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notes politiques

Le Liban 1975-1983 selon Frédéric Paulin

Publié le par Alexandre Anizy

             Pour essayer de comprendre le Liban d’aujourd’hui, il peut être utile de commencer par lire ce premier tome d’une trilogie mené bombes pétantes.

 

Plagiant Jean-Luc Manet dans Livres Hebdo, nous disons que Frédéric Paulin, en digne journaleux, novélise le marasme libanais avec son Nul ennemi comme un frère (Agullo, 2024). Sanglant et désespérant.

            On y voit la naissance du Hezbollah, le massacre des Palestiniens dans le quartier de Sabra et le camp de Chatila par les phalangistes chrétiens avec la bienveillance de l’armée israélienne, l’ivresse du pouvoir chez Mitterrand, les débuts d’Action directe, l’opportunisme de Chirac, le raid des Super-Etendards français sur Baalbek et la polémique qu’il déclencha, etc. On suit sans y croire les amours improbables d’une juge… tout va à tombeau ouvert.

 

Pour ceux qui ont connu cette époque, le roman est un rappel des faits avec une mise en perspective. Pour les autres, un pédagogue pourrait dire que c’est une entrée en matière sans prétention. Mais est-ce le but recherché par Paulin ?  

 

Alexandre Anizy  

 

Sandrine Rousseau vote contre l'abrogation de la loi scélérate de retraite à 64 ans

Publié le par Alexandre Anizy

            Sans vergogne, Sandrine Rousseau s’est rangée dans le camp antisocial.   

Comment devient-on une parlementaire pourrie sous couvert d’une douteuse « pureté idéologique » ? La semaine dernière en Commission des affaires sociales*, la députée de la 9ème circonscription de Paris Sandrine Rousseau a voté contre la proposition d’abrogation de la loi scélérate de retraite à 64 ans.

Tout simplement en s’abstenant, ses collègues du soi-disant Nouveau Front Populaire (LFI, PS, EELV) ont carrément enterré la proposition.

 

Avec des élus de cet acabit, les gens de peu pourront crever au boulot.   

 

Alexandre Anizy  

 

Source : Les Echos du 24 octobre 2024, Hadrien Valat.

 

 

De quoi Lucie Castets est-elle le parangon ?

Publié le par Alexandre Anizy

Sortie du chapeau pour le poste de Premier Ministre lors de la conciliation du Nouveau Front Populaire à la fin du mois de juillet, les Français sont en droit d’en savoir plus sur ce perdreau politique.


    Mme Lucie Castets est née à Caen il y a 37 ans. Après son baccalauréat en 2005, elle entre à l’IEP Paris pour des études en affaires publiques (1) : elle fera son stage de 3ème année de BA au Consulat de France à Shangaï ; puis son Double Master en Politiques Publiques de Sciences Po (1 an) et London School of Economics (1 an).
N.B. : se prétendre économiste avec çà, c’est faire injure aux étudiants qui plongent dans le cursus d’économie de 5 ans.  
Mme Castets enchaîne avec l’ENA (2012-2013), débute dans la vie active en janvier 2014 (Direction du Trésor), entre à la Mairie de Paris en septembre 2020 où elle ne devient Directrice des Finances et des Achats (2) qu’en octobre 2023 seulement : c’est dire que Mme Castets n’a fait que suivre un parcours ordinaire de haut fonctionnaire…

    Enacrate depuis 2014, Mme Castets appartient à ce que l’économiste Pierre-Yves Gomez appelle la technocratie spéculative, dont l’ordre hiérarchique se décompose en 3 niveaux : l’élite, les paramétreurs, les bureaucrates. Font partie de l’élite « ceux qui, dans l’administration publique, contribuent à la financiarisation : les très hauts fonctionnaires des finances en particulier, qui orientent la politique fiscale, l’engagement ou le désengagement de l’Etat ou les normes juridiques et comptables. » (3) N’étant pas de ce niveau, Mme Castets est donc une paramétreuse. La technocratie spéculative forme un tout cohérent, même si « à l’évidence, il existe peu de mobilité verticale entre les niveaux de la technocratie car les compétences, les formations et les réseaux d’appartenance et de pouvoir sont spécifiques. (…) Tous se tiennent donc. » (4) Ainsi depuis 2014, en tant que débutante, Mme Castets participe à la gestion du capitalisme spéculatif, dont voici une analyse partielle : « Le casino spéculatif est rempli de joueurs qui misent l’argent des autres, récupèrent une petite part des gains mais pas les pertes. » (5) Un exemple ? Après la crise financière de 2008, le président Sarkozy de Nagy Bocsa sauva le système bancaire pour un coût de 600 milliards d’euros (l’augmentation de la dette publique)… une dette que la masse des Français, pas l’oligarchie bien sûr, paiera d’une manière ou d’une autre.   

