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Nicolas Dupont-Aignan et ses 3 propositions (IV)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Nicolas Dupont-Aignan considère que l'affaire France Trésor (lire la note II précédente) vaudra celle du Mediator : « Même silence coupable, mêmes conflits d'intérêts, mêmes conséquences dramatiques. » (p.69). Il n'a pas tort. Mais au jour d'aujourd'hui, les victimes n'ont pas encore compris le drame.

Anticipant une prise de conscience des citoyens, à laquelle il contribue avec son livre « l'euro, les banquiers et la mondialisation L'arnaque du siècle » (éditions du Rocher, avril 2011, 154 pages, 13 €), le courageux député Nicolas Dupont-Aignan avance des propositions chocs pour donner une perspective à la révolte qui gronde.

 

D'abord, il faut sortir l'euro (la nuance est importante), et retrouver le pouvoir de création monétaire :

« [les banques] perdront leur toute puissance spéculative – qui repose actuellement sur une inflation monétaire dont elles détiennent le pouvoir et le bénéfice exclusif ». (p.126) ;

« En finançant de nouveau l’État par la Banque de France, nous serons en mesure d'investir pour l'avenir (...) » sans payer des intérêts importants comme aujourd'hui ;

Ensuite, il faut réformer le système bancaire en séparant nettement les banques de détail et les banques d'investissement ; pour faire bonne mesure, et casser l'entente objective actuelle, il faut nationaliser une Grande Banque ;

Enfin, pour l'Europe monétaire à construire après avoir sorti l'euro(mark) actuel du pays, la France proposerait à ses partenaires :

  • de transformer l'euro en ECU, i.e. la monnaie commune de réserve ;

  • de recréer un Système Monétaire Européen (SME) avec des parités fixes mais ajustables ;

  • de rétablir un contrôle des changes avec frontières pour les pays qui le souhaitent. (Cf. p.141-142)

Une Europe, de l'Atlantique à l'Oural, serait à nouveau possible.

 

 

Nicolas Dupont-Aignan ambitionne de « dompter une économie mondialisée de prédation qui épuise les peuples » (sic) : son programme minimum est un bon commencement.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

 

Nicolas Dupont-Aignan contre l'Europe vassal des USA (III)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Pour les oligarques, l'euro c'est notre problème et leur poule aux oeufs d'or.

« Aujourd'hui il ne faut pas se mentir. C'est eux ou nous. Eux qui restent ou nous qui en sortons. »

Nicolas Dupont-Aignan (« l'euro, les banquiers et la mondialisation L'arnaque du siècle », éditions du Rocher, avril 2011, 154 pages, 13 € ; p.97)

Mais que veulent-ils exactement et quelle est leur méthode d'action ?

Alain Peyrefitte au début des années 60 a décrit la méthode :

« C'est le système Monnet. Il consiste précisément à créer des institutions dont on ne peut sortir qu'en accroissant la dose de supranationalité. Chaque difficulté nouvelle nous entraîne dans un engrenage qui pousse un peu plus à l’État fédéral et dessaisit un peu plus les gouvernements nationaux. » (cité p.101)

Le commissaire européen Thibaud de Silguy ne disait pas autre chose quand il comparait l'euro à « une autoroute sans sortie ».

Concernant l'objectif, nous rappelons ici le livre de Jean-Pierre Chevènement titré « la faute à Monnet ».

