Rimbaud
Fugues et fronts rimbaldiens.
Partir ou périr,
Mais sans gauchir l'Idéal ―
Zist zest absolu.
Alexandre Anizy
(Extrait d’un recueil en préparation)
Ecrivain - Economiste. Propos sur l'économie, la littérature et la politique.
Fugues et fronts rimbaldiens.
Partir ou périr,
Mais sans gauchir l'Idéal ―
Zist zest absolu.
Alexandre Anizy
(Extrait d’un recueil en préparation)
Où loger à Gérardmer, été comme hiver ?
Comme les Vosges deviennent tendance, nous signalons une adresse de qualité (ambiance chalet) : le relais des Bas-Rupts. Y allant pour le ski ou la randonnée, vous pourrez aussi tomber à l’eau !
Vous pourrez patienter devant la cheminée du bar en sirotant un cocktail maison, avant les repas. Dans la carte du chef, nous avons notamment apprécié comme Paul Bocuse les tripes au riesling, à la crème et moutarde, de même que la casserolette d’escargots à l’oseille et l’original Picon bière glacé, écume de bière et cacahuètes Chou-Chou.
Aux Bas-Rupts, vous ne serez pas déçus !
Alexandre Anizy
Heureux ceux qui découvriront ce livre !
Il s’agit du roman La réparation du monde (éditions Liana Levi, 2021) de Slobodan Šnajder, un intellectuel croate qui a forcément lu le chef-d’œuvre Migrations du serbe Milos Crnjanski (lire ici ), et qui a écrit une épopée différente à commencer par le style, moins doux mais plus drôle et sarcastique.
Donnons quelques exemples.
« Un ami de son père lui disait : si nous autres Allemands n’y introduisons pas de l’ordre, ces tribus balkaniques finiront par s’égorger jusqu’à la dernière. Les Allemands à présent sont là, se dit Georg, et pourtant rien n’a changé sur ce plan. » (p.103 de 571)
« Un soldat qui en pleine guerre veut être un civil est un cas exemplaire de somnambulisme. » (p.242 de 571)
« Partout dans le monde les jeunes sont semblables, plus semblables que les vieillards qui, écrasés par la vie, la portent sur leur visage comme une empreinte, un spasme ou un tic. Partout dans le monde les jeunes sont une feuille de papier vierge. Il se peut que tout soit lié au joueur de flûte bariolé de Hamelin, que la jeunesse suivra toujours, vers le bien comme vers le mal… Elle partira telle une colonne de rats pour se noyer dans le premier torrent venu si ce n’est dans la Méditerranée comme dans la croisade des enfants. La jeunesse suit son pasteur, le joueur de flûte aux vêtements multicolores, mais la différence entre le bien et le mal est si honteusement étroite que rien n’est impossible. Pourquoi le costume de ce flûtiste est-il multicolore ? Parce qu’il est fait de tous les drapeaux au nom desquels on a tué en ce monde. » (p.465 de 571)
Plutôt que le dernier viol (pardon : livre) de Christine Angot, lisez le chef-d’œuvre de Slobodan Šnajder.
Alexandre Anizy
Le général Thierry Burkhard, nouveau chef d’état-major des armées, présente aujourd’hui sa « vision stratégique » devant les députés de la Commission de Défense. Hélas, rien de nouveau sous les képis ! A leurs décharges, il est vrai que le chef exécutif de la Ligue libérale-radicale dirige tout sous la Ve république.
Le général Burkhard a développé devant la presse une formule, plutôt qu’un concept : gagner la guerre avant la guerre. De quoi s’agit-il ? Le triptyque paix, crise, guerre ne colle plus au temps présent, a fortiori au proche avenir. Il n’y a plus de phases de paix, mais des phases de compétition, puis de contestation pouvant aboutir à l’affrontement.¹ La compétition est en fait multidimensionnelle : informationnelle, économique, juridique, spatiale, diplomatique, militaire… La France, tout en cherchant à éviter l’affrontement, doit être capable d’agir dès la phase de compétition.¹
Rien vraiment de neuf, puisque le général Vincent Desportes écrivait déjà en 2008 : « Plutôt que de rechercher la compétition sur le champ d'affrontement de la haute-vitesse et de la brièveté dominé par les forces occidentales, l'adversaire probable investit les luttes politiques longues et les bras de fer psychologiques ; il planifie sur des décennies et évite notre bataille parce qu'il n'a nul besoin de victoire tactique. » L'adversaire va opter pour des « stratégies de contournement dans les espaces où il peut lutter à armes égales, l'infosphère et l'espace humain où se modèle donc la guerre probable ».²
C’est sous Barak Obama que l’Empire américain a compris la menace chinoise et décrété la guerre multidimensionnelle. Ainsi, avec l’affaire des sous-marins australiens qui n’est qu’un épiphénomène de cette lutte, la France vient de recevoir un camouflet. Comme a dit le général américain Hagee, « le succès dépendra moins de notre capacité à imposer notre volonté que de notre aptitude à modeler les comportements, des amis, des adversaires et, ce qui est plus important, de la population »³. (C’est nous qui soulignons) Le modelage fonctionne bien, puisque comme nous l’avons immédiatement écrit dans une note (lire ici ), la France persistera à miser stupidement sur l’OTAN, cet outil américain de sous-traitance : l’état-major des armées indique Il ne faut pas lâcher pour la coopération avec les Américains et au sein de l’OTAN.⁴
On peut donc dire que, comme Gamelin, Thierry Burkhard habille de jolies formules les vieilles lunes.
Ah ! Il y aurait un vent de fraîcheur dans les crânes de l’état-major ! Le recours à des sociétés privées (…) n’est pas officiellement un sujet sur la table à ce stade pour le chef d’état-major des armées. Mais d’aucuns savent, au sein des milieux de la défense, que derrière la guerre avant la guerre la question se pose avec acuité.⁴ Dit autrement, on va privatiser partiellement la défense des intérêts et de la souveraineté française.
C’est une extension du domaine de la prédation, un « progrès » qui ne peut que plaire au bankster Macron.
Alexandre Anizy
(¹) Mots du général Burkhard repris ou reformulés par Nicolas Barotte dans le Figaro du 5 octobre 2021.
(²) Général Vincent Desportes, La guerre probable – penser autrement, Economica, 2ème édition 2008, pages 35 et 36. Lire notre billet sur ce livre :
http://www.alexandreanizy.com/article-la-guerre-probable-selon-vincent-desportes-116031869.html
(³) Cité par Vincent Desportes, page 36.
(⁴) Elise Vincent, dans l’imMonde du 6 octobre 2021.