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La noche de los tiempos de Muňoz Molina

Publié le par Alexandre Anizy

            Pour parler de 36, Antonio Muňoz Molina a décidé en 2012 de le faire de manière consensuelle (1) : "tous des salauds". Ce n'est donc pas avec lui que vous comprendrez la guerre civile espagnole, ce qui ne veut pas dire qu'il faille négliger les informations du terrain (comme dirait un reporteur intrépide et consciencieux) dont il use pour planter le décor de son roman Dans la grande nuit des temps (poche Points, 1006 pages, 9 €). Par exemple, il montre une face croquignole du poète Rafael Alberti dans Madrid bombardé.

            Mais ce livre est avant tout une histoire d'amour.

 

            Plus précisément, il narre le coup de foudre entre un bourgeois établi de 48 ans et une jeune Américaine en voyage. Une sorte de rééducation sentimentale et sexuelle pour un Espagnol déboussolé dans son univers en branle. Si le texte n'est pas exempt d'enflure, il ne sombre ni dans la banalité des scènes, ni dans la médiocrité du style. Mais pour nous, ce qui en fait une œuvre de qualité, c'est son architectonique.

 

            Voilà un livre de plage idéal !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) : être dans le consensus semble un parti pris de Muňoz Molina, si on se réfère à une tribune européiste que Libération (le futur outil de négociation commerciale d'un capitaliste sans patrie fiscale) n'a pas manqué de publier le 15 mai 2014.

 

Le miel de Slobodan Despot

Publié le par Alexandre Anizy

            On ne trouve pas Le miel que dans les bonnes librairies, c'est à dire celles qui ne pratiquent pas que la manutention d'offices : c'est à la bibliothèque municipale Rainer Maria Rilke que nous sommes tombés sur le premier roman de Slobodan Despot (Gallimard, janvier 2014, 127 pages, 13,90 €). Un titre de gourmandise par un intellectuel chevronné et médiatique, un parcours rapide de la quatrième de couverture, ce sont deux choses qui provoquent le stimulus du lecteur en quête. Alors bingo !

 

            Le dimanche suivant l'emprunt, nous lisons sans déplaisir en moins de deux heures. Dieu merci, le partisan Despot nous épargne le manichéisme imbécile, du genre les Serbes sont des salauds et les Croates des enfants de choeur, ou vice versa. Mais quelle déception littéraire !

            En effet, le jeune romancier Despot a voulu compliquer le récit principal en ajoutant le personnage de Véra qui, en soi, serait porteuse d'une autre histoire ... dont il n'est évidemment pas question dans Le miel. Du coup, la complexité devient brouillon.

 

            Ce défaut de construction pour cause d'ambition mal placée ne doit pas vous empêcher de découvrir les premiers pas en fiction d'un intellectuel intéressant, parce que de cette ébauche vous tirerez quelques enseignements.   

 

 

Alexandre Anizy

 

La rancune de l'affligeant Liêm Hoang-Ngoc

Publié le par Alexandre Anizy

            Rejeté de la liste socialiste des Européennes, l'eurodéputé sortant Liêm Hoang-Ngoc a décidé de créer un "club des socialistes affligés" : ce sera son ticket d'entrée dans l'espace médiatique, en plus de sa casquette d'économiste keynésien. La démarche serait estimable, si on n'ignorait pas le passé du triste sire (1).

 

            En effet, tant qu'il était eurodéputé, ce keynésien-là s'exprimait peu dans les médias, et en tout cas sans la pugnacité fortement inspirée de la rancune d'aujourd'hui : lire nos billets de 2009 et 2012 ci-dessous.

http://www.alexandreanizy.com/article-32658578.html

et

http://www.alexandreanizy.com/article-l-economiste-absent-liem-hoang-ngoc-et-la-duperie-de-hollande-112636624.html

 

            Avant d'être affligé, Liêm Hoang-Ngoc est surtout affligeant pour tous ceux qui pensent que l'homme politique doit défendre l'intérêt général plutôt que de quérir un fauteuil bien rémunéré.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

(1) Dans le même registre, nous mettons la désormais sénatrice Marie-Noëlle Lieneman, comme exemple de la version "gauche de gauche" de ce parti radical-cassoulet. Lire notre billet du 17 juin 2009 ci-dessous.

http://www.alexandreanizy.com/article-32748665.html

L'art de la Blitzverkauft de Patrick Kron

Publié le par Alexandre Anizy

            Le Pdg d'Alstom Patrick Kron a mené dans le plus grand secret des discussions avec General Electric, si on donne un peu de crédit au ministre Arnaud Montebourg. Puis il a attisé les feux, pour que l'offre de GE demeurât la seule complète au moment d'un vote précipité du conseil d'administration : l'art de la Blitzverkauf. N'est-ce pas la règle dans la nouvelle grammaire des affaires au temps de la mondialisation ? 

 

            Sitôt le dépeçage d'Alstom  bien accroché, Kron a lancé la phase personnelle de son programme : un plan de communication à faire pâlir d'envie le moindre des perdreaux du global business. Nous ne vous renverrons évidemment pas au magazine populiste dirigé par un fils à maman, puisque l'article affiche un surdosage de cirage : "Comme tous les grands fauves", "c'est un combattant", "il a la peau dure", "il n'a peur de rien", "la tête haute dans l'adversité", etc.  Forcément, dans les 4 pages dithyrambiques, le journaleux n'a pas oublié le petit paragraphe modérateur, histoire d'avoir sa conscience professionnelle toujours en bandoulière : "il est assez agressif et a un don pour se fâcher avec eux. Le client est roi partout, mais pas chez Alstom. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles la société va si mal...". En effet. Mais parlons franchement : ce média peut-il éclairer les lecteurs alors qu'il est dans le FOG ?

 

            Alors, que pensons-nous de ce Kron patron ? Lorsqu'il prend la tête d'Alstom en 2003, le ministre Sarkozy de Nagy Bocsa décide d'intervenir en apportant l'argent des contribuables dans les caisses de l'entreprise. Un grand bol de cash !  Ce qui donna du temps à Patrick Kron pour restructurer le mastodonte. Ni plus, ni moins. Et aujourd'hui, Alstom a de nouveau un besoin impératif de capital. L'histoire se répète donc, mais entre temps, d'aucuns auront pris leurs bénéfices.

 

            Dans cette Blitzverkauft, nous posons la question que personne n'aborde malgré la nouvelle grammaire des affaires au temps de la mondialisation, que 2 exemples édifiants viennent étayer (vente de SFR à Numéricable en 2014 : Jean-René Fourtou aura une fonction correctement rémunérée dans la future structure ; vente de GDF à SUEZ : la rémunération totale Jean-François Cirelli a presque triplé en 2008 (1) pour cause de réalignement sur celles de Suez). Quel pourrait être le bonus - comme ils disent - pour Patrick Kron dans la vente à General Electric ?  

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) CGT.fr du jeudi 9 avril 2009

 

 

Premier amour de Tourgueniev

Publié le par Alexandre Anizy

        Après la rudesse du monde sans pitié de César Fauxbras, il n'est pas interdit de pénétrer dans un autre milieu pour un thème universel (quid novi ? l'amour), surtout quand Tourgueniev tient la plume.

        Pour faire connaissance avec cet écrivain russe, pourquoi pas une longue nouvelle, Premier amour (livrel gratuit), puisque l'auteur y décrit avec beaucoup de subtilité les affres d'un jouvenceau ? Il ne fait pas de doute que vous apprécierez le style limpide et la concision du propos.

 

 

Alexandre Anizy