    Dès Sciences Po, l’ambitieuse Lucie Castets entre dans la compétition des technocrates en étant aux gages d’un parti de gouvernement (le Parti Socialiste), car pour vite grimper dans la hiérarchie technocratique, il faut être visible. La communication est donc indispensable. Pour cela, quoi de mieux aussi qu’un Collectif et un Observatoire national de l’extrême-droite dont les travaux sont minces et les résultats insignifiants ? Mais l’essentiel est ailleurs : réseau et présence médiatique sont les deux mamelles de la conquête du pouvoir.  Voilà pourquoi le nom de Lucie Castets est sorti du chapeau à la fin de juillet.
    Etre un perdreau politique non crédible ne gêne pas l’ambitieuse énarque, qui personnellement ne vise que le niveau supérieur de la technocratie spéculative. Le sort des Français lui importe peu.  
Notons le premier couac de son lancement : se prétendre non encartée quand on le fut de 2008 à 2011 au PS (6), qui plus est candidate aux élections régionales de 2015 en Normandie (7), n’est-ce pas être adepte de la post-vérité ?
Notons le deuxième couac : dans un portrait publié hier (8), en page pouvoirs, Dame Castets nous dit que « personne n’a jamais été haut fonctionnaire dans ma famille »… mais quelle famille peut payer les frais de scolarité et de séjour de l’IEP Paris, sans parler de ceux de l’année à la London School of Economics ? Pas les gens de peu en tout cas.  


Pour résumer le personnage Lucie Castets, imitons un philosophe.  
- Qui est Lucie Castets ?
- Une bourgeoise ambitieuse.
- Qu’a-t-elle créé ?
- Rien.
- Que veut-elle ?
- Le pouvoir, tout de suite, comme le bankster Macron en 2017.

(On connaît son bilan : 1.000 milliards d'euros de dette publique supplémentaire et la mouscaille)


Alexandre Anizy

 

(1) Fiche Wikipedia et fiche 75secondes du 23 juillet 2024.   
 (2) Le canard enchaîné du 31 juillet 2024.
 (3 Pierre-Yves Gomez, L’esprit malin du capitalisme, édition poche Litos, octobre 2022, page 55. Un essai intelligent à la portée de tous les esprits curieux.
 (4) Idem, page 59.
 (5) Idem, page 76.
  (6) imMonde du 25 juillet 2024
 (7) La Nouvelle République du 24 juillet 2024
 (8) Paris-Match du 8 août 2024.

Valérie Rabault au service de la finance

Publié le par Alexandre Anizy

            Valérie Rabault montre dans les Echos du 19 juin qu’elle demeure une fidèle servante du système financier.  

 

Allons au cœur du sujet : Valérie Rabault refuse de sortir l’Etat des fourches caudines et léonines de la finance, quand elle s’oppose au mécanisme dit « circuit du Trésor » qui a permis le financement des Trente Glorieuses. Il en résulte que pour elle la politique de la France doit dépendre de la corbeille, i.e. le marché financier avec ses maîtres d’école américains (Standard & Poor’s, Fitch, etc.). Le système financier se goinfre d’argent grâce à des politiciens comme Mme Rabault, qui rabotent les Services Publics et font les poches des pauvres gens pour payer les intérêts de la dette.

