Affaire BOULIN : lettre au Canard Enchaîné

Publié le par Alexandre Anizy

Monsieur Louis-Marie HOREAU,

Votre article « pas d’eau à son Boulin » est un excellent exemple de la suffisance d’un journaliste compétent, qui en oublie de faire son travail d’information et éventuellement d’investigation. Nous ne nous interrogerons pas sur les causes de cet oubli, parce qu’on s’en moque tout simplement.

Résumons votre article :

  • Hommage à la piété filiale de Fabienne BOULIN ;
  • Les gazettes, les télévisions, présentent le suicide de BOULIN comme une « thèse », battue en brèche par des enquêtes journalistiques ;
  • « l’histoire d’un sombre complot, d’une vaste conjuration, pour assassiner (…) plus sexy que la thèse du suicide » ;
  • « D’abord, il est indiscutable que l’enquête initiale l’autopsie, la procédure judiciaire ont été salopées à un point rarement égalé. » Bravo pour l’honnêteté intellectuelle, MAIS vous avancez immédiatement votre explication subjective « (…) par des fonctionnaires et des magistrats tétanisés par l’affaire d’Etat. » ;
  • Vous rappelez ensuite des éléments du dossier : les lettres avec mentions manuscrites postées, le « adieu mon bureau » le dernier jour au ministère, le brouillon de lettre annonçant le suicide (qui précise où il faut chercher le corps : d’un point de vue statistique, est-ce une habitude pour les suicidés d’indiquer leur point de chute ?), le bristol manuscrit dans la voiture, le Valium disparu de son armoire à pharmacie ;
  • MAIS c’est pour mieux vous gausser d’un scénario qu’aucun élément n’étaye (est-ce sérieux ?) : il est vrai que le Canard est un journal satirique… ;
  • La goutte d’arrogance qui fait déborder le vase de la futilité : la leçon de rationalité aux confrères et aux autres en concluant « La raison est toujours désarmée devant un acte de foi ».

Dans votre article, monsieur, vous ne dites rien sur les éléments nouveaux qui permettent à Fabienne BOULIN d’espérer une réouverture de l’enquête (nous avons déjà dit ce que nous en pensions), à savoir :

  • Pourquoi Raymond BARRE et quelques autres ont-ils été informés du suicide de BOULIN à 3 heures du matin, quand la découverte officielle consignée dans les papiers est à 8 heures du matin ?
  • Lorsqu’il s’agit d’autopsier un ministre en exercice, nous supposons que les autorités confient cette tâche à un briscard : comment expliquer que l’expert ne voit pas, puisqu’il n’enregistre pas, les fractures sur le visage ?

Monsieur Louis-Marie HOREAU, vous le brillant journaliste qui avez tout compris, vous avez une réponse à ces questions, un scénario (drôle de préférence…) à nous proposer ?

Puisque le Canard Enchaîné se vante de « révéler des affaires » (ce qui est vrai), avez-vous mené une investigation sur les faits troublants à l’Institut Médico-légal (les organes de BOULIN détruits rapidement ; le sang volé aussi ; ce qui empêchent toute nouvelle expertise) ? Sur toutes les personnes ayant agi dans cette 1ère enquête et cette 1ère procédure judiciaire ?

Monsieur Louis-Marie HOREAU, vous avez perdu une qualité essentielle pour un bon journaliste : le doute. C’est dommage.

Alors que faut-il garder de votre article ? Rien que le titre.

Alexandre Anizy

Publié dans Notes générales

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