Nicolas Dupont-Aignan cite l'ancien député européen Jean-Louis Bourlanges qui résume bien leur ambition :

« L' Europe est un héritage, mais l'Union Européenne est un projet politique. »

C'est pourquoi l'entrée de la Turquie dans l'UE va de soi dans cette vision de l'Europe qui « consiste à faire du continent un sous-ensemble géographique de la mondialisation et du libre-échange total » (p.103)

Pure affabulation ? Pas du tout. C'est déjà écrit dans le discret "Agenda Transatlantique", « avatar du traité de l'Atlantique Nord ayant créé l'OTAN en 1949, qui prévoit la constitution, à l'horizon 2015, d'une zone unifiée de libre-échange des 2 côtés de l'Atlantique et la multiplication des ponts de toutes natures (y compris politique et institutionnelle) ». (p.104-105)

Si l'oligarchie française est une et indivisible , sa représentation politique est segmentée pour ratisser large, assurant ainsi une domination sans partage dans tous les lieux de pouvoir. Edouard Balladur et Dominique Strauss-Kahn sont les plus fervents partisans de cet atlantisme qui a son parti, l'UMPS.

 

Vous pensez peut-être que Dupont-Aignan vire paranoïaque ? Vous auriez tort. Il existe un officiel "Conseil européen des relations étrangères" , où l'on trouve Pierre Moscovici (dans ces officines, toujours prêt pour servir celui-là, sorte de double PS d'un Pierre Lellouche), Dominique Strauss-Kahn, Pascal Lamy (le social-traître patron de l'OMC), Lionel Jospin, Daniel Cohn-Bandit, Alain Minc, un Conseil « qui publie d'étranges conclusions sur un "new deal pour l'eurozone", "pourquoi l'Europe est la nouvelle Allemagne" ou "à travers l'Europe post-américaine" » (p.107).

Maintenant vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas. (à suivre)

 

Alexandre Anizy


Vers une restructuration de la dette grecque et le cas Daniel Cohen

Publié le par Alexandre Anizy

 

Il y a un an à peine le premier ministre grec lançait son appel à l'aide financière internationale, ce qui aboutit à une tutelle du pays par l'Union Européenne et le FMI, dont le grand objectif était de ne pas pénaliser les détenteurs privés de la dette (comprendre les banques) par une restructuration drastique. Des gens qui se prétendent sérieux (mais étaient-ils sincères ?) comptaient sur le remboursement des 340 Milliards d'euros de dette d'ici à 2013, après le renflouement de 110 Milliards, mais également sur le retour de la Grèce sur les marchés obligataires, alors que ce pays paie au jour d'aujourd'hui des taux d'intérêt de 18 % pour les prêts à 2 ans !

En vérité, l'échec de ce plan de sauvetage nous l'avions annoncé dès le 2 mai 2010 (tout en esquissant le schéma d'une autre politique de redressement). Lisez attentivement cette note :

http://www.alexandreanizy.com/article-une-autre-solution-pour-la-grece-suspendre-le-paiement-de-la-dette-publique-sortir-de-l-euro-relocaliser-le-financement-de-l-etat-49647294.html

 

La Grèce est donc déjà à nouveau incapable d'honorer sa dette, malgré la saignée infligée au corps social. Et pour y remédier, le sinistre Georges Papandréou prévoit un autre plan d'austérité accompagné d'une braderie des actifs de l'Etat. Cette fois-ci, la restructuration, bien que non sollicitée officiellement, est aussi à l'ordre du jour : elle est maintenant possible sans léser les créanciers privés, i.e. les banques (on y revient toujours …).

 

 

Alexandre Anizy

 

P-.S : il est intéressant de relire ce que l'économiste français Daniel Cohen, fort présent dans les médias en tant qu'expert, qui ne parle quasiment jamais de son deuxième job, senior adviserde la banque Lazard, disait dans les colonnes du JDD le 11 mai 2010 :

« En la sauvant, nous sauvons l'euro et l'Europe. » (sous-entendu "ça ou le chaos" : le système Monnet en action – lire les notes sur Nicolas Dupont-Aignan) ;

« La bonne analyse est celle de la faillite de Lehman ou de la faillite du Kreditanstalt en Autriche en mai 1931, un an et demi après le début de la crise de 1929. Leur abandon a conduit à une apocalypse financière. » Dont pourrait souffrir son autre employeur, la banque Lazard ?

