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notes economiques

Valérie Rabault au service de la finance

Publié le par Alexandre Anizy

            Valérie Rabault montre dans les Echos du 19 juin qu’elle demeure une fidèle servante du système financier.  

 

Allons au cœur du sujet : Valérie Rabault refuse de sortir l’Etat des fourches caudines et léonines de la finance, quand elle s’oppose au mécanisme dit « circuit du Trésor » qui a permis le financement des Trente Glorieuses. Il en résulte que pour elle la politique de la France doit dépendre de la corbeille, i.e. le marché financier avec ses maîtres d’école américains (Standard & Poor’s, Fitch, etc.). Le système financier se goinfre d’argent grâce à des politiciens comme Mme Rabault, qui rabotent les Services Publics et font les poches des pauvres gens pour payer les intérêts de la dette.

 

Utilitariste confirmée (la banque paie mieux que le BTP… lire ici ), socialiste de carnaval, européiste zélée, Valérie Rabault bénéficie d’une quasi pleine page des Echos (propriété du milliardaire Bernard Arnault, citoyen malévole bien connu), pour exposer à sa façon le programme économique du Nouveau Front Populaire avec la tartuferie qui lui sied : à une question relative à la hausse des cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu, cette dame répond qu’elle est « contre toute hausse d’impôt sur le travail »… En solo, Valérie Rabault interprète déjà flouement un programme qui devrait être collectif.

 

 

Les milliardaires et le milieu financier peuvent dormir tranquilles : Valérie Rabault poursuivra son service en faveur du zinzin bruxellois qui cajole la finance et déconstruit la France. La bourgeoisie de labeur et les gens de peu en feront les frais. 

 

Alexandre Anizy  

 

L'économiste caméléon Jean-Hervé Lorenzi hélas sévit toujours

Publié le par Alexandre Anizy

Ce matin, on a pu entendre¹ Jean-Hervé Lorenzi dire que le blocage des prix envisagé par le gouvernement était une réponse intelligente au problème de l’inflation. Force est de constater que la veste de cet économiste bien en cour passe partout.   

En effet, depuis les années 80, l’expert Lorenzi fait partie de ceux qui ont alimenté notamment le dossier de la déréglementation de l’économie française, comme son ami du Cercle² Olivier Pastré l’a fait spécifiquement pour les banques (Cf. La modernisation des banques françaises. Rapport au ministre de l’économie. La documentation française, janvier 1985).

Il est vrai que le blocage des prix envisagé ne gênera pas le système bancaire dont J-H. Lorenzi³ est un membre éminent depuis belle lurette, comme d’ailleurs O. Pastré.  

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) Sur la chaîne Franceinfo.

(²) Cercle des économistes.

(³) Lorenzi ménage toujours la sphère financière : lire notre billet du 12 décembre 2014 (Michel Aglietta et Jean-Hervé Lorenzi sont des Gamelin)

 

L'infection ukrainienne et le basculement du capitalisme

Publié le par Alexandre Anizy

Inexorablement l’Europe s’approche du précipice, et selon notre hypothèse, l’invasion russe de l’Ukraine marque le passage du capitalisme d’une « phase de pulsations fortes » à une « phase de pulsations faibles ».   

 

Lire notre article sur Front populaire  

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co11758434/l-infection-ukrainienne-et-le-basculement-du-capitalisme

 

Alexandre Anizy

 

Nucléaire français : le désastre qui vient

Publié le par Alexandre Anizy

Ad gurgitem per angusta.

 

 

Quelles seront les conséquences de la commande de 6 EPR par le bankster Macron ? L’effondrement de l’entreprise EDF, avec un risque élevé de catastrophe nucléaire. En effet, les faits montrent aujourd’hui que :

  • L’EPR de Flamanville est un fiasco industriel : déjà 10 ans de retard et pas de mise en service avant plusieurs années au moins… Il y a eu tellement de malfaçons que la sagesse recommande d’ailleurs de ne jamais le mettre en route !
  • L’EPR de Flamanville est un gouffre financier : il devait coûter 3,3 Milliards… et nous en sommes maintenant à 20 Milliards pour un monstre inachevé !

