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L'ami du CAC 40 Dominique Strauss-Kahn = Bolkestein ++

Publié le par Alexandre Anizy

 

A Francfort, le vendredi 19 novembre 2010, l'ami du CAC 40 Dominique Strauss-Kahn s'est lâché un peu.

Vous vous souvenez de la directive bruxelloise, dite Bolkestein, qui voulait autoriser les entreprises françaises à utiliser des "plombiers polonais" (c'était l'exemple pris à l'époque) en fonction des conditions légales en vigueur en Pologne …

 

Bolkestein n'était qu'un petit mécanicien. Avec Strauss-Kahn l'ami du CAC 40, penseur global de l'oligarchie provisoirement affecté au FMI, l'objectif final est exprimé en langage sibyllin : uniformisation de la fiscalité du travail, des prestations sociales en Europe, avec « une approche moins restrictive sur l'immigration ».

Traduisons le DSK : nivellement au plus bas du "modèle social européen", avec porte ouverte aux immigrés pour maintenir un taux moyen de 10 % de chômage, qui facilite la pression à la baisse des salaires.

 

Moralité :

Celui qui bosse au FMI

N'a pas d'ami chez les fourmis.

 

Alexandre Anizy

 

 

L'économiste Pastré oublie le banquier Pastré

Publié le par Alexandre Anizy

 

Les dirigeants des États de l'Union européenne Allemande viennent de décider de secourir les banques irlandaises pour sauver leurs propres banques, à commencer par les Anglaises et les Allemandes. Autrement dit, les contribuables vont payer pour que les bilans et les résultats des banques  européennes ne soient pas touchés par la quasi faillite du système bancaire irlandais.

Interrogé par Libération, l'économiste Olivier Pastré affirme que, dans ce sauvetage, on ne peut pas être contre la mise à contribution des banques, mais que « le faire maintenant serait suicidaire », parce que « nous sommes sur le fil du rasoir. La crise peut s'aggraver. ». Il précise même que « si l'on pense que la crise est terminée, alors il faut faire payer les banques. »

Pour l'économiste Pastré, le timing est primordial.

Vraiment ?

 

Dans cet entretien, évidemment le banquier Pastré, qui a oublié de se présenter, n'a pas pris la parole. Est-ce là une attitude noble ?

 

 

Alexandre Anizy

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (VII)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des notes précédentes portant le même titre)

Un autre champ de bataille est le cyberespace. Nous avons déjà donné les chiffres fournis par François Lenglet et qui attestent de la puissance chinoise en matière informatique. Mais concernant la guerre hors limites, l'auteur montre dans un court chapitre passionnant l'activité intense de la Chine sur ce terrain : 25 % des tentatives de piratage observées dans le monde proviennent de Chine.

D'après un rapport d'experts, l'empire du Milieu aurait 1000 petits génies capables de créer de nouveaux outils de piratage, et des centaines de milliers d'experts pour les utiliser. En 2009, un rapport de Northrop Grumman réalisé pour le Congrès a analysé les attaques chinoises et présenté la méthode patiente, méticuleuse, et savamment orchestrée. D'autres études sont rapidement exposées.

Avec sagesse, François Lenglet n'a pas accumulé les récits d'affaires connus. Sa démonstration n'en est que plus convaincante : la veille tous azimut, le maillage, les infiltrations, la rapidité des attaques, démontrent une direction de structures très mouvantes, qui sont plus ou moins rattachées à l'appareil d'État. Si la Chine possède une loi anti-pirate, elle s'est organisée pour « récupérer des technologies vitales pour le pays ou pour frapper ses ennemis. Dans les deux cas, l'armée joue un rôle-clé, et notamment son 3ème et 4ème départements, dévolus au contre-espionnage. » (p.185)

 

 

