"Capitalisme et pulsion de mort" de Gilles DOSTALER, Bernard MARIS (X)
Lire auparavant les notes I à IX portant le même titre.
Les 46 dernières pages (soit quasiment un tiers de l’ouvrage) de «Capitalisme et pulsion de mort» de Gilles DOSTALER et Bernard MARIS sont décevantes, parce qu’elles relèvent plus d’un butinage que d’une analyse.
En vrac, nous y trouvons :
- Des chiffres sur la misère dans le monde et sur la crise systémique qui s’est déclenchée en août 2007 ;
- Le message troublant de KEYNES et FREUD dit que « l’humanité veut se détruire, même quand elle paraît construire » (p.110) ; « Le mal est radical (…) il est consubstantiel de la liberté de l’homme » (p.110 toujours) ;
- Le capitalisme est une société de l’accumulation pour l’accumulation, qui espère retarder indéfiniment, en quelque sorte, la rencontre avec la mort, grâce au service de la raison : la science est devenue techno-science ;
- Mais « le progrès contient la régression, de la même manière qu’en économie la croissance génère la crise, comme MARX et, à sa suite, SCHUMPETER l’avaient compris. » (p.112) ;
- Des considérations relatives à la mondialisation, dont :
Une analyse pertinente du capitalisme chinois : « la rhétorique des dirigeants du parti unique, combinant les références au marxisme et l’éloge de la croissance capitaliste, est ubuesque et schizophrénique. La Chine montre jour après jour que l’accumulation n’a pas besoin de la démocratie. » ;
Et une question lancinante : « Comment le monde absorbera-t-il l’émigration de 200 à 300 millions de Chinois ? La Chine ne peut plus réaliser son autosuffisance alimentaire (…) elle est condamnée à une féroce croissance industrielle pour nourrir sa population. » (p.116-117) ;
- L’échange marchand est une immense circulation du refoulement : le marché est délétère puisqu’il généralise la pseudo-égalité de la loi monétaire, l’envie entre les hommes, soit les meilleures conditions du mimétisme ;
- La surpopulation mondiale, avec l’obligation de croissance pour la Chine et l’Inde, exacerbera la quête des matières premières (nous en avons déjà eu un avant-goût en 2008), de telle manière que la rente s’envolera et que les inégalités s’aggraveront, sachant que « la rente ne peut croître qu’au détriment du salaire ou du profit » (p.123).
A la fin de l’épilogue, nous lisons 3 phrases de DOSTALER et MARIS :
« Il ne s’agit plus de refonder [le capitalisme, ndAA], mais de dépasser, de penser autre chose. » (p.140) ;
« Il est à craindre que l’espèce humaine ne disparaisse avant le capitalisme. Où sont aujourd’hui les CONDORCET, les KEYNES, les FREUD qui peuvent nous aider à ouvrir les yeux ? » (p.141).
Il semble que ces 2 économistes nous y aident aujourd’hui.
Alexandre ANIZY