Le miroir de Nietzsche
La vie est un miroir
Se reconnaître en elle
C'est là ce que j'appelle
Notre premier vouloir.
Friedrich Nietzsche
(Poèmes complets, Les Belles Lettres, mai 2019)
Ecrivain - Membre des Economistes Atterrés. Propos sur l'économie, la littérature et la politique.
La vie est un miroir
Se reconnaître en elle
C'est là ce que j'appelle
Notre premier vouloir.
Friedrich Nietzsche
(Poèmes complets, Les Belles Lettres, mai 2019)
Douleur : explosion, spasmes.
Le fond de la gorge
se dévoile en chair animale,
humide pantelante.
Brutal, ce qui nous tient le plus à l'être.
Dans l'extrême nous retrouvons
la soupe d'origine, où tressaillaient vaguement des cellules.
Marie-Claire Bancquart
(Terre énergumène, Poésie Gallimard)
souvenir
je me souviens d’une rue
étroite et longiligne
une venelle d’une cité
dont je n’ai plus mémoire
la rue donnait sur une petite place
ocre fermée d’un côté
ouverte de l’autre sur un port de pêche
ou de plaisance allez savoir
des bateaux arrimés à des pontons
dansaient au gré des flots
dans le bruissement lancinant des drisses
fouettant les vergues et les mâts
des hommes et des femmes
installés sur la place
autour de tables en bois carrées
recouvertes de nappes à carreaux rouge et blanc
bavardaient en sirotant des cocktails multicolores
à l’abri des bus à toit ouvert
qui rasaient les murs
et le rire insouciant des enfants
le temps était si sombre
qu’il ressemblait au crépuscule
ou à un matin d’automne
à l’heure où le ciel indécis
tarde à appareiller vers le grand jour
le temps passe si vite désormais
que je ne me souviens plus très bien
ni du nom de la ville
ni de celle qui m’accompagnait
peut-être n’y avait-il personne
le temps passe si vite
tellement vite que le soleil même
s’est perdu en chemin
Louis-Philippe Dalembert
(Cantique du balbutiement, éditions Bruno Doucey, 2020)
Si l’on admet le principe qu’un auteur puisse être fétiche, qu’en est-il pour Eva Garcia Saenz de Urturi ?
Ne prenant que les 2 premiers tomes de la trilogie, i.e. Le silence de la ville blanche (Pocket, mars 2022) et Les rites de l’eau (Fleuve noir, livrel 2022), puisque le 3ème (Los señores del tiempo, 2018) n’est pas encore publié en France, il nous semblerait exagéré d’auréoler une autrice dont le style est plus Alafair Burke (lire ici ) que Dolores Redondo (lire ici ), mais rien que par la qualité de son architectonique elle se lit plaisamment.
Alexandre Anizy
Sur l’avenue Georges Ⅴ à Paris, le chef Norbert Tarayre s’est posé au Prince de Galles pour y faire de la bistronomie à un prix décent. Comme on passait par là…
La salle du restaurant 19.20 est une belle réussite : esthétique et confortable. Le service est impeccable puisque le déjeuner a duré une heure, et la carte est attrayante. Un regret ? Pas de vin bio.
Le cromesquis d’escargot et son coulis de cresson est une façon originale de les déguster.
Si le dressage des Tagliatelles maison, pesto de cresson est étonnant, le plaisir simple est dans l’assiette (les nôtres avaient cependant un peu trop d’huile).
Le ris de veau croustillant, céleri rave à la moelle présente un intérêt : le citron en « grains » qui émoustille.
Si comme promis la carte évolue selon les saisons, le chef aura gagné son pari.
Alexandre Anizy
Valerio Varesi s’intéresse cette fois-ci à l’époque et à l’évolution des gauchistes italiens. En France, un auteur qui oserait railler pépé Dany se ferait démolir médiatiquement, tant cet infâme a ses entrées partout (après avoir fourgué la dope macronienne, il fait l’article du mercenaire Raphaël Glucksmann, sans vergogne).
Comme nous avons déjà dit beaucoup de bien sur Varesi (lire ici), il est inutile de nous répéter. Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri (Agullo, 2023) est à lire, un point c’est tout, notamment pour comprendre la suite en Italie.
Alexandre Anizy
Revenons à Cuba avec Leonardo Padura.
Que dit-il de son dernier livre ? « Ouragans tropicaux [Métailié, 2023] est peut-être l’histoire la plus policière de toutes celles que j’ai écrites. Après plusieurs romans de plus en plus faussement policiers, j’ai senti le besoin de pratiquer le genre à fond (…) ».
En effet, le lecteur est gâté : double intrigue, prostitutions, crimes… Dans l’histoire relative à Alberto Yarini, on y apprend que les maquereaux français étaient les caïds des lupanars de La Havane : notre savoir-faire s’exportait bien en ce temps-là !
Si la France a changé, force est de constater qu’hélas Cuba vit sous une autre forme le même dépérissement.
Alexandre Anizy
Patrick Deville dit écrire des romans sans fictions. Il n’a pas tort : Samsara (Seuil, août 2023) est un livre sans réelle intention d’auteur.
Alexandre Anizy
Dans un monde obscurci, le cygne Higashino réconforte.
Nous avons dit déjà tant de bien de Keigo Higashino (lire ici et ici – pour la deuxième note en bas de page notamment – et ici), qu’un nouveau billet pourrait sembler superfétatoire, puisqu’on retrouve le brio de l’architectonique et la faiblesse du style dans son dernier opus titré Le cygne et la chauve-souris (Actes Sud, 2023). Mais, pour ceux qui lisent pour découvrir le monde, il y a dans ce polar diabolique une subtilité du système judiciaire japonais qui les questionnera.
Alexandre Anizy
Cultiver son sol
Demeurer à taille humaine
Eau lumière souffle
Et puis s’accorder
Aux heures mystérieuses
D’une allée de lis
Tresser de tes mains
Le beau sourire des fleurs
Bouquet de jonquilles
Converser avec
Les humbles choses muettes
Bleuets capucines.
Jean-Pierre Boulic
(Laisser entrer en présence, éditions La Part Commune, 2019)