moderne et réinventée » : la madone Déate Marie-Ségolène ROYAL, le désinvolte mondialiste Dominique Strauss-Kahn (si prévenant avec ses collaboratrices), le franc mac Manuel VALLS … Que du beau monde !

 

Le milliardaire philosophe se veut le chantre de la gauche morale, celle qui bouffe du caviar en faisant la leçon d’humanisme aux gens de peu, celle qui a pollué la gauche par une idéologie réactionnaire, littéralement réactionnaire, en paraphrasant B-HL, le perfide ennemi de classe.

 

Alexandre Anizy

 

 : Journal du Dimanche, appartenant in fine à Arnaud Lagardère, le « frère » du président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa, 19 juillet 2009.

 : expression uniquement due à sa « fameuse » chemise.

 : B-HL aurait-il lu notre blog, notamment les notes titrées « Que le PS meure », lui l’homme de médias qui vient de décider d’investir Internet ? (message personnel à Joseph Macé-Scaron : ceci est aussi de l’humour)

 : on eût apprécié plus de précisions (une date, un support, par exemple)

 : i.e. les maos français, Benny Lévy et sa clique stalinienne.

L'avenir du rail en Europe et l'idée de Jacques ATTALI (sncf - db)

Publié le par Alexandre Anizy

La construction de l’Union Européenne est entre les mains de politiciens idéologues et d’eurocrates serviles. En matière économique, l’exemple du rail anglais le démontre une nouvelle fois.

 

La plus importante ligne de chemin de fer du pays, Londres – Edimbourg (17 millions de voyageurs par an), n’est pas rentable pour l’opérateur privé National Express : il se retire. Comme c’est la 2ème fois en 3 ans que cette ligne perd son exploitant, le gouvernement de Gordon Brown n’a pas d’autre choix que de la nationaliser.

En fait, c’est tout le système de franchise mis en place par les conservateurs, et maintenu par Tony Blair en 1997, qui ne tient pas la voie !

 

Pensez-vous que les eurocrates bruxellois abandonneront leur projet ? Non. Le rail sera partout privatisé en Europe … et les contribuables paieront finalement l’addition de ces inepties économiques, comme en Grande-Bretagne. Mais entre temps, certains financiers auront fait leur beurre.

 

Dans l’Express du 9 juillet 2009, Jacques Attali propose de fusionner la SNCF avec la Deutsche Bahn (DB), parce que cela « permettra de maintenir la dimension de service public des chemins de fer ». C’est la 1ère motivation avancée dans cet article. Au nom de l’intérêt général, que ne fait-on pas, n’est-ce pas ?

Curieusement, si c’était réellement l’ambition des eurocrates, Jacques Attali ne nous explique pas pourquoi les entreprises de chemin de fer, qui étaient des entreprises publiques dans les années 80, n’ont pas été toutes fusionnées pour créer le grand marché européen cher au social-traître Jacques Delors (assisté déjà par le malfaisant Pascal Lamy) ?

Comme on le sait, c’est la privatisation générale qui a été choisie, et elle est en voie d’achèvement. Par conséquent, on peut se demander si cette proposition de fusion n’est pas un moyen pour noyer la SNCF dans une 1ère entreprise européenne privée d’intérêt public.

Cette idée présente 2 avantages : le tour de passe-passe se jouerait à Bruxelles et la CGT ne perdrait pas la face.

 

 

Alexandre Anizy

Jacques LAURENT un vilain canard

Publié le par Alexandre Anizy

Comme nous l’avons écrit récemment, l’époque de la Seconde Guerre Mondiale est en vogue. Les éditions Grasset (collection « Cahiers Rouges ») y contribue en publiant « le petit canard » de Jacques Laurent.

 

De ce roman, nous ne retenons que les défauts majeurs : une structure déséquilibrée et déjà un style de roman de gare (rappelons que Cécil Saint-Laurent est un des pseudonymes de Jacques Laurent). Nous les retrouvons d’ailleurs bien des années plus tard dans « les bêtises », auxquelles nous avons consacré une note. Cela ne nous étonne plus, puisque Jacques Laurent considérait qu’ « un roman est aventure imprévue ».

Ici, la légèreté du thème et son traitement narratif frisent la débilité : « Si Antoine entre dans la L.V.F. [ndAA : Légion des Volontaires Français, qui a combattu le bolchevisme aux côtés des troupes allemandes], c’est parce qu’un officier polonais a embrassé celle qu’il aimait ».

 

Si « un auteur n’a pas plus à se commenter qu’un peintre à adjoindre une notice à son tableau », ce que nous approuvons dans la mesure où l’auteur assume son propos, nous n’avons pas à justifier outre mesure notre appréciation définitive : nous n’aimons pas le vilain Jacques Laurent.

 

 

Alexandre Anizy

 

 : notre note du 19 juin 2009 « L’historienne Anne SIMONIN révise l’épuration de 1945 » ;

 : mai 2009, 148 pages, 7,60 €.