Un autre champ de bataille est l'or noir, puisque le moteur économique de la Chine nécessite un approvisionnement toujours croissant de pétrole, mais aussi de minerais, de produits agricoles. Au jour d'aujourd'hui, la phase d'expansion a déjà commencé : la Chine achète partout des actifs, notamment des infrastructures comme en Grèce. « On peut parier que les tentations protectionnistes vont se renforcer en Occident, et qu'elles vont se déplacer du champ commercial à celui des investissements. » (p.204)

François Lenglet n'a pas résisté au plaisir de citer (p.203) Edmond Théry qui écrivait déjà en 1901 : « Le péril jaune qui menace l'Europe peut donc se définir de la manière suivante : rupture violente de l'équilibre économique international sur lequel le régime social des grandes nations industrielles de l'Europe est actuellement établi, rupture provoquée par la brusque concurrence, anormale et illimitée, d'un immense pays nouveau. » (« le Péril jaune », Félix Juven éditeur, 1901)

A contre-courant de la pensée unique, François Lenglet pronostique une demande de règles et de protection, d'autant plus forte que « l'Occident va perdre, dans les années qui viennent, la maîtrise de la mondialisation au profit de la Chine ». (p.204)

 

 

Le dernier terrain de bataille est idéologique, et la Chine marque des points : « Ainsi la Banque Mondiale a-t-elle publié récemment une étude pour détailler ce en quoi les pays émergents devraient s'inspirer de la Chine … » (p.208) Le "Chinese dream" est en marche, et d'aucuns comme Joshua Cooper Ramo parle du "consensus de Pékin" !

En fait, résume François Lenglet, 2 thèses s'affrontent : la vision irénique de l'économiste italo-américain Arrighi (500 ans de paix mondiale grâce à l'Empire chinois !) contre la cynique du néoconservateur Robert Kagan (les démocraties doivent s'unir pour faire face ; la liberté face à la dictature). Il faut ajouter tous les naïfs qui espèrent un aménagement du régime politique chinois, ou bien comme Kagan qui rêve d'un Occident soudé.

Pour François Lenglet, la confrontation des modèles aura lieu aussi au sein même des sociétés occidentales.

 

 

François Lenglet conclut intelligemment son essai (scénarios Sun Tzu et Clausewitz), d'abord en rappelant que la guerre hors limites a commencé il y a plus de 10 ans, que nos sommes dans la phase de l'expansion économique de la Chine, que la bataille suprême de la monnaie mondiale arrivera avec la convertibilité du yuan (libéralisation totale avant 2020). Il souligne enfin que, si la première secousse de la crise fut en 2007 avec les "subprimes", la seconde en Europe en 2010 avec les dettes publiques, la troisième pourrait avoir lieu en Chine même en 2011 ou 2012, au plus tard en 2015. Mais, ayant évoqué les travaux Karen Rasler et William Thomson (un prolongement historique des études de Kondratiev), François Lenglet ne doute pas « que la relève des empires ne se produise finalement. La crise actuelle ne l'empêchera pas davantage que celle des années 1930 n'avait interdit l'ascension américaine (...) » (p.243)

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (VI)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des notes précédentes portant le même titre)

Dans la première partie de son livre « la guerre des empires. Chine contre États-Unis » (Fayard, septembre 2010, 243 pages, 17 €), intitulée "la Chinamérique en cinq neuf", François Lenglet a décrit la montée en puissance de la Chine et l'évolution de son rapport avec les États-Unis. La théorie de la guerre hors limites ayant été exposée et confrontée à la réalité des faits, l'auteur analyse alors dans la deuxième partie titrée "champs de bataille" les combats que les 2 empires sont en train de se livrer et leurs issues possibles.

 

Le premier champ de bataille concernent bien entendu les monnaies. Plus précisément, nous disons qu'il s'agit de la guerre des changes (relire notre note http://www.alexandreanizy.com/article-la-guerre-des-changes-ici-et-maintenant-60157717.html ), alors que François Lenglet utilise l'expression triviale de "guerre des monnaies". « En 1994, alors que le pays [la Chine] connaît déjà une croissance à deux chiffres, il dévalue de plus de 50 %, portant le taux du yuan à 8,60 pour 1 dollar, puis 8,27, une valeur que la BCC maintiendra inchangée jusqu'en 2005 (...) » (p.128) Ce choix politique est la clé de la stratégie économique chinoise : la caste rouge refuse d'être le jouet des caprices moutonniers de la finance mondiale. On ne le lui reprochera pas.