N.B. : dans une société saine, toutes les personnes impliquées dans un  tel échec seraient virées, comme les Américains savent si bien faire et sans attendre un gâchis de 17 Milliards : présentement ce serait notamment les dirigeants d’EDF et les responsables techniques, mais en France, la mafia des Grandes Ecoles règnent impunément…

Dans ces conditions, que représente la commande du président Macron ? 6 futurs fiascos industriels¹ et un désastre financier pour EDF (autrement dit sa faillite).  

 

            Ce choix funeste s’inscrit dans une volonté politique européiste : la privatisation totale du marché de l’énergie, comme nous l’avons déjà écrit (lire ici ). Saluons donc l’opiniâtre travail de sape de l’économie française accompli par le bankster Macron (avec notamment son complice vert-blanc-rouge, Alexis Kohler).

 

Alexandre Anizy

 

(¹) Yannick Jadot sur BFM TV, entretien matinal du 11 février 2022.

 

Quand le professeur Pastré baffe le banquier Pastré

Publié le par Alexandre Anizy

            Issu de la noblesse vermoulue qui s'accroche au pouvoir pour se servir en servant les accapareurs, Olivier Pastré se vautre dans la tartuferie, aujourd'hui dans les Echos.   

 

 

 

            Le Coronavirus, c'est un appel à nous renouveler, écrit doctement le professeur Pastré, membre éminent du Cercle des économistes dont il signe la chronique dans le quotidien du mauvais citoyen français, le milliardaire Bernard Arnault. Son article vibrant d'un réformisme de bon aloi devient hallucinant quand il écrit : « Ce qui est vrai en priorité du secteur sanitaire l'est aussi du système bancaire, contraint certes par des règles absurdes, mais qui n'a presque rien compris de la crise de 2008. » Parce que nous nous souvenons...

            A l'automne 1985, le frais émoulu professeur Olivier Pastré de l'université Paris 8 (dans la carrière universitaire, le titre compte plus que le lieu de parachutage) donnait un cours de 3ème cycle sur la modernisation des banques, s'appuyant sur le rapport éponyme qu'il allait remettre au ministre de l'économie de l'époque (un ouvrier infatué que le francisquain Mitterrand avait choisi pour accomplir la sale besogne) : dedans on y trouvait toutes les "nouveautés" (inspirées notamment de NY city) qu'un certain Jean-Charles Naouri du ministère allait mettre en œuvre (avant de trouver par enchantement des capitaux et des financements pour créer son empire... bâti sur le sable de la dette), notamment la titrisation.

            En 2007, la crise des subprimes révélait aux néophytes toute la dangerosité de la titrisation.  

            En 1986, Olivier Pastré était déjà un dirigeant d'une modeste banque. Le milieu bancaire, le professeur le connaît très bien puisqu'il y a fait aussi carrière.

            Alors quand l'économiste Pastré baffe le banquier Pastré, le lecteur averti se gausse.

 

 

Alexandre Anizy

 

Qui a livré à Microsoft les fichiers Santé des Français ?

Publié le par Alexandre Anizy

            Quand Donald Trump refuse le loup chinois dans la bergerie américaine des réseaux de communication (lire ici ) , la France de Macron confie les fichiers de Santé des Français à Microsoft. Qui a perdu le sens supérieur de l'intérêt général, comme disait l'ordolibéral Wilhelm Röpke ?

 

 

 

            Suite à un rapport de Cédric Villani sur l'intelligence artificielle, Emmanuel Macron lançait en 2018 le projet de "Plateforme des Données de Santé" (Health Data Hub pour les anti-français qui administrent la France), visant à centraliser toutes les données de santé de tous les Français.

28 mars 2018, le rapport de Cédric Villani est rendu public.

16 avril 2018 à 16h  (1), Macron recevait à l'Elysée le milliardaire Bill Gates (notoire philanthrope par optimisation fiscale), fondateur et actionnaire de Microsoft.

            La loi Santé du 24 juillet 2019 acte le projet de "Plateforme des Données de Santé".

            En novembre 2019, la chef de ce projet, Stéphanie Combes, confirmait à Mediapart que Microsoft Azure avait obtenu ce marché juteux.

Rappel : par le Cloud Act du 23 mars 2018, le gouvernement américain peut contraindre une société américaine de lui transférer les données qu'elle héberge partout dans le monde.