La crise grecque, c'est aussi un brillant expert en capilotade …

 

 

Nicolas Dupont-Aignan et le scandale France Trésor (II)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Le 22 décembre 1972, le "sinistre ministre" (sic) Valéry Giscard d'Estaing signe une loi qui interdit à l’État de créer de la monnaie pour financer sa dette ou ses investissements (Cf. article 25 de la "Loi de 1973"). Au cœur de l'euro et des traités européens, l'article 123 du traité de Lisbonne (anciennement 104 de celui de Maastricht) « qui interdit à la Banque Centrale Européenne comme à ses succursales nationales de prêter directement aux États et à leurs émanations ».

Nicolas Dupont-Aignan rappelle fort opportunément au début du chapitre 5 de son livre récent (« l'euro, les banquiers et la mondialisation L'arnaque du siècle », éditions du Rocher, avril 2011, 154 pages, 13 €), qui était à l’œuvre dans la mise sous tutelle de l’État au profit des Marchés, c'est-à-dire le milieu financier. Avec « le scandale France Trésor », il révèle comment les Maîtres de la finance ont verrouillé le processus.

 

« Dans un modèle de conflit d'intérêt, (…) il existe une agence de l’État, sous l'autorité de Bercy, qui s'occupe de placer la dette de la France sur les marchés internationaux des capitaux. » (p.80)

Cette agence se nomme France Trésor : elle doit « gérer la dette et la trésorerie de l’État au mieux des intérêts du contribuable ».

 

N'est-il pas troublant de constater que « cette instance abrite une brochette du nec plus ultra de la finance française et mondiale (...) » ? Encore faut-il savoir le détail des Curriculum Vitae des membres de France Trésor, car leurs présentations succinctes sur le site www.francetresor.gouv.fr vous laisseront dans l'ignorance.

Mais Dupont-Aignan rapporte les fruits de son enquête.

 

Commençons par le président de France Trésor (à tout saigneur, tout honneur), Jacques de Larosière : ancien gouverneur de la Banque de France et conseiller du président de la BNP Paribas. Or qui est le champion des Spécialistes en valeurs du Trésor (une vingtaine de SVT) agréés par Bercy ? BNP Paribas.

Si le brillant Jacques de Larosière n'ignore pas le concept de conflit d'intérêt, il faut croire que son éthique personnelle le place au-dessus de l'entendement commun.

Prenons par exemple le cas intrigant de Jean-Pierre Halbron : ancien directeur général d'Alcatel. Que viendrait faire un industriel dans ce groupuscule sélect  ? Il fut aussi l'ancien dirigeant de la filiale française de l'établissement bancaire Wasserstein Perella & Co qui, racheté en 2000 par la Dresdner Bank, devint la Dresdner Kleinwort Wasserstein qui fait partie du cercle fermé des fameux SVT …

Prenons le cas compréhensible de Francesco Giavazzi : professeur d'économie à l'université Bocconi (Milan). Mais Dupont-Aignan a gratté un peu et découvert que le professeur a été accessoirement banquier chez Banco di Napoli …

 

Nous vous laissons découvrir les autres sommités de ce petit monde financier renfermé dans le livre édifiant du vaillant reporter Nicolas Dupont-Aignan.

Comprenne qui voudra.

(à suivre)

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

Nicolas Dupont-Aignan et son arnaque du siècle (I)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Dans son livre récent, titré « l'euro, les banquiers et la mondialisation L'arnaque du siècle » (éditions du Rocher – aller à Monaco pour publier ce document au vitriol, n'est-ce point drôle ? -, avril 2011, 154 pages, 13 €), Nicolas Dupont-Aignan montre à nouveau son talent politique, qui s'appuie notamment sur une connaissance sérieuse des faits, qui sont têtus comme disait Lénine.

 

Ne résistons pas au plaisir de partager avec vous quelques petites cruautés à l'encontre des tenants de l'euro, en reprenant leurs arguments et propos de 1992.