Mais nous sommes plus convaincus par l'économiste Fan Gang (cité p.134) lorsqu'il explique que 30 % de la population active travaillant encore dans les champs, la priorité absolue des dirigeants chinois est la croissance de l'emploi pour ne pas avoir à affronter une horde de chômeurs miséreux.

Le 19 juin 2010, la Chine annonçait qu'elle abandonnait le lien fixe entre le yuan et le dollar. C'est une concession formelle, puisque la flexibilité peut être dans les 2 sens en cas de "choc externe" et de "nécessité d'une stabilité fondamentale". En clair, la Chine fera ce quelle veut pour le taux yuan / dollar.

 

La crise actuelle est l'enfant du monstre sino-américain. L'économiste Isaac Joshua a mis en évidence les mécanismes voisins entre l'émergence des États-Unis en 1929 et celle de la Chine en 2007 : sur-compétitivité, accumulation d'épargne au détriment de la puissance déclinante (aujourd'hui les États-Unis, naguère le Royaume-Uni).

Pour ne pas voir la valeur de ses réserves monétaires disparaître d'un coup de baguette américaine (si le dollar baisse, les réserves monétaires chinoises diminuent d'autant), la BCC pousse d'une part les DTS pour diversifier ses réserves, et d'autre part commence à internationaliser le yuan en l'imposant comme moyen de paiement dans des échanges avec la Malaisie, l'Argentine.

 

 

Le deuxième champ de bataille est la mer. Pour défendre la "mare nostrum" de leur empire, les Chinois ont commencé à construire une gigantesque base navale à Sanya (île Hainan) tout en occupant les îles Spratly voisines : il s'agit de contrôler la mer de Chine du Sud (« 80 % des approvisionnements de pétrole du pays passe par le détroit de Malacca en Indonésie, et remontent la côte vietnamienne pour passer au large des Spratly et Hainan avant de longer la côte orientale chinoise. » (p.152) La Chine a prévenu que toute ingérence étrangère dans cette zone sera jugée inamicale.

Pékin s'est bien sûr donné les moyens militaires de cette posture : depuis 2000, les dépenses d'armement ont considérablement augmenté (construction de 24 sous-marins supplémentaires dont 4 nucléaires, de 8 destroyers, 11 frégates, 40 navires d'attaque Houbei, 31 bateaux amphibies, des dizaines de chasseurs aériens, des missiles de toutes sortes, etc.). Un programme de porte-avions est en cours (première sortie attendue à partir de 2015). D'après une estimation sérieuse et une projection de la tendance passée, les crédits militaires chinois dépasseront ceux des Américains en 2020.

 

Dotée d'un équipement impressionnant, la Chine pouvait revoir ses ambitions navales à la hausse : « Notre stratégie navale change, nous passons de la défense côtière à la défense en haute mer. » (amiral Zhang Huachen, cité p.163) Et le montrer : « Le 10 avril 2010, 2 sous-marins et 8 destroyers ont été repérés près du Japon pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale. » (p.163) C'est donc toute l'Asie du Sud-Est qui est visée.