            Sans appel d'offre, en violation de l'article 3 de la commande publique.

            C'est pourquoi des entreprises viennent d'écrire au ministre Olivier Véran pour demander l'ouverture d'une enquête pour favoritisme.

 

            En temps de guerre, un général qui stockerait chez un ennemi potentiel les fiches militaires de tous ses soldats n'encourrait-il pas la peine pour haute trahison ?

            En temps de bataille économique permanente, le fait de livrer des données fondamentales comme celles de la santé de toute la population française, le professeur Israël Nisand « appelle cela de la haute trahison » (2). Nous aussi.

 

            Alors, quelles personnes ont signé ce putain de bon de commande ?

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) AFP 16 avril 2018 à 11h04, repris par le Point.  

(2) Mediapart, article publié le 11 mars 2020.

Face à Huawei, les européistes seront-ils röpkiens comme Donald Trump ?

Publié le par Alexandre Anizy

            Après avoir lancé la relocalisation industrielle avec Barack Obama, les Etats-Unis de Donald Trump rejettent maintenant le fabricant chinois Huawei : au temps de la cyberguerre, fous ceux qui feront entrer le Cheval dans la Cité, n'est-ce pas ?      

 

 

            Dans l'économie communiste de marché chinoise (lire ici ), la nature "privée" de Huawei ne pèse(ra) rien face au nationalisme du dictatorial Parti Communiste. Est-il par conséquent raisonnable pour l'empire américain de laisser ses infrastructures de télécommunication à la merci d'un potentiel futur assaillant ? Comme l'écrivait l'ordolibéral allemand Wilhelm Röpke à propos du bloc communiste de 1958 :

« Du fait précisément que ces intérêts [commerciaux] sont puissants, les tentatives faites en vue de justifier le commerce avec les pays de l'Est doivent être éprouvées avec autant de méfiance. Marché et intérêt perdent leur indépendance et c'est en retour à l'intérêt politique supérieur de prendre les décisions auxquelles les commerçants doivent se soumettre. » (1)

Après avoir vendu à la Chine la corde pour se faire pendre (n'est-ce pas folie pour les pays capitalistes que d'avoir transféré beaucoup de technologie et d'avoir fait de la Chine "l'atelier du monde" ?), on comprend aujourd'hui le "non röpkien" des Etats-Unis.

 

            Mais pour la Commission Européenne, que vont décider l'allemande Ursula von der Leyden qui apprécie les excédents commerciaux de son pays, et l'ordolibérale Margrethe Vestager qui aime tant le Marché (2) ?

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) Wilhelm Röpke, Au-delà de l'offre et de la demande, Les Belles Lettres, octobre 2009, p.200.  

(2) En matière économique, la danoise Margrethe Vestager pense que c'est le marché qui décide ; en aucun cas une initiative politique, qui est « une façon de voir les choses très vieille école ».

Macron, les retraites, BlackRock, Bolkenstein

Publié le par Alexandre Anizy

 

            En marche vers la casse des retraites : notule sur une action programmée.  

 

 

            D'aucuns ont découvert récemment que la régression des retraites du bankster Macron allait satisfaire les intérêts insatiables des gestionnaires de fonds, comme BlackRock. Si les journaleux faisaient vraiment leur travail, les citoyens seraient depuis longtemps avertis.

            Prenons aujourd'hui les propos de Frits Bolkenstein (lire ici ) lors de sa conférence Construire l'Europe libérale du XXIe siècle du 10 juillet 2000 à l'Institut Walter-Eucken de Fribourg (1)  :

            « La mise en œuvre de l'ensemble des mesures proposées à Lisbonne représentera un progrès considérable dans la réalisation d'une Europe conforme aux idées ordolibérales. »

Que doivent faire les européistes pour réaliser leur projet ? Deux importants chantiers de démolition selon Bolkenstein :

― la flexibilisation des salaires et des prix par la casse des marchés du travail ;

[l'ex-DRH vautour de Danone, Muriel Pénicaud, a fondu le Code du Travail, conformément au programme du bankster Macron]

― la réforme des retraites : « (...) il est urgent de s'attaquer sérieusement à la réforme de la législation sur les retraites. Les fonds de pension doivent pouvoir profiter des nouvelles possibilités d'investissement offertes par l'euro ».