Valéry Giscard d'Estaing (sur RTL, le 30 juillet) : « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (cité p.16)

On peut examiner les chiffres : moins de croissance que les décennies précédentes … donc moins d'emploi.

Martine Aubry (à Béthune, le 12 septembre) : « L’Europe, ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale et moins d'exclusion. » (citée p.16)

Carton rouge plein pour la fille du social-traître Jacques Delors.

Ne soyons pas injuste avec Marie-Ségolène Royal : déjà la madone perçait sous la passionaria mitterrandienne.

 

Passons aux chiffres.

La volonté politique d'un euro fort se traduit par un euro cher, i.e. une surévaluation de 20 à 30 % par rapport au dollar. Conséquences ? En 10 ans, la France voit son excédent commercial de 5 Milliards devenir un déficit, et l'excédent de l'Allemagne est divisé par deux. Pire : la surévaluation encourage les délocalisations. Par exemple, les constructeurs automobiles français produisaient en France 3 millions de véhicules en 2004, pour seulement 1,5 million en 2009 … Divisé par 2 en 5 ans ! Et que fait le fleuron de la technologie européenne ? Selon son président Louis Gallois, EADS doit s'installer en zone dollar, payer ses fournisseurs en dollars, inciter ses fournisseurs à délocaliser leurs productions en zone dollar.

Selon l'économiste Jacques Sapir, 10 % de surévaluation ferait perdre 1 % de croissance ; comme des économistes de la théorie dominante ou comme Nicolas Bouzou* le libéral reconnaissent un manque beaucoup plus faible, nous penchons plutôt pour une fourchette de [0,5 – 0,7] %.

Tordons le cou à une autre contre-vérité : l'euro serait un bouclier. En 2009, l'Europe a une récession de 4 % quand les USA – le chaudron d'où a jailli le poison financier - n'ont que 2,5 % ; pour 2011, la prévision de croissance est de 1,5 % pour l'Europe, mais 3,1 % pour les USA.

« Chaque jour de l'euro est un jour de plus vers l'enfoncement de l'Europe dans une crise structurelle durable. (…) En économie, on finit toujours par payer. » (p.62)

Quant au soi-disant plan de sauvetage de l'euro, qui ne sauve en vérité que les banques, c'est une réponse bricolée laborieusement qui mène à une impasse financière : toutes choses égales par ailleurs, ajouter une dette pour remédier à un problème d'endettement, n'est-ce pas un moyen sûr qui tuera inéluctablement le malade ? C'est aussi une impasse économique : comment la Grèce peut-elle rétablir sa compétitivité sans sortir de l'euro et dévaluer ? En ajoutant plan d'austérité sur plan d'austérité, comme elle s'apprête à le faire aujourd'hui, qui aboutiront à une faillite nationale. Même un Polytechnicien mathématicien qui fait dans l'économie, Jean Tirole, le reconnaît :

« Les aides de l'UE et du FMI sont des solutions indispensables à court terme. (…) D'autant qu'il restera toujours un problème de compétitivité et d'exportation dans certains pays comme la Grèce ou le Portugal, auquel il faudra s'attaquer. »*

 

Tel qu'il est construit, l'euro n'est pas la solution mais le problème de l'Europe.

 

 

Alexandre Anizy

 

* le Monde du 19 avril 2011

 

 

Le murmure d'Anna Akhmatova

Publié le par Alexandre Anizy

 

Le printemps revient avec son explosion de couleurs. Cependant, l'actualité lyrique* nous ramène à l'hiver russe, à l'enfer léniniste, à la douleur de la poétesse Anna Akhmatova.

 

 

J'ai cessé de sourire.

Le vent glacé me gèle les lèvres,

Un espoir de perdu,

Une chanson de gagnée.

La voilà, cette chanson,

Jetée aux rires, aux blâmes.

Elle est intolérable

La douleur du silence amoureux.