Historiquement, il n'est pas absurde de comparer la rapide montée en puissance économique et militaire de la Chine actuelle à celles de l'Allemagne et du Japon, et Robert Kagan en arrive à cette hypothèse : « Si l'Asie orientale d'aujourd'hui ressemble à l'Europe de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, alors Taïwan pourrait être le Sarajevo de la confrontation sino-américaine. » (p.170)

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy

 

 

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (V)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des notes précédentes portant le même titre)

Été 2005, le patron de la FED Alan Greenspan emploie un nouveau terme, le "conundrum" (l'énigme), pour décrire un phénomène : alors qu'il a relevé les taux d'intérêt à court terme pour ralentir l'économie américaine, les taux d'intérêt à long terme n'ont pas augmenté, comme il le font normalement. Pourquoi ? « Personne n'en distingue la cause véritable : les achats de bons du Trésor américain par les Chinois se sont intensifiés. (…) massivement (...) » écrit François Lenglet (p.102)

 

En effet, l'explosion de la balance commerciale chinoise au début des années 2000 provoque une accumulation gigantesque de dollars : la lessiveuse monétaire transpacifique s'est mise en marche.

« En déversant leurs flots de liquidités excédentaires prélevés sur la croissance mondiale grâce à leur monnaie de combat, les Chinois alimentent la plus grosse bulle spéculative de tous les temps. Les taux d'intérêt baissent et les prix de l'immobilier grimpent aux États-Unis (...) » (p.103)

Résumons : les États-Unis financent leur croissance avec les liquidités de la Chine, qui doit son développement à l'export à l'endettement de l'Amérique.

En 2007, la marmite américaine explose. C'est une bonne nouvelle pour Pékin.

 

Grâce à la crise systémique de 2007, la Chine va en effet changer de position sur l'échiquier mondial. Fin 2008, début 2009, les pays occidentaux connaissent une chute de la production, du commerce international, des marchés financiers, pire qu'en 1929 – 1930 selon l'économiste Kenneth Rogoff. Au début, La Chine se croit à l'abri de cette débâcle, confortée par l'analyse simpliste d'experts incompétents (les mêmes qui n'ont pas vu venir l'effondrement ?) qui pronostique le découplage des pays émergents (cette théorie affirmait qu'ils échapperaient au mouvement général de baisse).

Mais très vite, les dirigeants chinois constatent que leurs ventes à l'étranger chutent de 30 %, notamment aux États-Unis. Comme les exportations représentent une part élevé du PIB chinois et en particulier de leur croissance économique, pas besoin d'être un expert pour comprendre qu'ils vont eux aussi connaître les affres de la récession. En dessous d'un taux (officiel) de croissance de 8 %, l'entreprise Chine ne crée plus d'emplois, ce qui ne peut perdurer sous peine d'implosion du système économique et politique (lire à ce sujet nos notes sur le grand bluff chinois).

Or les gérontes de la caste rouge tiennent à leurs privilèges.

10 novembre 2008, Pékin annonce un gigantesque plan de relance (600 Milliards de dollars, soit 7 % du PIB sur 2 ans).

 

 

 

5 jours plus tard, au G20 réuni à Washington, le président Hu Jintao déclare que la Chine assume ses responsabilités pour éviter l'effondrement général. Deux mois plus tard, à Davos, le vice-Premier Ministre Li Keqiang sermonne les leaders économiques de la planète. En avril 2009, c'est au tour du gouverneur de la Banque Centrale de Chine (BCC), Zhou Xiaochuan, de dénoncer les défauts trop onéreux pour tous du système monétaire actuel : les Chinois veulent désormais sortir du piège qui veut que l'enrichissement en dollars de la Chine est un mirage, puisque la valeur de ses actifs financiers diminue si le dollar baisse. La Chine se sent assez forte pour le dire … et agir pour le changement à son avantage.

 

Pourtant, la Chine est aussi un volcan : sa dette totale atteindrait 100 % du PIB en 2011, presque comme la Grèce … Dans le cadre du plan de relance, des entreprises ont investi dans l'immobilier (terrains ou constructions), amplifiant la bulle spéculative du secteur … Le Conseil d'État a repéré des surcapacités de production dans l'acier, l'aluminium, le ciment, le verre, la carbochimie, le silicone et le matériel pour éoliennes. Exemple : pour l'acier, « sur le seul premier semestre 2009, les capacités chinoises ont crû de 58 millions de tonnes – effet du plan de relance -, alors que la demande mondiale chutait de 15 %. » (p.123)

« En clair, l'explosion de la bulle est imminente … » (p.123)

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy

 

 

 

Fillon 2 = continuité + cinéma

Publié le par Alexandre Anizy

 

Dimanche 14 novembre 2010 : pour combler le vide du non-événement, il a bien fallu soigner la mise en scène.

