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Un bon Compagnon

Publié le par Alexandre Anizy

Comme nous pensions relire Montaigne durant l’été, il nous parut intéressant de chercher un écrit de spécialiste universitaire, histoire d’attaquer le Sage avec un autre prisme dans notre besace : c’est ainsi que nous tombâmes sur Antoine Compagnon … et finalement son dernier livre, la classe de rhéto (Gallimard, novembre 2012, livrel au prix exorbitant de 13,99 €)

 

Il nous raconte le bout de jeunesse d’un fils de général débarquant de l’Amérique pour devenir lycéen dans un internat sélect, à l’Ouest : vous voyez de suite le choc de civilisation, entre la vie trépidante de la Grosse Pomme et la torpeur dominicale d’un bourg provincial… A cela s’ajoutent les joies de la collectivité militaire ! Nous sommes sûrs qu’Antoine n’élucubre pas.

En tout cas, c’est joliment écrit :

« En août, je me trouvais encore en Amérique. Je fêtais mes quinze ans et je pensais n’avoir plus rien à apprendre. J’étais élève, depuis plusieurs années, dans une école très libérale. Sans mur d’enceinte, cernée de pelouses et de terrains de sport, riche d’une bibliothèque lumineuse, elle donnait sur la rue, la ville, le pays, l’univers. Mon père était en poste à Washington. Ma mère venait de mourir et, au printemps, j’avais passé l’examen d’entrée au bahut dans le sous-sol du consulat de France. »

Ainsi commence la classe de rhéto.

En lisant ce roman, nous pensions à notre propre expérience, au lycée Margueritte où nous n’étions pas heureux. Mais après des détours, nous entrâmes à l’université où nous traçâmes un parcours personnel, c'est-à-dire quasiment selon nos goûts (très peu d’unités de valeur de contrainte) : on pouvait donc s’épanouir en fac, en ce temps-là.

 

Aujourd’hui, sur les étagères de notre fille, dont la liste des lectures recommandées contient Le bachelier de Jules Vallès et Le petit chose d’Alphonse Daudet, nous ajoutons la classe de rhéto : nous plaçons notre contemporain en excellente compagnie.

 

 

Alexandre Anizy

 

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Christine Lagarde roulée dans la farine à l'insu de son plein gré ?

Publié le par Alexandre Anizy

 

Dans l'affaire de l'arbitrage Tapie, les choses se sont décantées durant la dernière quinzaine, et aujourd'hui encore.

Lors de son audition par la CJR, l'incompétente ministre Christine Lagarde a affirmé que :

«Au moment où j’ai pris mes décisions dans l’affaire Tapie, j’ai déjà indiqué que je n’avais aucune raison de douter de l’impartialité de M. Estoup. Aujourd’hui, avec le recul et au vu des éléments que vous me communiquez, il est évident que mon sentiment est différent…»

En bref, elle ne savait pas, on ne lui aurait pas tout dit...

 

Avant de poursuivre, nous rappelons ici notre hypothèse du 18 avril 2013 :

« C'est pourquoi depuis la décision en faveur de Tapie nous nous sommes interrogés : et si l'incompétente Christine Lagarde n'avait été parachutée que pour son auréole d'avocat ? »

http://www.alexandreanizy.com/article-pourquoi-avoir-choisi-l-incompetente-christine-lagarde-en-juin-2007-117197786.html

 

Aujourd'hui même, on lit dans le quotidien vespéral la lettre d'allégeance de Christine Lagarde à Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa, dans laquelle elle écrit :

« Utilise-moi pendant le temps qui te convient et convient à ton action et à ton casting.

Si tu m'utilises, j'ai besoin de toi comme guide et comme soutien : sans guide, je risque d'être inefficace, sans soutien je risque d'être peu crédible. Avec mon immense admiration. Christine L. »

D'après nous, il convient de rassurer l'incompétente ministre Christine Lagarde : elle a bien été utilisée, notamment son diplôme d'avocat qui crédibilisait son refus de faire appel de la décision arbitrale …



En conclusion (provisoire), nous disons que l'incompétente Christine Lagarde est aussi une grande naïve, qui aurait été utilisée à l'insu de son plein gré.



Alexandre Anizy



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La série de Philippe Pivion

Publié le par Alexandre Anizy

 

Les historiens ont découvert en 1974 que le ministre des Affaires étrangères Louis Barthou était mort le 9 octobre 1934 d'une balle de policier français et surtout de l'incurie du service de sécurité, et non pas de l'arme du révolutionnaire macédonien Vlado Tchernozemski. Pour expliquer ce fait historique, Philippe Pivion fait l'hypothèse suivante : la véritable cible de l'attentat de Marseille était Barthou, et non pas le roi Alexandre Ier de Yougoslavie. Et autour de cette idée, il conçoit un polar, titré Le complot de l'ordre noir (éditions Le Cherche-Midi du Groupe Editis, 2011, en livrel – au prix exorbitant de 14,99 €), dont l'architectonique sophistiquée s'appuie sur une documentation suffisante (nous pensons ici au détour singulier sur l'œuvre de Saint-John Perse).

 

Dans Dès lors, ce fut le feu (le cherche-midi du Groupe Editis, 2012, en livrel – au prix exorbitant de 16,99 €), on retrouve Etienne à l'ambassade de France de Madrid - du fait de sa fonction. Mais le personnage central est Victor de l'Espaing, très jeune membre de la Cagoule, qui s'infiltre sur ordre dans les Brigades Internationales dans le but de saboter l'organisation de l'armée républicaine par tous les moyens. Là encore, les péripéties romanesques s'inscrivent dans le décor historique rigoureux de la guerre d'Espagne (exemple : discours de Dolores Ibarruri la Pasionaria au Vélodrome d'Hiver en septembre 1936).