 

Anna Akhmatova

17 mars 1915. Tsarkoïe Selo

L'églantier fleurit et autres poèmes

traduits par Marion Graf et José-Flore Tappy

(éditions La Dogana, Genève 2010, 230 pages, 22 €)

 

Comparé au souffle d'Akhmatova, le style révolutionnaire de Maïakovski fait l'effet d'un bruit métallique, comme les coups d'un marteau sur une tête en forme d'enclume.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

* : ces jours-ci, création à Paris-Bastille d' Akhmatova, deuxième opéra moderne de Bruno Mantovani

 

 

Kadogos de Christian Roux

Publié le par Alexandre Anizy

 

La construction alambiquée de ce polar de Christian Roux, « Kadogos » (Rivages Noir, septembre 2009, 316 pages, 8,50 €), nous a incité à en poursuivre sans cesse la lecture jusqu'au point final malgré la fadeur du style.

 

Un tueur à gages spécialiste des victimes en phase terminale, des enfants soldats d'Afrique, un trafic d'organes en Ile-de-France, etc … cela fait beaucoup d'originalité pour un seul livre.

 

En polissant un thème plutôt qu'en en dégrossissant à peine une foultitude, l'auteur gagnerait peut-être en profondeur.

 

Alexandre Anizy

 

 

"Ces deux hommes" de Slobodan Selenić

Publié le par Alexandre Anizy

 

Avec « ces deux hommes » de Slobodan Selenić (Robert Laffont, janvier 1991, 301 pages, 130 FRF), nous sommes à nouveau face à une œuvre de qualité, mais un cran en-dessous de celles que nous avons évoquées ici.

http://www.alexandreanizy.com/article-sous-le-soleil-de-slobodan-seleni-46906180.html

http://www.alexandreanizy.com/article-autre-chef-d-oeuvre-de-slobodan-seleni-meurtre-avec-premeditation-62977618.html

 

L'histoire se passe à Belgrade, dans l'agitation de l'immédiat après-guerre (1945) : le vieux monde représenté par le bourgeois Vladan prend sous son aile protectrice une jeune pousse symbolisée par le kosovar Istref, issu d'un monde pastoral également en voie de disparition.

L'architectonique est brillante, comme le style. L'incipit offre par son rythme et par ses circonvolutions un aperçu saisissant de l'ouvrage :

« Il remarqua la grosse enveloppe jaune sur son bureau dès qu'il passa la tête par la porte entrouverte pour vérifier si l'un des enfants n'était pas pelotonné dans le grand fauteuil où il aimait tant à se prélasser en son absence, et malgré son interdiction, ou peut-être justement en raison de celle-ci, Tanja, Alija et même, ces derniers temps, le petit Čakar. [prononcer « tchakar », ndAA] »

 

Pourquoi n'est-ce pas un autre chef d’œuvre de Slobodan Selenić ?

Si dans la lente montée vers la confrontation l'opposition des caractères est soigneusement disséquée, la dimension sociale (le conflit entre le monde vieux et le neuf) n'est pas traitée à sa juste mesure : un manque qui cantonne trop le roman dans la sphère psychologique.

 

Mais un Selenić en demi-teinte vaut largement dix Angot réussis (oxymoron) !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Avoir 3 longueurs d'avance : le contre-exemple Guillaume Pépy

Publié le par Alexandre Anizy

 

Au printemps 2008, la Cour des Comptes dressait un tableau accablant du chemin de fer français dans un rapport de 170 pages, dont nous avons parlé dans notre note du 25 avril 2008 :

http://www.alexandreanizy.com/article-19035910.html (titre : l'échec du rail (RFF) : l'aveuglement des eurocrates)

 

Dans un entretien (le Monde du 26 mars 2011), le président de la SNCF Guillaume Pépy fait le constat suivant (ne soyons pas naïfs, c'est en partie pour se dédouaner de toute impéritie)  :

« Le réseau ferroviaire s'est dégradé et n'est plus aujourd'hui en situation de supporter correctement le développement du trafic. »

