Dans l'actualité de la semaine, deux personnages soulèvent le cœur : Cédric Villani et Yann Moix.
Concernant Yann Moix, nous avons déjà exprimé notre aversion en filigrane de nos billets ( lire ici et ici ). Avec son dernier crachoir, Orléans (Grasset, août 2019), il revisite son enfance, se grimant en martyre pour faire du bruit et du fric : le médiacrate connaît la chanson... Seulement cette fois-ci, le père et le frère donne leur version des faits et la "terreur germanopratine" est démasquée, notamment par la publication de ses textes antisémites : le petit chose moderne se vautre dans l'abjection.
Comment réagit la médiacratie ?
Pour les publicistes littéraires, le canevas des recensions semble être en gros : puisque tous les auteurs mentent, l'imposture de Moix est subalterne par rapport à la qualité littéraire de ses écrits (1). Dans le guêpier médiacratique, beaucoup attendent le jugement de son maître, le milliardaire Bernard-Henri Lévy, pour se positionner.
Pour le colonel d'opinion Laurent Joffrin, là n'est pas l'essentiel du déballage : Moix a nié être l'auteur de ces saloperies dans sa première réponse, voilà la vraie faute de l'accusateur public Moix ! « Il a eu grand tort, dans ce cas, d'affirmer dans un premier temps que ces textes [antisémites] venaient de quelqu'un d'autre. Du coup, l'affaire prend un tout autre sens. Chroniqueur, éditorialiste, moraliste proclamé, il avait donc tu, puis maquillé, un péché de jeunesse difficile à justifier. Il est passé de l'antisémitisme juvénile à l'antiracisme sourcilleux, ce qui est mieux que l'inverse. On peut se tromper, même lourdement, quand on a 20 ans ― même si l'âge n'excuse pas tout. Encore faut-il s'en expliquer sans ambages ». (2) Ah ! s'il n'y avait pas cette esquive minable, Joffrin serait prêt à l'absoudre ― il est vrai qu'en matière d'éthique, Joffrin s'y connaît puisque dans les années 80, Laurent Mouchard à 14 heures tartinait sur la "gauche morale" dans Libération, et à 21 heures dînait avec son papa et son pote Jean-Marie Le Pen.
En bon antisémite, Moix fréquentait amicalement l'extrême droite, notamment Paul-Eric Blanrue qui raconte : « La dernière fois [en 2013], on s'est vus au Royal Pereire [restaurant parisien]. Il avait une sale tête, pas rasé, marqué. Je sentais qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Son roman Naissance [2013] à la rédaction duquel j'avais assisté, étape par étape, j'en ai même écrit cinquante pages, allait sortir. Il m'annonce qu'il allait avoir le Renaudot. "Pour ça, je suis prêt à tout, absolument tout" a-t-il ajouté. » (3) Le parcours de Yann Moix montre en effet qu'il ne recule devant rien, comme un autre spécialiste (dans son genre) le confirme auprès de Marc-Edouard Nabe : « Il a toujours été un opportuniste, comme me l'a dit Thierry Ardisson, son futur employeur. » (4)
Peut-être recalé pour la première fois de sa vie à un examen, le brillant mathématicien Cédric Villani, qui apparemment n'avait pas tout compris du jeu politicard auquel il se livrait (sans calcul, vraiment ?) en participant à la sélection du candidat LREM, a décidé de se venger en présentant sa candidature à la mairie de Paris : "On a insulté mon intelligence exceptionnelle, cela doit être réparé !", pourrait-il dire.
En fait, le sort des Parisiens, c'est le cadet des soucis du grand matheux qui depuis longtemps aspire à d'autres trophées : c'est pourquoi il avait commencé à fricoter avec le Modem, avant de soutenir la favorite Anne Hidalgo en échange de la présidence du comité de soutien... puis en 2017, il devint macroniste pour être député... et aujourd'hui ? « (...) les ambitions du principal intéressé. « Je serai candidat à Paris. La seule chose qui pourrait me faire renoncer... c'est un poste de ministre » a même secrètement lâché Cédric Villani il y a quelques jours à l'un de ses visiteurs. » (5)
Ambition sans conscience n'est que ruine de l'âme. Et c'est ainsi que l'ego courroucé d'un opportuniste va polluer les élections municipales parisiennes, qui ne sont déjà pas folichonnes.
Dans l'actualité de la semaine, les ego hypertrophiés de Villani et Moix donnent la nausée. Alors tirons la chasse !
Alexandre Anizy
(1) Lire par exemple Claire Devarrieux (Libération), Frédéric Beigbeder (Figaro Magazine).
(2) Laurent Joffrin, éditorial de Libération du 28 septembre.
(3) Le Monde du 30 août 2019.
(4) Idem.
(5) Le Parisien du 29 août 2019. Le journal du milliardaire et mauvais citoyen français ( lire ici ) Bernault Arnault, grand promoteur du bankster Emmanuel Macron pour la campagne présidentielle de 2017, ne pouvait pas manquer de rapporter le propos vénal du député Villani.