 

            Depuis 2017, l'européiste Macron et ses sbires ne font que suivre le programme ordolibéral énoncé par Frits Bolkenstein en juillet 2000 : ces gens-là sont patients et opiniâtres, antidémocrates le cas échéant (Cf. le refus du NON au référendum de 2005).

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

(1) Source : Pierre Dardot et Christian Laval, La nouvelle raison du monde, La Découverte, 2010.

 

 

Alimentation : la filière bio est mal partie

Publié le par Alexandre Anizy

            Si les consommateurs refusent de plus en plus les produits altérés issus de l'agriculture conventionnelle et, en se tournant vers la bio espèrent, pour certains, contribuer à une meilleure rémunération des paysans, ils seront déçus parce que la filière bio est mal partie, selon notre enquête.

 

 

 

 

            Comment en est-on arrivé là ? « ... la politique de la baisse continuelle des prix agricoles a rejeté, progressivement, l'agriculture hors du champ de l'investissement capitaliste. Les capitalistes agraires sont progressivement éliminés avec les propriétaires fonciers, cédant la place à l'essor de la production paysanne familiale. Telle fut l'évolution de l'agriculture au XXe siècle. Par conséquent, il est clair que l'agriculture paysanne constitue, non pas un résidu précapitaliste, mais une forme recréée par le capitalisme moderne, s'articulant à lui de manière exemplaire. L'agriculture paysanne actuelle ne constitue pas une sphère non-capitaliste. Elle présente simplement l'insolite visage d'un capitalisme sans capitalistes. (...) En réalité, l'investissement effréné des paysans dans l'agriculture est appelé à assumer cette tâche : assurer une production croissante sans poser des problèmes ni de rente, ni de profit. » (1) En quelques lignes, Kostas Vergopoulos résume l'évolution de l'agriculture, avec une forte accélération après la Seconde Guerre mondiale : « Les efforts de remembrement, les contrôles rigoureux des transactions sur les terrains agricoles, les dispositions du droit de succession et les autres interventions ne visent que l'optimisation des structures agricoles, voire la préservation de l'exploitation familiale, en interdisant la propriété naine. » (2)

            Mais comme l'écrivait Claude Faure, « dans la production capitaliste, la circulation s'est en effet emparée de la production en ce sens que la production n'est plus qu'un moment de la circulation. » (3). Ajoutons avec Claude Servolin que du fait du développement du mode de production capitaliste (MPC) et de la division sociale du travail, « le petit producteur se trouve donc contraint de vendre sur le marché une partie croissante de sa production, alors que, comme nous l'avons vu, cette production commercialisée est nécessairement vendue en dessous de sa valeur. » (4) Avec l'hypertrophie de la grande distribution (les GMS), la dégradation s'est accélérée.

 

 

 

 

            Notre enquête porte sur quelques produits bio, notamment de maraîchage, vendus en circuit long. La collecte de prix publics, l'analyse sectorielle et l'examen des bilans de quelques acteurs significatifs de la filière bio permettent d'établir le tableau ci-après.

 

 

Coef.

Chou de Brux.

poireau

Prix public ttc conseillé par unité de vente

 

8,30

3,25

tva

1,055

 

 

Prix public ht

 

7,87

3,08

Marge commerciale détaillant

1,33

 

 

PV ht du grossiste

 

5,92

2,32

Marge commerciale  grossiste

1,1758

 

 

PV ht du maraîcher (rendu clients)

 

5,03

1,97

alors Coef. du producteur au public

 

 

1,65

coût transport par unité de vente (U.V.)

 

0,30

0,30

coût location palette IFCO par U.V.

 

0,10

0,08

Prix vente ht du maraîcher (départ Ferme)

 

4,63

1,59

 

 

Pour ces 2 légumes, en partant des prix publics cohérents sur la dernière saison puisqu'ils sont une donnée de l'ensemble du marché des légumes, et compte tenu du fait qu'une baisse de ces prix ciblés n'est pas souhaitable car elle ne se ferait qu'au détriment des producteurs, nous obtenons pour le maraîcher un prix de vente (HT) au départ de la ferme, après avoir retiré successivement la marge commerciale du détaillant, celle du grossiste intermédiaire, puis le coût de transport et celui d'une palette spéciale.