 : note du 8 novembre 2008.

"Chasseurs de têtes" de Jo NESBO

Publié le par Alexandre Anizy

Dans « chasseurs de têtes », Jo Nesbo troque son héros habituel (un flic) contre un chasseur de têtes (le meilleur, dit-il souvent), faisant partie de la crème de cette profession singulière. Il est vrai que ce recruteur est aussi cambrioleur (spécialisé dans les œuvres d’art) pour subvenir aux dépenses inconsidérées de son ménage.

Accessoirement, nous sommes ainsi plongés dans l’univers impitoyable de ces vendeurs de trajectoires et de caractères.

Rappelons ici le livre de Michel Crespy présenté dans notre note du 6 juillet 2008.

Indéniablement, Jo Nesbo sait bâtir un « rompol » et il surveille son style. Dans celui-ci, on ne s’ennuie pas et le rebondissement final est bien amené. Mais curieusement, nous avons ressenti une baisse de tension. Faut-il en conclure que Jo n’est beau que dans la flicaille ?

Absolument pas.

 


Alexandre Anizy

 

 : Série Noire de Gallimard, aril 2009, 310 pages, 17,90 €.

 : voir notre note du 13 mai 2007.

Zaboravite Philippe BESSON !

Publié le par Alexandre Anizy

Alors voilà, Philippe a un ennemi,

Il est géant et s’appelle Patrick !

Mais Phil s’en fout et jamais ne tremble

Quand le dard empoisonné du fin lettré

Touche la carapace protégée du nain de médias.

 

Cessons de rire, allons au fait.

Le petit Philippe Besson a décidé de répondre aux flèches assassines de Patrick Besson grâce à l’hebdomadaire Marianne (qui gagne chaque semaine un peu plus en crédibilité, tant il se démarque du conformisme ambiant) : ça vole bas, sous la ceinture exactement, ce qui est normal pour l’ancien RRH de Libération.

Mais il écrit aussi quelques vérités : Patrick a dilapidé son talent depuis … le commencement peut-être, ce qui ne doit pas empêcher son élection à l’Académie française (adhérer au comité de soutien en vous inscrivant à la newsletter de ce blog)

 

Ce qui est drôle : Philippe prétend que Patrick n’a pas lu ses livres, qu’il démolit férocement (pour notre plaisir). Mais lui, Philippe, ne cite que « les Braban », un mauvais roman que nous n’avons jamais réussi à finir : une « merde », aurait dit Philippe, s’il l’avait lu !

Ce qui est pathétique : pour faire la critique du romancier Patrick Besson, l’ignare Philippe se réfugie derrière les saillies d’Eric Naulleau. Le courage et l’honnêteté intellectuelle ne sont pas les qualités de Philippe.

 

En rédigeant son article nauséabond, Philippe pensait se mettre en valeur : il ne fait que révéler son inconsistance.

 

ZABORAVITE Philippe Besson !

 

Alexandre Anizy

ROCARD l'idiot utile au service de SARKOZY

Publié le par Alexandre Anizy

« L’étrange atmosphère de sortie de crise, entretenue conjointement par les gouvernements, les banquiers et la presse, contribue grandement à minimiser l’importance des problèmes », écrit pertinemment Michel Rocard l’idiot utile dans le Monde du 7 juillet 2009.

Au terme d’une analyse correcte, il arrive à cette 1ère conclusion : « Une reprise économique n’est donc guère probable à court-moyen terme. Les facteurs en sont absents. »

 

Quel est son diagnostic politique ?

« Les classes moyennes supérieures des pays développés sont en train de renoncer à l’espoir d’arriver à l’aisance par le travail au profit de l’espoir de réaliser des gains en capital rapides et massifs, bref de faire fortune. »

C’est pourquoi les électeurs ont voté pour les conservateurs, c'est-à-dire pour ceux qui ont favorisé la crise : « Le résultat ne laisse guère espérer un traitement politique sérieux de l’anémie économique actuelle. Combien faudra-t-il de crises pour convaincre les peuples ? En tout cas, le mécanisme de leur répétition paraît enclenché. »

 

Que fait-il ?

Malgré son diagnostic lucide, Rocard l’idiot utile, prétendant seulement agir pour l’intérêt du pays, s’en va se jeter dans le décorum de la République en acceptant de codiriger avec Alain Juppé une commission, à la demande du leader des conservateurs, le président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa. 

Pour nous, c’est le signe supplémentaire d’un sens politique insignifiant ; pour lui, sans doute l’impression de compter encore …

 

On peut être très instruit, énarque, et politiquement ignare : Michel Rocard fournit aujourd’hui une nouvelle démonstration, avec toute la suffisance que nous lui connaissons.  