 

Utilitariste confirmée (la banque paie mieux que le BTP… lire ici ), socialiste de carnaval, européiste zélée, Valérie Rabault bénéficie d’une quasi pleine page des Echos (propriété du milliardaire Bernard Arnault, citoyen malévole bien connu), pour exposer à sa façon le programme économique du Nouveau Front Populaire avec la tartuferie qui lui sied : à une question relative à la hausse des cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu, cette dame répond qu’elle est « contre toute hausse d’impôt sur le travail »… En solo, Valérie Rabault interprète déjà flouement un programme qui devrait être collectif.

 

 

Les milliardaires et le milieu financier peuvent dormir tranquilles : Valérie Rabault poursuivra son service en faveur du zinzin bruxellois qui cajole la finance et déconstruit la France. La bourgeoisie de labeur et les gens de peu en feront les frais. 

 

Alexandre Anizy  

 

C'est fini d'après Cavafis

Publié le par Alexandre Anizy

            L'incertitude radicale tétanise certains, libère d'autres pour le meilleur et pour le pire.   

 

 

C'est fini

 

Dévorés de peur, assaillis de doutes,

l'esprit tourmenté et les yeux pleins d'horreur,

nous nous évertuons à chercher ce que nous pourrions faire

pour écarter de nous le danger

inéluctable dont l'imminence nous terrifie.

Pourtant, nous nous trompons, ce n'est pas lui sur le chemin ;

les renseignements étaient faux

(ou nous les avons mal entendus, ou mal compris).

Une autre catastrophe, que nous n'avions pas imaginée,

fond subitement sur nous tel l'éclair

et à l'improviste ― trop tard, maintenant ― nous emporte.

 

 

Constantin Cavafis          

(En attendant les barbares, Poésie/Gallimard)

 

Titanic Macron

Publié le par Alexandre Anizy

Ici, il faut bien dire la vérité sur le retour des turbines Arabelle, puisque les imMondes échos ne l’écriront pas clairement (comme 4 - 2 = 2).  

 

 

En 2012, deux imbéciles font entrer un énacrate adolescent au secrétariat de l’Elysée. Aussitôt l’impétrant Macron gère en secret, dans le dos du gouvernement, la cession de la branche énergie d’Alstom à l’américain GE, pour 600 millions d’euros.

N’est-ce pas l’ancien ministre du redressement industriel Arnaud Montebourg qui en 2019 accusait de trahison Patrick Kron¹ ? La liste des présumés innocents mériterait d’être complétée.

Fin mai 2024, le bankster Macron devenu président claironne fièrement dans la presse régionale que la France retrouve sa souveraineté nucléaire avec les turbines Arabelle rachetées à GE par EDF pour un montant de 1,1 milliard d’euros.

Soit un surcoût de 500 millions d’euros.

Et pire encore ! En effet, GE a remplacé le « contrôle-commande » des turbines par son propre système : comme c’est une technologie américaine sensible, elle relève des législations EAR et ITAR qui contrôlent les exportations… c’est pourquoi EDF devra dire au gouvernement américain qui sont ses clients potentiels, ses projets, pour obtenir l’autorisation américaine de vendre.      

Elle est où la souveraineté, elle est où ? Pas là en tout cas !

 

Cette affaire, et d’autres comme Gemalto et Atos, montre le dépeçage de la France, ce que nous avions prévu dès 2016².  

 

Alors soyez-en sûrs : le dépouillement va se poursuivre. Malheur au pays dont le roi est un enfant³ !

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) « "Monsieur Kron (ex-PDG du groupe Alstom, ndlr) a trahi son pays en vendant pour se protéger personnellement et éviter la prison en raison des actes condamnables reprochés par la justice américaine", s’indigne Arnaud Montebourg (…) ». Marianne, Marie Chéreau, site web, 12 juillet 2019 à 19h.