La régression générale va se poursuivre, floutée par les éléments de langage et la scénarisation permanente.

Fillon 2 = continuité + cinéma.

Quelle pitié !

 

 

Alexandre Anizy

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (IV)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des notes précédentes portant le même titre)

Le 17 janvier 1999, les colonels Qiao Liang et Wang Xiangsui publient à Pékin leur livre « la guerre hors limites ». Pour eux, rapporte François Lenglet, « l'expédition punitive menée contre Saddam Hussein par l'hyperpuissance américaine change radicalement l'équation stratégique de la Chine » (p.87). Du point de vue militaire, l'équipement de la Chine est en retard quantitativement et technologiquement ; du point de vue diplomatique, la Chine est isolée tandis que l'hyperpuissance jouit d'un crédit sans limite (la confirmation ne tardera pas avec les sornettes relatives aux Armes de Destruction Massives en Irak …). Par conséquent, « il faut donc trouver d'autres terrains pour s'exprimer, combattre et si possible vaincre. D'où la théorie de la guerre hors limites, qui se déploie par tous les moyens et sur tous les fronts, le militaire n'en étant qu'un parmi d'autres. » (p.88)

 

En décembre 2001, la Chine devient le 143ème membre de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) : son commerce international va exploser. Exemple : en 8 ans, les ventes aux Etats-Unis passent de 100 à 350 Milliards de dollars, aidées en cela par les firmes américaines elles-mêmes, comme la chaîne de supermarchés Walmart qui importe pour 20 Milliards de dollars ! Autre exemple : en 2003, la Chine a 9 ordinateurs classés parmi les 500 premiers superordinateurs du monde, son numéro 1 construit par Lenovo étant au 14ème rang ; le 31 mai 2010, selon l'université de Mannheim, l'ordinateur le plus puissant est chinois (Nébuleuse construit par la firme Dawning : puissance théorique de 3 pétaflops, soit 3 millions de Milliards d'opérations à la seconde), et le parc informatique est au 2ème rang, ce qui lui confère 9 % de la capacité de calcul mondial pour les superordinateurs.

 

Les pays développés ont élaboré le consensus de Washington, « quelques axiomes simplistes mis en œuvre dans les pays anglo-saxons et préconisés par le FMI [dirigé par le socialiste Dominique Strauss-Kahn l'ami du CAC 40, assisté du professeur Blanchard(us) si perdu dans ses modèles qu'il ne vit pas venir la crise ; ndAA] » (p.96) dont les cruciaux sont :

  • privatisation de l'économie ;

    la Chine concentre sa puissance industrielle dans un nombre réduit de groupes publics ;

  • convertibilité de la monnaie sur le marché des changes ;

    la Chine s'y oppose en l'état actuel de son rapport de force monétaire avec les États-Unis ;

  • liberté des capitaux ;

    la Chine contrôle strictement les entrées et sorties de capitaux ;

  • abandon du contrôle du crédit par l'État ;

    la Chine le maintient, ce qui explique l'efficacité du plan de relance chinois de 2009 : est-ce la raison pour laquelle certains économistes, adeptes de la théorie dominante, redécouvrent les mérites de ce systèmes qu'on appelait en France "l'encadrement du crédit" ?

Se plaçant dans le cadre d'une guerre hors limites, la Chine n'a pas dérogé à son modèle économique, d'autant plus qu'elle engrangeait chaque jour des dividendes, ce qui n'est pas le cas de l'Occident pris dans son ensemble.

Au niveau de la théorie économique, il semble donc qu'elle parvienne à convertir des Occidentaux ; nous le verrons aussi à un autre niveau dans de futures notes.