            Malheureusement, les maraîchers n'ont pas vendu à ces prix-là.

            Pour le chou de Bruxelles, le grossiste PRONATURA Provence payait 3,70 € un produit que nous retrouvions à Paris chez NATURALIA à 7,95 €, soit en dessous du prix conseillé, ce qui n'est pas surprenant puisque PRONATURA Bretagne se vante de faire le plan de production et les prix de ses maraîchers... qui ne seraient donc que des engraisseurs de végétaux, comme la filière porcine si décriée.  

            Pour le poireau, BIOCOOP, distributeur de référence dans la filière bio, payait 1,40 €.  

            Dans ces conditions, chacun comprend que la filière bio est déjà déréglée, au sens où tous les acteurs ne sont pas dans leurs justes positions. Il est permis de douter d'une amélioration prochaine, si on observe la filière céréalière bio en partant d'une exploitation.

            Située dans les Deux-Sèvres, cette ferme vendait sa production bio à la CAVAC (très grosse coopérative pas tout bio, d'envergure internationale ― pour exemple : contrat de 20.000 tonnes de blé dur signé avec la marque italienne Barilla), qui lui payait son blé 411 € la tonne en 2017 et lui garantit un prix mini de 400 € la tonne jusqu'à 2022 (4) ; l'excédent brut d'exploitation (EBE) de cette ferme s'élevait à 59 K€ en 2017, avec 48 K€ de subventions (5) : autant dire que la Subvention, c'est la rémunération de l'exploitant. Et sur les rayons BIOCOOP (6), vous trouvez le pain BIOFOURNIL, qui appartient à la CAVAC.           

 

 

            Comme l'écrivait René Dumont à propos de l'Afrique noire (7) au début des années 60, la filière bio est mal partie. Pourtant, un homme politique très responsable avait dit :  « La France ne doit à aucun prix devenir une poussière d'agglomérations urbaines dispersées dans un désert même verdoyant et même entretenu. Sauver la nature qui sera demain le premier besoin de l'homme, c'est sauver la nature habitée et cultivée. Une nature abandonnée par le paysan, même si elle est entretenue, devient une nature artificielle et je dirais une nature funèbre. Toute autre formule, d'ailleurs, serait non seulement déplorable, mais serait ruineuse. Et même sur le plan économique, il est à mon sens plus rentable d'avoir des terres habitées et cultivées par des hommes, même si on est obligé d'aider ces hommes, que d'avoir de vastes réserves nationales, entretenues, conservées et protégées fatalement par une masse de fonctionnaires. » Georges Pompidou (8) Et on a eu la nature abîmée par l'agriculture productiviste d'hommes subventionnés pour le meilleur profit du reste de la filière, la nature désertée par les paysans (fait sociologique majeur du XXe siècle : la fin de la paysannerie), et la masse de fonctionnaires qu'on veut maintenant "dégraisser", et les mégapoles (qui sont les uniques cibles du développement au détriment de la France périphérique (9) : l'effondrement est au bout de l'entêtement mortifère). Force est de constater le fiasco, l'échec économique, écologique et sociale des 60 dernières années.     

            Nous nous gardons de toute prédiction. Ni pessimisme, ni optimisme : comme Pierre Bitoun et Yves Dupont (10), nous écrivons l'avenir en ... Soyons raisonnables puisque tout est incertain.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

 

(1) Samir Amin et Kostas Vergopoulos, La question paysanne et le capitalisme, éditions anthropos-idep, 1er trimestre 1977, page 266-67. (ouvrage réédité en 2016 par NENA en livrel)

(2) Ibidem, p.217.

(3) Claude Faure, Agriculture et capitalisme, éditions anthropos, 1978, page 22.

(4) Ainsi que, pour information, 300 €/t pour le maïs, 1.350 €/t pour la lentille (mini garantis jusqu'à 2022).

(5) Le lecteur intéressé se reportera aux statistiques issues du Réseau d'Information Comptable Agricole (RICA) dans les Dossiers Agreste (Ministère de l'Agriculture).   