Il ne manque pas d'ajouter, voyant venir la critique que d'aucuns lui adresseront un jour (la qualité d'un grand patron, qui lui fait défaut, n'est-elle pas d'être un visionnaire?) :

« Je suis frappé qu'il y a encore 15 ans les mots d'ordre étaient "fermez les petites lignes" ou "enlevez les rails des centres-villes". (…) Personne, y compris à la SNCF, n'avait anticipé un tel retour en grâce du train. »

Il tire enfin le bilan de la casse de l'outil ferroviaire en 1997 (conséquence logique du fameux livre blanc de 1986 du social-traitre Jacques Delors, assisté du malfaisant Pascal Lamy) :

« Nous allons vers une impasse financière. Notre système RFF – SNCF n'a pas d'avenir. »

Force est de constater que le président Pépy se range à notre avis … de 1997 (ceux qui nous connaissent bien savent que nous le pensions déjà en 1986) : nous sommes donc « en avance de 2 ou 3 longueurs », comme l'écrivait en son temps le chanteur des opticiens (Antoine).

Si Guillaume Pépy est peut-être un grand commis de l’État, il n'est certainement pas un visionnaire.

 

La suite de l'entretien le confirme en quelque sorte.

Pépy apprécie le compromis réalisé par les Allemands pour ne pas couler dans le grand marché européen en ruine instauré par Delors et ses sbires. Pourquoi ?

« Nos voisins ont surtout réglé de nombreux problèmes : désendettement total, prise en charge du surcoût lié au statut des cheminots par le biais d'une caisse spécifique, large financement public par les Länder. »

Que de la finance … avec le contribuable en payeur de dernier recours.

 

Tirons une conclusion de la découverte du président Pépy : à la SNCF, comme au ministère de l’Économie qui prône le rapprochement fiscal, comme la majorité de notre pseudo élite, on pense allemand.

L’Histoire nous a pourtant montré récemment le résultat d'un tel alignement : la débâcle.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Jean-Hervé Lorenzi ou le Fabuleux Business d'un économiste intermédiaire

Publié le par Alexandre Anizy

 

Nous apprenons que Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes (nous évoquerons un jour ce Cercle de l'esprit disparu), va polluer d'un nouvel opus doxique les étals des librairies, un livre titré « le Fabuleux Destin d'une puissance intermédiaire » (Grasset), à partir du 6 avril. Il godillera sur une rivière lénifiante qui parle d'une France pas si mal lotie, le mantra bien connu d'un certain Michel Godet.

Il faut se faire une raison : les médias n'ont pas fini d'inviter cet "expert" pour étouffer les paroles libres en occupant l'espace.

 

Nous ne voudrions pas poser en donneur de leçons (nous lui laissons ce rôle), mais on peut tout de même s'interroger sur son degré de liberté dans ses appréciations, quand on liste les liens (passés et présents) du cumulard Jean-Hervé Lorenzi :

  • président du conseil de surveillance de la société Edmond de Rothschild Private Equity Partners ;

  • membre des conseils de surveillance de la Compagnie Financière Saint-Honoré et de la Fondation du risque créée par AGF, AXA, GROUPAMA et la SOCIETE GENERALE ;

  • membre des conseils d'administration d'ERAMET, de GFI Informatique, de BNP Paribas Assurance, des PAGES JAUNES, de WANADOO, de l'Association française des opérateurs mobiles ;

  • participant au Conseil scientifique de COE-Rexecode et au comité d'audit du CREDIT FONCIER.

Quand il se présente au public en tant qu'expert, Jean-Hervé Lorenzi omet très souvent de donner ce remarquable palmarès … Mais peut-on être un économiste qui pense librement quand on a tant de fils à la patte ?

Lire notre note du 25 mars 2008 http://www.alexandreanizy.com/article-18074074.html

 

En tout cas, le concept de "conflit d'intérêts" n'a pas dû atteindre le cerveau de Jean-Hervé Lorenzi.

 

 

Alexandre Anizy