"Que faire" de Daniel COHN-BENDIT

Publié le par Alexandre Anizy

(Cette note est la deuxième consacrée au livre de Daniel Cohn-Bendit, dont le titre est « Que faire ? » - Hachette littérature, mars 2009,176 pages, 14 € -, la première étant celle du vendredi 5 juin 2009, que nous avons intitulée « Européennes : offrez un ticket retraite à Daniel Cohn-Bendit », pour faire d’une pierre deux coups.).

 

Dans le deuxième chapitre (pages 47 à 77), le bon vieux Dany prévient que « nous nous trouvons aujourd'hui au carrefour de plusieurs crises, financière, économique, écologique, et même sociale et politique (...) » (Page 47). Mais sa modestie innée lui impose aussitôt de préciser qu'il n'a pas « de lumières particulières sur l'actuelle crise financière, qui est loin d'avoir fait sentir tous ses effets, mais, comme chacun, je suis frappé par sa rapidité et son ampleur. »

Alors, 30 pages pour ne rien dire ? Nous regrettons de le dire, mais c'est à peu près ça.

Soulignons néanmoins le talent de Daniel Cohn-Bendit pour picorer dans le catalogue des idées en vogue et pour lâcher quelques noms (outre-Atlantique, « Dany the name droper » ferait vraiment recette), comme Alain Lipietz, Yves Cochet, Jean Gadrey, José Bové, Amartya Sen, André Gorz.

 

 

Dans le troisième chapitre intitulé « la société pollen », Dany expose son projet écologique : « Convertir notre appareil industriel, changer notre manière de vivre et de consommer. C'est là que je suis à la fois réformiste et radical : contrairement à ceux qui parlent de décroissance absolue, je préfère parler de décroissance sélective. » (Page 79)

Il ajoute plus loin : « Eco-conception des modes de production, des conditions de travail et des formes de consommation, récupération et recyclage : tels sont les nouveaux impératifs. (...) il faut tout repenser : les moteurs, la mécanique, la maison, les économies d'énergie, mais aussi la réglementation sanitaire, les transports, l'aménagement du territoire et j'en oublie certainement. » (Page 81)

Dany reprend alors la métaphore de l'abeille de l'économiste Yann Moulier Boutang : « Or la valeur de l'abeille n'est pas dans sa capacité à produire du miel : elle pollinise, surtout. C'est-à-dire qu'elle constitue l'un des indispensables chaînons de la reproduction du vivant végétal. » (Page 89) ; « l'abeille représente une remarquable métaphore de ce que nous vivons aujourd'hui, car c'est la circulation des abeilles qui en fait la valeur. ». (Page 92) C'est pourquoi il est urgent « de favoriser la pollinisation sociale et l'intelligence collective ». (Page 96)

Il convient donc de passer du plan de relance au plan de transformation, qui pourrait être financé par l'instauration d'un prélèvement écologique obligatoire de 10 % sur toutes les taxes existantes. N'oubliant pas le volet social, Dany nous parle du revenu d'existence qui « correspond à la reconnaissance de ce principe fondamental d'organisation de la société en tant que collectivité. Et il rétribue la contribution de chacun à la pollinisation. Idéalement, il devrait donc être attribué de façon inconditionnelle et même être cumulatif avec l'exercice d'un travail rémunéré. » (Page 99)

Un impôt intelligent, nous dit Dany, taxe la circulation et non pas la consommation : « L'idéal serait donc de taxer l'ensemble des transactions, même les plus insignifiantes comme celles qui passent par les retraits aux distributeurs de billets. (...) Une sorte de Taxe Tobin Intérieure. » (Page 102)

 

L'ère de l'économie cognitive et relationnelle s'ouvrant, les questions de solidarité sociale sont désormais centrales. On croirait lire du Toni Negri ... Mais Dany l'éponge libertaire n'est pas à un paradoxe près !

(A suivre)

 

Alexandre Anizy