 

 

Dans la dernière décennie, la Chine est sur tous les fronts : règlement du différend commercial avec le Japon, réconciliation avec l'Inde, tournée annuelle en Afrique, dialogue avec l'ASEAN, etc. Toute cette activité diplomatique vise un objectif prioritaire : assurer l'approvisionnement en matières premières de l'entreprise Chine.

L'acte majeur est bien entendu la création de l'Organisation de Shangaï, qui regroupe la Chine, la Russie et 4 Républiques d'Asie Centrales, avec des États observateurs comme l'Inde et le Pakistan, avec une quinzaine de pays invités. Cette Organisation représente 20 % des réserves mondiales de pétrole, et la moitié de l'uranium.

Pour justifier ces manœuvres sur la scène internationale, la Chine avance le concept de l'émergence pacifique. (discours du président Hu Jintaoà la fin de 2003) « Faisant feu de tout bois, la propagande exhume de l'histoire chinoise un personnage oublié, l'amiral Zheng He, le premier explorateur maritime au monde. (…) a découvert et l'Australie et l'Afrique (…) Zheng et ses compagnons n'ont en effet ni pillé, ni tué, ni réduit en esclavage les populations indigènes (...) » (p.99-100) Qu'on se le dise !

« Selon certains historiens, il aurait même découvert l'Amérique dans les années 1420 – 1430 (...) » (p.99) Battu, le Christophe Colomb!

Si la Chine est arrogante, elle sait se contenir : elle ne revendique pas la découverte de l'Amérique par Zheng He. Du moins pas encore.

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy

 

 

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (III)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite des 2 notes précédentes portant le même titre)

Dans les années 80, l'entreprise Chine tourne à plein régime. Mais les intellectuels comme l'immense majorité du peuple en ont gros sur le cœur, en constatant que le développement économique profite aux gens du Parti et aux paysans incultes qui vendent leurs productions sur le marché libre (inflation de 18,5 % en 1988).

Vient la révolte de la place Tian Anmen, que le petit timonier Deng Xiaoping condamne dès le 26 avril 1989 : « si nous nous montrons tolérants ou complaisants vis-à-vis de ces perturbations [une « conspiration organisée », écrit-il aussi] et que nous ne les contrôlons pas, il s'en suivra un grave chaos » (cité p.71) Le massacre aura lieu dans la nuit du 4 juin (entre 1500 et 2500 morts).

Le président Georges Bush répond qu'il n'aura pas de réaction émotionnelle, et il prend quelques mesures indolores : suspension des ventes d'armes et interruption des voyages officiels. Le 9 juin, Deng Xiaoping confirme le bien-fondé du massacre : « Même si les pertes sont regrettables, cela nous a permis de faire triompher le peuple (...) » (p.73). Bref, la ligne politique est excellente.

Contrairement à Bush (Cf. sa lettre mielleuse du 23 juin au petit timonier), le Congrès prend des sanctions économiques : l'establishment américain ne respecte plus les dirigeants chinois.

 

Passé un délai de 30 mois au cours duquel les têtes changent dans l'appareil politique, Deng Xiaoping livre ses oracles dans le discours de Nanxun au début de l'année 1992, qu'on peut résumer par "plus de hardiesse dans les réformes et l'ouverture". Il s'agit d' « emprunter avec audace tout élément de civilisation créé par les sociétés humaines, tous les modes d'organisation et de gestion performants propres à chaque nation du monde d'aujourd'hui, y compris aux pays développés capitalistes » (p.78)

Pour continuer son développement économique indispensable au maintien de la caste rouge, les dirigeants chinois ont compris qu'ils devaient aussi changer de comportement, i.e. renoncer à celui du temps de la guerre froide. « Cette conscience de soi nouvelle de la Chine bouleverse ses rapports internationaux. L'arrogance chinoise est de retour. » (p.78) Les incidents sur mer avec le Vietnam, les Philippines ; la Corée du Sud signe des accords bilatéraux, malgré l'aide de Pékin à la Corée du Nord ; même le Royaume-Uni ne veut pas fâcher l'Empire du Milieu pour ne pas perdre les dividendes du marché chinois …

Économiquement, en 1994, les choses ne vont pas assez vite pour les dirigeants chinois : ils décident de dévaluer de 50 % le yuan pour stimuler leurs exportations.