 

(²) Alexandre Anizy, Bel-Ami Macron en marche dans la cour des miracles :

http://www.alexandreanizy.com/2016/04/bel-ami-macron-en-marche-dans-la-cour-des-miracles.html

 

(³) En 2018, la philosophe Chantal Delsol parlait ainsi d’Emmanuel Macron : « Sa désinvolture patricienne, son intelligence de mandarin surdoué, tout en lui brillait. Pourtant, les Français ont senti très vite ce mépris même pas dissimulé, qui révélait la gloire de soi et le sentiment de toute puissance, toutes choses qui ne sont pas des caractères d’adulte, ou bien d’un adulte resté enfant. (…) Il est narcissique, centré sur soi-même, voit le monde à ses pieds. (…) Pour gouverner, il faut estimer le moindre citoyen, ce qui n’est pas donné à tout le monde – méprisants s’abstenir. Or notre président est un technocrate qui croit qu’il faut être sachant pour avoir les bonnes réponses – d’où cette manie de vouloir expliquer, comme si les citoyens étaient des élèves ou des enfants. Expression typique de notre mandarinat, incarnation désincarnée (si on peut oser cet oxymore) de notre élite à concours. » Figaro, La politique n’est pas un conte de fées, 14 décembre 2018.

 

 

Le cadavre de la diplomatie française

Publié le par Alexandre Anizy

A l’heure où l’Etat israélien va déclencher une effroyable riposte au massacre commis par les fanatiques du Hamas, il est vraiment temps pour la France de faire son point diplomatique, puisqu’elle n’a ni boussole, ni voix crédible. Nous le ferons ici à partir de deux exemples.    

[sur Front populaire] 

https://frontpopulaire.fr/opinions/contents/la-diplomatie-francaise-est-un-cadavre-a-la-renverse-partie-1_tco_25904792

 

https://frontpopulaire.fr/opinions/contents/la-diplomatie-francaise-est-un-cadavre-a-la-renverse-partie-2_tco_25904962

 

Extraits ci-dessous.

(…)  

Selon nous, la France a tort de continuer à "faire comme si" un Etat palestinien viable était encore possible. La diplomatie consiste notamment à prendre en compte les réalités géographiques, économiques, démographiques, pour proposer un objectif rationnel et raisonnable. C’est pourquoi, comme l’a écrit Renaud Girard, « sans création d’un Etat palestinien viable, Israël n’aura pas d’autre choix que de devenir un Etat binational. »¹², ce qui suppose l’abrogation de la loi discriminatoire du 19 juillet 2018.

Nous savons que la route sera longue et semée d’embuches.

Pour autant, est-il sage de baisser les bras, détourner les yeux devant les injustices et les violations du droit international, en répétant le mantra de la communauté internationale pour se donner une bonne conscience morale ? Non, parce que l’Histoire nous apprend que l’aveuglement conduit inéluctablement au pire.

C’est pourquoi la France s’honorerait en prônant la solution d’un seul Etat binational.

(...)

[en Ukraine] 

Dès lors, que fait la France ? Elle applique une ligne diplomatique incohérente (Front populaire, notre article du 22 septembre 2022), qui est contraire aux intérêts du pays.

(...)

En conclusion de cette analyse des deux conflits qui bouleversent coup sur coup l’ordre mondial, notamment dans le rapport du Sud global au Nord sous emprise américaine, nous disons que non seulement la diplomatie singulière de la France est morte, mais que sa nouvelle doctrine apparaît au reste du monde comme un village Potemkine, qui l’entraîne inéluctablement dans des actions et positions contraires à l’intérêt général du pays : échec au Sahel, incohérence en Ukraine, aveuglement au Proche-Orient…

Ohé ! Politiciens, diplomates et intellectuels de bonne volonté, enterrez ce cadavre à la renverse et changez tout !    

 

Alexandre Anizy  

 

"Les Français sont malades", pense la Borne

Publié le par Alexandre Anizy

            Comme un boomerang, les éléments de langage reviennent dans la gueule du lanceur.  

 

            Pour apaiser la populace, l’arrogante polytechnicienne hors surface nommée Elisabeth Borne pense qu’il faut « respecter un délai de convalescence »¹. Or nul n’ignore que la convalescence est une transition entre la fin d’une maladie et le retour de la santé². Ainsi la première ministre pense que les Français sont malades : en effet, puisque c’est un choix raisonnable, trivialement comptable et sans alternative, comment peuvent-ils être stupidement réfractaires à la régression des retraites malgré le génie de l’élite, son savoir-faire pédagogique et son talent d’imitation des chers pays voisins ? Seule une poussée de fièvre infantile et populiste peut expliquer cette rebuffade, c’est évident.