(6) BIOCOOP a commencé un programme de boutiques boulangerie (la première a ouvert près d'Agen) : l'accès aux bons produits sera étendu, c'est le  bénéfice des consommateurs ; pour celui du paysan, il faudra attendre, si on a la foi.  

(7) René Dumont, L'Afrique noire est mal partie, Seuil, 1962 (revue et corrigée en 1973).

(8) Georges Pompidou, discours de Saint-Flour en 1971, cité par Pierre Bitoun et Yves Dupont (9), p.174.

(9) Pour comprendre la situation française actuelle, nous recommandons vivement le dernier ouvrage de Christophe Guilluy, No society. La fin de la classe moyenne occidentale, Flammarion, octobre 2018.   

(10) Pierre Bitoun et Yves Dupont, Le sacrifice des paysans. Une catastrophe sociale et anthropologique, éditions L'Echappée, 4e trimestre 2016.

 

L'Allemagne siphonne l'Europe

Publié le par Alexandre Anizy

Dans un article de bonne facture, le professeur d'économie Kostas Vergopoulos montre la responsabilité de l'Allemagne dans le fiasco européiste.

De temps en temps, les néoconservateurs de Libération laissent passer un article pour maintenir l'illusion de leur indépendance progressiste. C'est ainsi que le 11 octobre 2016 le professeur d'économie Kostas Vergopoulos, avec la précision et la concision qui le caractérisent (1), pointe l'enrichissement de l'Allemagne aux dépens de ses partenaires, ce qui explique son intransigeance dogmatique en matières monétaire, financière et budgétaire.

L'Allemagne s'enrichit, l'Europe s'appauvrit

A force d'accumuler des excédents au détriment de ses partenaires et de bénéficier en premier lieu de la politique de prêts de la Banque centrale européenne, la première puissance du Vieux Continent met en danger l'Union et sa monnaie.

Que l'entreprise européenne se préci­pite vers son point de non-retour est un sentiment largement partagé même par les partisans du projet européen et de sa monnaie unique. Toutefois, au cours

du sommet de Bratislava qui s'est tenu le 16 septembre, les dirigeants européens, malgré leurs doléances envers Berlin, n'ont eu droit qu'à une timide mise en cause par le couple franco-allemand de l'image "non attrayante" de l'Europe auprès de ses citoyens.

Or, il est rare que la qualité de l'image se limite à un problème de communication, surtout dans la région du monde qui, malgré ses excédents extérieurs records, bat aussi tous les records dans les domaines du ralen­tissement économique et du chômage.

Cela devrait être une question infiniment plus grave qu'un simple problème commu­nicationnel. Il y a déjà trop de signes dou­loureux dans la vie des dizaines de millions d'Européens pour prétendre que tout cela n'est qu'un simple problème d'image et se contenter d'un délai de six mois de réflexion pour l'améliorer.

Or, si l'Europe, tant sociale qu'économique, présente aujourd'hui un spectacle "déplorable", ce n'est pas parce que le reste du monde l'entraînerait dans son sillage dépressif. Au contraire : c'est le Vieux Continent, le plus grand marché mondial, qui, comme un énorme «trou noir», tire vers le bas le reste de la planète. Lorsque les Etats-Unis, le Japon,

la Chine et les autres économies émergentes essaient par tous les moyens de relancer leurs économies, l'Europe est la seule région qui, au contraire, s'entête dans l'austérité de ses dépenses et de ses revenus. Dans ce contexte, c'est tout à fait logique que le Vieux Continent, notamment l'Allemagne, extorque des surplus extérieurs faramineux, profitant des dépenses expansives des autres et de la restriction des siennes. Rien que pour l'année passée 2015, le surplus extérieur allemand atteignait 319 milliards de dollars, soit 8,9% de son PIB, dont plus de la moitié provient de la zone euro. Or, l'excédent alle­mand implique du même coup un déficit équivalent pour le reste du monde, notam­ment pour les pays membres de la zone euro. Cette dernière «pompe» les finances, tandis que leurs partenaires en subissent les effets. Les excédents de l'Allemagne exercent des effets de contraction sur les économies par­tenaires, notamment celles de la zone euro. Pour éviter ces effets néfastes, le pays excé­dentaire aurait dû relancer sa demande inté­rieure, ce que Berlin refuse au nom de sa compétitivité. De même, l'utilisation loyale, idéale, devrait être le

recyclage de ces excédents dans les pays déficitaires, ce que l'Al­lemagne refuse également, les investis­sements alle­mands à l'étranger ne dépassant pas 1,5% de son PIB. A l'intérieur même de