 

En 1997, un typhon financier s'abat en Asie : le 2 juillet, le bath thaïlandais décroche de sa parité avec le dollar (problème d'endettement et de spéculation) ; « le 11 juillet, c'est le peso philippin qui flanche. Le 14, le ringgit malaisien, puis la roupie indonésienne, et le dollar de Hong-Kong lui-même qui est mis sous pression. » (p.85) Bref, c'est un mini 1929. Les experts craignent une dévaluation chinoise.

Mais la Chine maintiendra la parité de sa monnaie, achetant « à bon compte un brevet d'honorabilité », puisque la crise asiatique de 1997 a en partie son origine dans la dévaluation de 50 % du yuan en 1994, qui provoqua instantanément un renchérissement des exportations des petits dragons …

 

Munie de son brevet de bonne conduite financière, la Chine est en position de force pour négocier son entrée dans l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Son intégration va lui permettre d'échapper au chantage annuel de l'administration américaine, relatif au renouvellement de la "clause de la nation la plus favorisée" : une chose vitale pour les exportations chinoises.

« Ainsi vont les négociations avec la Chine : chaque geste a une motivation, chaque geste a un prix. » (p.86)

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy

 

 

 

"le Monde" en crise : virer Fottorino ?

Publié le par Alexandre Anizy

 

Le quotidien vespéral a révélé par l'entremise de son directeur la nature du mal qui le ronge depuis belle lurette : un conservatisme et un parti-pris honteux, maquillés par des méthodes d'une honnêteté intellectuelle douteuse.

 

Ce que nous évoquions régulièrement depuis le 8 novembre 2007 dans des notes comme :

http://www.alexandreanizy.com/article-7235225.html ;

http://www.alexandreanizy.com/article-au-journal-le-monde-eric-fottorino-arrange-les-choses-48764875.html ;

http://www.alexandreanizy.com/article32988296.html

http://www.alexandreanizy.com/article-le-monde-dedouane-sarkozy-avec-bezat-en-petit-telegraphiste-43654663.html

 

Eric Fottorino, le directeur en question, vient donc de le confirmer dans un éditorial fielleux, où il dénonce la gestion « hasardeuse » de l'équipe dirigeante précédente, le soutien du Monde à Edouard Balladur en 1995, les « écrits exagérément favorables à Nicolas Sarkozy au mitan des années 2000 ».

 

Alors une lettre de 75 journalistes a répliqué à cette auto-flagellation solitaire pour rappeler à l'impétrant qu'il faisait partie des décideurs malfaisants («assumer ce qui est notre passé à tous et auquel tu as largement participé puisque tu faisais alors déjà partie de la hiérarchie du journal »), ce que l'ancien patron Jean-Marie Colombani a hurlé dans les médias : « Eric Fottorino, que j'ai installé et promu, n'a eu de cesse d'approuver, durant ces longues années, la stratégie que j'avais mise en place », « c'est à lui que j'avais confié cette réforme », « tout cela est scandaleusement inouï ».

 

Nous nous étonnons du cri d'indignation de Colombani : ayant « installé et promu » le journaliste cycliste Fottorino, il devrait bien connaître sa créature …

 

Comment faut-il interpréter l'éditorial ?

Le poids des remords ? Une crise de sincérité ?

Autre hypothèse : après avoir été le petit soldat obséquieux du triumvirat Minc – Colombani – Plenel, le retors Fottorino balancerait tout dans un aveu sordide pour mieux honorer ses nouveaux seigneurs ?

 

Question gratuite aux nouveaux propriétaires : pour sortir du marigot, le changement de tête ne symboliserait-il pas une improbable orientation nouvelle ?

 

Alexandre Anizy

 

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