            Quelle sera la prochaine étape du traitement, notamment pour ceux qui deviendraient des dissidents ? Les meilleurs d’entre nous pressentent que l’opposition de gens à l’ordre institutionnel et républicain, donc démocratique, est une forme de folie : par conséquent, cela relèvera de la psychiatrie. Comme en Union soviétique, il y a 50 ans.

            Serait-ce une cruelle ironie de l’Histoire que de voir les ordo-libéraux finirent en infirmiers léninistes ? Non, les hommes bien informés savent le ver totalitaire dans le fruit libertaire.   

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) dans l’imMonde du 8 avril 2023.

(²) Dictionnaire Larousse.

 

Comment Macron et ses sbires ont acheté des non-grévistes

Publié le par Alexandre Anizy

            Quand le clientélisme ruine la France mais sauve le pouvoir.

 

Citons Le canard enchaîné du 22 mars 2023 (page 3).

« Depuis l’annonce du projet de réforme des retraites, chaque corporation dotée d’un pouvoir de nuisance, comme dirait aimablement le gouvernement, a contacté l’exécutif en lui promettant blocages et grèves paralysantes s’il s’en prenait à son régime particulier. Matignon et les ministres les plus concernés (Transports, Intérieur et Travail) ont vite calmé ce petit monde, au prix de jolies concessions financières. Inventaire non exhaustif de ces lobbys si persuasifs.

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) l’a annoncé le 2 mars, dans un tract à peine triomphaliste : « L’âge légal [de départ à la retraite] ne sera pas touché par la réforme. » Actuellement, les quelques 8.500 pilotes de ligne français peuvent partir à  taux plein à 60 ans ou continuer de voler jusqu’à 65 ans en bénéficiant d’une jolie surcote. Travailler 2 ans de plus en étant privé de surcote entre 63 et 65 ans ? « Inacceptable », a écrit le 8 février, à la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers, le syndicat des compagnies aériennes, Karine Gély, la présidente du SNPL. Qui a exigé un dédommagement financier pour sauver ce bonus. Et le syndicat de rappeler qu’il avait jusque-là « fait le choix d’être une force de proposition plutôt que de [mener] une grève dure ». A bon entendeur, salut !

Clément Beaune [l’énarque à peine sorti de l’œuf qui ne manque jamais de seriner aux Français la gravité du poids des déficits et de la dette publique] le peu hardi ministre des Transports, entend vite. Le 14 février, l’Etat s’engage à financer, à parts égales avec les compagnies aériennes françaises, les 100 millions qu’il va falloir verser en compensation à la caisse des retraites des pilotes d’ici à 2030. Illico, le SNPL annonce « qu’il n’appellera pas à rejoindre le mouvement unitaire du 7 mars ». La peur a donné des ailes au gouvernement.  

            Autres grands perturbateurs potentiels des transports, les routiers (chauffeurs de poids lourd, mais aussi car, convoyeurs de fonds, déménageurs, etc.) sont restés inhabituellement calmes. Pas de blocage du pays, comme redouté ; à peine quelques barrages filtrants sporadiques. Les routiers semblaient pourtant remontés à bloc, entamant même « une grève anticipée » le 5 mars au soir, deux jours avant la grève nationale du 7. Or, au même moment, le ministre des transports négocie sans relâche. Le 6 mars, à quelques heures de la manifestation nationale, Clément Beaune adresse un courrier aux syndicats, annonçant que le gouvernement accepte de prolonger jusqu’à 2030 le congé de fin d’activité, une sorte de régime spécial qui permet aux routiers de cesser le travail 5 ans avant l’âge légal en conservant 80 à 100 % de leur salaire net. Un « engagement majeur (…) auquel peu de syndicat s’attendaient », s’est vanté le ministre auprès des Echos (10/3). Il coûtera plus de 1 milliard aux finances publiques. »

            Pour les fonctionnaires aux tâches fatigantes ou risquées (policiers, pompiers, gardiens de prison, éboueurs, etc.) qui bénéficient d’un départ anticipé à la retraite, un avantage que le projet de loi supprimait ? Plus de suppression pour « encourager ces fonctionnaires actifs à rester passifs devant les appels à la grève ».  