Face au danger d'assèchement des écono­mies européennes, la Banque centrale euro­péenne et son président, Mario Draghi, appliquent depuis 2012 la politique dite d'«assouplissement quantitatif» fournissant des liquidités à faible taux d'intérêt. De cette politique, sèchement désavouée par Berlin, l'Allemagne est pourtant, jusqu'à aujourd'hui, le principal bénéficiaire : les crédits bon marché de la BCE sont répartis parmi les pays membres non en fonction de leurs besoins, mais en fonction de leur participation au capital de la BCE. Autrement dit, les pays déjà compéti­tifs et excédentaires reçoivent la part du lion, tandis que les pays qui en ont le plus besoin n'en reçoivent que des miettes, la Grèce en étant formellement exclue sous le prétexte de sa dette excessive.Selon le journal écono­mique Handelsblatt, dans son édition du 6 septembre, l'Allemagne s'est déjà approprié plus de 30,5 milliards d'euros par an du pro­gramme de l'assouplissement quantitatif de la BCE au cours des années 20U-2015, ce qui lui permet de présenter un excédent budgé­taire annuel de18,5 milliards. Or, si la BCE ne prête qu'aux pays déjà solvables, cela impli­querait qu'elle ne remplit plus les fonctions de «créancier de dernier ressort» revenant à la notion de Banque centrale, mais qu'elle se comporte comme une banale banque com­merciale. Elle donne à ceux qui ont déjà et ne donne rien à ceux qui n'ont pas.

Le président de la Bundesbank, Jens Weid­mann, vient de clarifier mieux que tout autre la conception allemande de l'Union : l'Eu­rope ne devrait pas être un tout, mais plutôt une simple addition de pays solides sur le plan national, et compétitifs sur le plan international (1). Selon lui, le transfert de ressources parmi les pays membres est inad­missible, fût-il par solidarité envers les pays en difficulté, car cela nuirait à la discipline budgétaire de chaque nation membre. Or, si la solidarité des gagnants envers les <<perdants» de l'euro est exclue, à quoi la monnaie unique sert-elle, sinon à rendre leur redressement encore plus inattei­gnable ? De toute façon, l'austérité imposée par l'Allemagne dans ses partenaires depuis 2010 n'a pas optimisé le fonctionnement de la zone monétaire, n'a pas renforcé la convergence ni la cohésion d'ensemble, mais, au contraire, elle a ressuscité les an­ciennes divergences parmi ses pays mem­bres, tout en rajoutant des nouvelles.Son bilan se résume aux excédents thésaurisés pour l'Allemagne et à la persistante réces­sion pour ses partenaires.

Au cours des années 2010-2016, au lieu de stabiliser les économies de ses pays mem­bres, la monnaie commune fonctionne comme un important facteur de leur désta­bilisation. Pourtant, si un jour la zone moné­taire devait s'éclater, par suite des effets dévastateurs de l'austérité en période de récession, le plus grand perdant de l'affaire risquerait de s'avérer celui qui aujourd'hui paraît comme son principal gagnant.

(1) Lire le Monde du 18septembre.

Par

KOSTAS VERGOPOULOS

Professeur émérite des sciences économiques, université Paris-VIII.

(dans Libération du 11 octobre 2016)

Alors vraiment, toutes choses égales par ailleurs, nous ne voyons pas ce qui obligerait l'Allemagne à sortir de l'euro, qui est sa poule aux oeufs d'or. Seul un économiste comme Stiglitz (2) peut émettre l'abracadabrant souhait d'une telle sortie volontaire.

Alexandre Anizy

(1) Nous nous souvenons d'un cours magistral à Paris VIII en 1985-86 dans lequel Vergopoulos soutenait la thèse d'une politique keynésienne de Reagan.

(2) Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie en 2001, dans le Parisien du 11 octobre 2016 :

« C'est elle [l'Allemagne] la source du problème. La meilleure chose serait qu'elle sorte de la zone euro. »

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