MéLENCHON et le boycott des Jeux Olympiques de Pékin (I)

Publié le par Alexandre Anizy

Iconoclaste, le sénateur Jean-Luc MéLENCHON (encore au PS) s’est prononcé contre le boycott des Jeux Olympiques de Pékin, en avançant des arguments sérieux, que nous reprenons en partie.

 
Tout d’abord, il rappelle que le choix de Pékin par le CIO date d’environ 7 ans : qui a protesté et parlé ouvertement de boycott à ce moment-là ? Nobody.

Le faire maintenant relève tout simplement de l’hypocrisie, comme le disait récemment le sénateur maire Dominique VOYNET.

 
Ensuite, il évoque l’affaire du Tibet.

Passons aujourd’hui sur la question de la présence chinoise pour aller à ce qui nous semble essentiel, à nous aussi : lorsqu’un pouvoir politique est tenu par un chef spirituel, en l’occurrence le dalaï-lama, il est théocratique.

Nous croyons, à tort peut-être, que le peuple français est profondément républicain : son histoire marque une aversion à la fois pour les systèmes monarchiques et pour l’incrustation des religieux dans la politique. Par conséquent, ceux qui soutiennent ici la cause tibétaine menée par le « curé local » sont en pleine contradiction, à moins de se rallier publiquement à l’autre système politique.

Rappelons que partout sur la Terre, hier comme aujourd’hui, là où les religieux ont le pouvoir étatique, les geôles et les cimetières sont pleins de prisonniers politiques.

 
Ceux qui minimisent la portée des ambitions de la cause tibétaine n’ont rien retenu de la leçon du Kosovo, où là aussi on ne prononçait jamais le mot d’indépendance dans les années 80, et puis … (lire nos notes du 18 février et du 19 février 2008 sur le Kosovo).

En politique, il convient de ne pas être dupe : chaque mouvement possède sa propre dynamique, et celle de la cause tibétaine consiste à un retour au pouvoir des moines qui avaient un droit de vie et de mort sur les serfs.

Ceux qui manifestent sur le parcours de la flamme aujourd’hui veulent-ils vraiment cette abomination ?

 
Maintenant, prenons un exemple de boycott : les Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Les Etats-Unis ont réussi à entraîner environ 60 pays derrière eux, parce que l’URSS avaient « envahi » l’Afghanistan, pays gouverné par un parti communiste à cette époque-là. De mémoire, il nous revient l’argument des Russes : nous avons été appelés par un gouvernement légitime en vertu d’un traité qui lie les 2 pays.
En droit international, qui contesterait la légitimité de cet appui militaire ? Certainement pas la France, qui intervenait et intervient si régulièrement en Afrique en vertu d’accords similaires.

Quelle est la suite de cette « histoire américaine » ? Soutien massif à tous ceux qui s’opposent au régime communiste afghan, y compris les pires chefs tribaux, et ceux qui deviendront les talibans, soutien à la création d’Al Qaïda : bref, les maux d’aujourd’hui étaient le remède américain d’hier.

 
Nous nous souvenons aussi de la coupe du monde 1978 en Argentine : l’Argentine des militaires tortionnaires VIDELA et consorts. Pendant que la brillante équipe nationale (avec LUQUE et KEMPES, par exemple) gagnait sur le terrain, les opposants mouraient dans les baignoires. Les crevures balançaient ensuite les corps en pleine mer, à partir d’hélicoptères militaires.
Une équipe fut digne : les Pays-BAS. En finale, dès que le coup de sifflet a marqué leur défaite, les joueurs quittèrent le terrain et refusèrent de recevoir leurs médailles de consolation de la main d’un salopard.
Attitude sobre et digne.

 
D’aucuns pourraient s’en inspirer à Pékin.

 
Alexandre Anizy