 

 

Tout est dit, n’est-ce pas ?

Maintenant Françaises, Français, les matraques promptement vont sortir, et même pire s’il le faut (ça commence dès cet après-midi, plutôt en fin de manifestation à l’Opéra, un étrange terminus en plein cœur de Paris accepté par la préfecture… un certain Laurent Nuñez-Belda).  « L’ordre républicain … l’ordre républicain …. L’ordre républicain … », a répété hier le bankster Macron.  

 

Alexandre Anizy  

 

Pour les retraites chers députés voyez Bernard Arnault et quelques autres citoyens malévoles

Publié le par Alexandre Anizy

            Être citoyen d’un pays, c’est y avoir des droits et y remplir des devoirs, notamment le plein paiement des impôts et taxes qui contribuent au bien-être de tous les membres de la collectivité (i.e. des logements décents, un système de santé à la hauteur, des enfants au ventre plein le matin à l’école, etc.). Mais certains Français jouissent pleinement de leurs droits et s’exonèrent partiellement ou entièrement de leurs devoirs en toute légalité… ou pas : ce sont des citoyens malévoles.

 

 

Comme ces mauvais payeurs se permettent en plus de donner des leçons d’économie (Bernard Arnault), de patriotisme (Liliane Bettencourt¹), et tous de faire la morale aux autres, notamment aux grévistes qui « prennent en otages » les usagers des transports publics, alors aujourd’hui grâce à un juge canadien nous ajoutons quelques noms à la liste non exhaustive des citoyens malévoles.

Pour mettre en exergue l’ampleur du mal, commençons par le seigneur non cité par notre source, première fortune mondiale et à coup sûr grand malévole : Bernard Arnault. Le 1 février 2023, le Canard enchaîné² nous apprenait ainsi : « En 2019, Arnault a déclaré un peu plus de 280 millions revenus. Qui se décomposent en 10 misérables millions de salaires et un peu plus de 270 millions de plus-value sur des ventes d’actions (…). Surprise : sur ce pactole, l’homme le plus riche du monde ne paie qu’environ 50 millions d’impôt (la loi nous interdit de donner le chiffre exact). Soit un taux d’imposition de 18 %. C’est ce qui est appliqué à un couple sans enfant gagnant 150.000 euros par an… Très loin de la tranche supérieure du barème : 49 % (avec la contribution sur les hauts revenus). » Pour les dividendes (environ 1 milliard), dont on ne parlera pas ici tellement l’indécence touche à son comble, il paya un impôt riquiqui d’environ 10 millions qui à terme l’amènera à un taux de 12,8 %. Qui peut "dire aussi mal" en France ?

Dans le resquillage légal³, le seigneur Bernard Arnault lui-même : il « est parvenu à régler sa succession au profit de ses enfants en réduisant de 45% à 6,5% les droits afférents, selon Le Canard Enchaîné. (…) L'hebdomadaire satirique, qui cite "des confidences de proches" de Bernard Arnault, explique que l'opération s'est déroulée en deux temps, dont le premier acte remonte à 2005 (…). Bernard Arnault crée à l'époque une holding, nommée Pilinvest, chargée de recueillir les actions du groupe Arnault, qui contrôle toutes ses sociétés, selon Le Canard⁴. Bernard Arnault y transfère progressivement 90% de ses titres, en toute discrétion, souligne l'hebdomadaire. Il cède ensuite à ses cinq enfants la nue-propriété de 49% de ses titres, et n'en conserve que l'usufruit, c'est-à-dire les dividendes et les droits de vote attachés à ces actions. Mais cet usufruit disparaîtra le jour de son décès et ses enfants en deviendront alors pleinement propriétaires, précise Le Canard. Il ajoute qu'une fondation, Proctinvest, est chargée de s'assurer que les héritiers ne démembrent pas l'empire qu'il a bâti. Pour calculer les droits de donation, le fisc français est contraint d'appliquer une première décote puisque le don en usufruit fait perdre aux actions cédées la moitié de leur valeur, explique le journal. Il ajoute que les héritiers ont par ailleurs signé un pacte, prévu par la loi Dutreil, en vertu duquel ils s'engagent à ne pas vendre leurs titres avant deux ou six ans, ce qui induit une seconde décote de 75%. Dernier point, les actions cédées à l'époque ont doublé en valeur, souligne-t-il. L'ensemble de ces opérations ont permis d'éviter d'appliquer le taux officiel de 45% et de ne payer que 6,5% de la valeur actuelle du groupe, dont la valeur est estimée à 30 milliards d'euros, selon le journal. » Challenges.fr (6 février 2013, à 19h06)