 

Alexandre Anizy

Euro : rétablir l'étalon-or selon Philippe SIMONNOT

Publié le par Alexandre Anizy

Dans un article paru dans le Monde du 2 juin 2009, Philippe Simonnot prône le rétablissement de la convertibilité métallique pour échapper à l’inflation galopante, parce qu’ « elles sont toujours là (…) les forces qui avaient obligé à réajuster les changes du « protoeuro », à savoir le système monétaire européen (SME) par douze fois entre 1979 et 1991, avant son explosion en 1992 ».

 

Rappelons avec Simonnot que « dans un espace géographique donné, une monnaie unique suppose une libre circulation des biens, des capitaux et de la main d’œuvre et une flexibilité complète des prix et des salaires. »

 

En fait, l’euro masque ces forces de dissolution en supprimant le thermomètre qui mesurait les divergences entre les pays membres, ce qui permet à certains d’emprunter à des taux plus bas que ceux qu’ils obtiendraient « hors euro », et à laisser grossir les déficits à un niveau qu’ils n’auraient pu atteindre s’ils avaient conservé leurs propres monnaies. Evidemment, ce genre de situation ne perdure pas.

 

Dans la construction technocratique de l’Union Européenne (du plan Werner en 1970 au plan Delors en 1989), une instance économique intergouvernementale devait contrebalancer le pouvoir monétaire exorbitant cédé à la Banque Centrale Européenne (BCE), proclamée indépendante par un coup de force institutionnel : ce deuxième pilier fut « oublié ». Force est de constater que « l’édifice est non seulement bancal, mais en plus il n’a aucune légitimité démocratique ». Rappelons que dans le traité de Rome du 25 mars 1957, acte fondateur de l’Union Européenne, il n’est pas écrit qu’une union monétaire était nécessaire au projet, puisque ce n’est absolument pas indispensable d’un point de vue économique et financier.

 

Utilisons cet avantage : l’autonomisation de l’euro pourrait servir de plate-forme au rétablissement de l’étalon-or par l’Europe. Dans son allocution du 5 février 2009, le Président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa n’a pas écarté cette hypothèse lorsqu’il évoquait un régulateur international, un instrument dont rêvent aussi des pays comme la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine (dont les réserves d’or ont d’ailleurs récemment doublées).

 

Dans l’état actuel des choses, « la nouvelle vague d’inflation, voire d’hyperinflation américaine qui arrive, obligera l’euro à se réévaluer de facto », ce qui engendrera une poursuite de la montée du chômage (crise sociale et politique en perspective).

 

Puisqu’à long terme, la monnaie-papier n’est pas viable (l’histoire économique nous l’enseigne), il ne fait pas de doute pour Philippe Simonnot qu’ « une course pour le rétablissement de la convertibilité métallique est déjà engagée entre les grandes puissances du monde. Le premier qui rétablit l’étalon-or gagnera un afflux immédiat d’épargne permettant de financer sainement la relance.»

Ce raisonnement, il n’est pas inimaginable qu’il soit tenu à Washington : un retour au Gold Exchange Standard de Bretton Woods prolongerait en effet le privilège du dollar.

 

Instaurer la convertibilité métallique de l’euro serait un coup de maître : l’épargne mondiale serait alors drainée vers les places européennes qui reviendraient au centre du système monétaire international, ce qui n’était plus le cas depuis 1914. 

« Une manière de solder enfin les comptes du XXème siècle. »

 

Prise à l’état brut, cette proposition n’est pas satisfaisante, mais si nous l’intégrons dans une théorie monétaire innovante, la question doit être discutée. 

 

Alexandre Anizy

Réguler ne suffira pas selon Martin WOLF

Publié le par Alexandre Anizy

Martin Wolf est un journaliste économique, qui n’est ni altermondialiste ni keynésien. Ceci ne l’empêche pas d’écrire des articles pertinents.

 

« La réforme de la régulation [financière, ndAA] ne doit pas se limiter à celle des dispositifs incitatifs. (…) Une entreprise trop grosse pour sombrer ne saurait être gérée dans l’intérêt des actionnaires, puisqu’elle ne fait plus partie du marché. Soit on doit pouvoir la fermer, soit elle doit être gérée de façon différente. »

 

De quoi parlait-il en particulier ? De l’industrie financière où des sociétés sont très endettées, avec des passifs garantis par l’Etat (« C’est un feu vert donné à ceux qui veulent jouer avec l’argent des contribuables. »).

Dans un article récent, les professeurs Lucian Bebchuk et Holger Spamann de la Harvard Law School affirment notamment que, dans le système financier actuel, les dirigeants ont un intérêt plus grand que les actionnaires à jouer le tout pour le tout … Si on a vu les dégâts en 2008, on ne voit toujours pas les changements.

 

Pourtant, quand une banque est devenue un mastodonte qui ne doit pas couler sous peine d’effondrement général, il est clair qu’elle se situe hors des règles du marché. Il faut donc en tirer vraiment toutes les conséquences.

« C’est aussi simple – et aussi brutal – que cela », conclue Martin Wolf.

 

Alexandre Anizy

 

 

 : le Monde 30 juin 2009