 

Les accords de Munich de 1938 seront le nœud du troisième opus.

 

Faisant penser à la manière de Jean Vautrin et Dan Franck (les aventures de Boro, reporter photographe), nous avons suivi avec plaisir les personnages créés par Philippe Pivion, parce qu'il a su les individualiser et les rendre vivants dans le tumulte de l'Histoire. Mais de manière subjective, nous soulignons une dégradation du style dans le deuxième volet.

« Mais écrire n'est qu'une partie du travail conséquent qu'a nécessité la réalisation de ces livres, un tiers à peu près. Le reste ce sont les recherches que nécessitent mes sujets - archives et bibliographies. » (Philippe Pivion, entretien du 15 janvier 2013 avec Catherine Ossakowsky sur www.ville-bagnolet.fr )

Dans le finish de sa série, nous espérons que l'auteur soignera la phase d'écriture.

 

 

Alexandre Anizy

 

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Le style de Ramón Diaz-Eterovic

Publié le par Alexandre Anizy

 

Les temps sont difficiles, alors les éditions Métailié ne se mouillent pas trop avec leur collection de polars en allant piocher des pépites sur d'autres marchés. Force est de constater qu'ils ont finement misé avec le chilien Ramón Diaz-Eterovic : grâce leur soit rendue puisque nous avons découvert le détective privé Heredia dans La couleur de la peau (traduction de Bertille Hausberg, en livrel – à un prix excessif).

 

Avec ce héros mélancolique, qui lit beaucoup d'auteurs français, on déambule dans Santiago à la recherche d'un immigré Péruvien (la main-d'œuvre bon marché et hors marché du Chili) qui a mal choisi ses relations : les tripots, les marchands de sommeil, les turfistes, les dileurs... le décor lugubre d'une grande cité. L'ordinaire, en somme. Mais Diaz-Eterovic sait rendre l'humanité de ce monde-là dans les propos de Heredia : la douceur du style est en harmonie avec la nonchalance du privé. Prenons par exemple l'incipit :

« Aux premières heures d'une paisible nuit d'été, le quartier vivait sans broncher la routine de ses vieilles constructions et de ses rues plongées dans la pénombre. Une frange bleue se reflétait sur les courbes lointaines de la cordillère des Andes, refusant de suivre le soleil dans sa mort quotidienne. De mon bureau et avec un peu d'imagination, je pouvais entendre le murmure du Mapocho avançant sur les pierres et les broussailles, sans enthousiasme, transformé en un filet d'eau boueuse, anémique. »

Ajoutons à cela les remarques persifleuses du chat nommé Simenon... et l'on comprendra qu'il est urgent de pénétrer le monde selon Diaz-Eterovic.

 

 

Alexandre Anizy

 

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Sus aux Spens

Publié le par Alexandre Anizy

 

Comme nous étions plongés dans une série relative aux années 30, nous tombâmes sur le premier polar de Muriel et Patrick Spens, titré La traque (Le Cherche Midi, janvier 2010, 364 pages, 18 €) : un ouvrage bien construit, mais nous n'avons pas accroché malgré l'ancrage historique.

 

Pourquoi ? Le style forcément, puisqu'il n'y a pas de saveur personnelle, mais aussi ces passages où les auteurs n'ont pu retenir une plume politiquement correcte, comme par exemple :

« Il fallait faire payer tout cela à la seule pièce faible du dispositif de la Gestapo, celui qui leur avait prêté main-forte contre récompense assurément, les trente deniers de Judas. Boucard ! Oui, l'infâme Boucard ! Le cagoulard, l'ancien proxénète, le raciste patenté à la botte des Darquier de Pellepoix et des "têtes de mort! Boucard, cette grotesque caricature des futurs profiteurs de la collaboration extrême qui s'annonçait. » (p.182),

alors que cet état d'esprit ne nous semble pas psychologiquement réaliste avec le lourd passé PPF (¹) encore récent du flic héros. A vouloir trop bien faire, on finit par y perdre son allemand.

Par conséquent, inutile de suivre les Spens.

 

 

Alexandre Anizy

 

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(¹) : Parti Populaire Français, fondé par l'ancien leader communiste Jacques Doriot(le rival de Maurice Thorez pour le poste de Secrétaire Général du PCF au début des années 30)

 

Mettre Danielle Thiéry au clou

Publié le par Alexandre Anizy

 

Après une vie de flic bien remplie, Danielle Thiéry a infiltré le monde des lettres pour y fourguer des produits banalisés : en semant le trouble chez les lecteurs grâce à ses connaissances techniques, elle parvient à les tenir en haleine jusqu'aux aveux.

 

C'est notamment le cas avec son dernier opus, Les clous dans le coeur (Fayard, 2013, en poche et en livrel), que ses ex-collègues du Quai des Orfèvres, qui forment un jury en étant assistés de lecteurs avisés, ont couronné de leur Prix éponyme.

 

Cette distinction n'est pas imméritée, puisque l'écriture sans chichis est agréable et l'architectonique savante. Malheureusement; l'auteur n'a pas caché les clous de sa malle à outils : alors on dévide la pelote avec lui, quasiment sans surprise.

 

Alexandre Anizy

 

(Nos livrels sont en exclusivité sur Amazon)