            En matière de resquillage légal, pour ceux qui s’intéressent à ce triste sire en tant que patron de l’empire LVMH, nous les renvoyons par exemple aux articles de l’imMonde du 19 septembre 2012⁵ et du Canard enchaîné du 12 octobre 2016.  

Si le juge canadien Bernard Synnot ne cite pas Bernard Arnault, en tout cas dans l’article du Journal du Dimanche qui a lu son jugement rendu le 26 janvier 2023 dans l’affaire « Blue Bridge », il donne des noms. « Au fil des 67 pages de son jugement, on croise ainsi « les familles Charoy, Coste, Boissonnas, Lebel, Verger ». Et puis Robert et Nicolas Monnier (trust Bonaventure), héritiers du peintre Henri Matisse, leur père Bernard (trust Baryton), sa seconde femme Virginie Lehideux-Vernimmen (tous deux décédés) et le fils de cette dernière, Arnaud de Caumont La Force (trust Lagune), Michèle Robineau-Mouton et son fils Patrick Mouton (trust Nipigon), la famille de Bernard Lanvin ou encore Julie Barlatier (héritière d’une famille d’entrepreneurs provençaux).⁶ ». « En 2019, le Journal de Montréal révélait le scandale. En 2021, Capital puis Libération donnaient les premiers noms : les frères Seydoux (plus de 1 milliard d’euros dans 14 trusts), Hubert Guerrand-Hermès (décédé en 2016, avec 500 millions dans des trusts, dont les héritiers ont depuis régularisé leur situation avec les services fiscaux), l’ancien maire de Vittel Guy de la Motte-Bouloumié (décédé en 2022, il avait appelé ses trusts Evian et Badoit), la scénariste Danièle Thomson⁷ (qui assurait à Libération que ses deux trusts, soit 1 million d’euros, étaient en règle avec l’administration fiscale), un héritier des cafés Richard, un autre des pastilles Pulmoll…⁶ ».

 

 

            En conclusion, nous paraphrasons un docteur très médiatique en disant que "c’est bon à savoir" à qui on a affaire. Un citoyen malévole n’a qu’une patrie : son portefeuille.

 

 

Alexandre Anizy  

 

 

 

(¹) Liliane Bettencourt et son mari ont planqué en Suisse plusieurs dizaines de millions d’euros pendant plus de 30 ans. Cela n’empêcha pas cette vieille dame indigne de dire au cours d’un entretien exclusif à TF1, diffusé dans le JT de 20h le 2 juillet 2010, qu’il ne faut "pas faire de mal à son pays". Le top de la fourberie, n’est-ce pas ?

(²) Canard enchaîné du 1 février 2023, page 3.

(³) Nous appelons resquillage légal ce que d’aucuns nomment "optimisation fiscale".

(⁴) Canard enchaîné du 6 février 2013.

(⁵) Le Monde du 19 septembre 2012, page 16 : « Cela aurait permis à LVMH de ne payer en Belgique que 24,2 millions d’euros d’impôts sur 630 millions de bénéfices depuis 2009. »

(⁶) Le Journal du Dimanche du 5 février 2023, page 20.

(⁷) Avec Danièle Thomson (dialoguiste), rions un peu des avaricieux en nous souvenant de La folie des grandeurs, dans la scène où Yves Montand dit à Louis de Funès : « Il est l’Or, il est l’Or, l’or de se réveiller, mon seign’or… »

 

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