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Shibumi de Trevanian

Publié le par Alexandre Anizy

            A déguster au Spritz, avec modération ; c'est mieux qu'un museau sur un transat.

 

           

 

            Quelle bonne idée d'avoir réédité Shibumi de Trévanian (Gallmeister, 2016, en livrel et en poche) ! Ceux qui aiment le Japon, le pays basque, les histoires bien ficelées, seront ravis.

 

 

Alexandre Anizy

Niko Tackian au taquet

Publié le par Alexandre Anizy

            Niko Tackian fait penser à Elsa Marpeau (1) : une polardeuse alimentaire.

 

 

            En lisant Fantazmë de Niko Tackian, on se dit vite que le roman porte bien son titre, tant le travail stylistique paraît squelettique. Heureusement pour l'auteur, il sait construire une histoire. Est-ce suffisant pour vous le conseiller ? Non.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1)  http://www.alexandreanizy.com/article-la-truelle-d-elsa-marpeau-101735455.html

 

 

L'épine de Louise Erdrich

Publié le par Alexandre Anizy

            Dans "LaRose", l'écrivaine Louise Erdrich perd son sujet au fil des pages.   

 

 

            Cela commençait bien pourtant :

            « C'est là où la limite de la réserve coupait en deux, de manière invisible, un épais bosquet ― merisiers, peupliers, chênes rabougris ― que Landreaux attendait. Il affirma qu'il n'avait pas bu ce jour-là, et par la suite on ne trouva aucune preuve du contraire. C'était un catholique pieux et respectueux des coutumes indiennes, un homme qui, lorsqu'il abattait un cerf, remerciait un dieu en anglais et faisait une offrande de tabac à un autre en ojibwé. » (p7/369 ; LaRose, Albin Michel, 2018, en livrel )

            Et de suite le drame arrive : Landreaux tue le fils de son voisin et ami. Avec sa femme, ils vont alors décider, en vertu d'une coutume indienne, de donner leur dernier enfant à la famille de la victime : le coeur gros, le petit LaRose se plie à la volonté parentale. 

           

            Puis Louise Erdrich tisse sa toile romanesque, comme savent si bien faire les écrivains américains : chaque personnage est traité avec soin, ce qui densifie la trame de l'histoire, de sorte que peu à peu, LaRose ayant été immergé dans un grand bain familial, le lecteur finit par décrocher. C'est dommage.

 

 

 

Alexandre Anizy

 

Monitocratie et téléocratie : l'exemple suisse du 10 juin 2018

Publié le par Alexandre Anizy

            Le peuple suisse exprimera sa volonté sur la monnaie le 10 juin 2018.    

 

 

            Au royaume de France, où règnent l'esprit cartésien et des us peu démocratiques, une telle initiative populaire est aujourd'hui impossible : d'une part parce que la Constitution ne le permet pas ; et d'autre part parce que l'élisphère sonnerait la charge contre un projet si insensé, partout dans les médias qui lui appartiennent... Pensez donc : décider par référendum qui aura le pouvoir de créer de la monnaie.    

 

            Que demande cette initiative "monnaie pleine" ? Séparer les activités bancaires de la création de monnaie, dont la Banque Centrale aurait l'apanage. C'est une politique économique radicale au pays de la finance mondialisée.

            Nous ne discuterons pas de cette mesure en soi. Le lecteur se fera une idée en lisant nos anciens billets ci-dessous :

http://www.alexandreanizy.com/article-la-creation-de-monnaie-doit-redevenir-une-fonction-regalienne-95827279.html ;

Et par souci de modération (Suisse oblige, avec un rien de malice),

http://www.alexandreanizy.com/article-31551778.html

 

            Ce qui nous importe aujourd'hui, c'est souligner la possibilité d'une démocratie, quand la représentative a montré l'étendue de son incapacité. Trois exemples :

― en France, le rejet du résultat du référendum de 2005 par la clique européiste (Sarkozy de Nagy Bocsa, Hollande, et alii) ;

― en Grèce, en 2015, la forfaiture du politicien Aleksis Tsipras ;

― en Australie, le 16 avril 2018, Michael Gunner, chef du gouvernement du Territoire du Nord, lève unilatéralement le moratoire de 2016 sur la fracturation hydraulique pour exploiter dès 2019.

Ce qui nous importe également, c'est qualifier l'initiative populaire et le référendum helvétiques.

 

            Une partie des citoyens, suffisamment significative pour valider la procédure, ayant sans doute compris l'impossibilité de leurs gouvernants à échapper au lobby bancaire, a lancé cette initiative. Cette action est monitocratique (1), puisqu'elle vise à contourner les élus ― ce qui est plus positif et plus efficace que de les admonester ― à partir du constat d'une situation bloquée. Le référendum quant à lui est un acte téléocratique (2) : quel que soit le résultat, les citoyens suisses auront eux-mêmes configuré le "noyau dur" de leur économie, à savoir la monnaie.  

 

            Un régime démocratique est forcément téléocratique et monitocratique : l'important, c'est la composition du mélange. Celui de la Suisse mérite notre intérêt.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) Le terme monitocratie est inventé par Jérôme Perrier (Alain ou la démocratie de l'individu, éditions Les Belles Lettres, octobre 2017, page 303) pour synthétiser "la démocratie de contrôle" prônée par Alain.

(2) Ibidem. Dans une téléocratie pure, l'élu aurait un mandat impératif (i.e. agir strictement selon le projet politique qu'il a présenté aux citoyens). Dans une monitocratie pure, l'élu aurait une délégation de pouvoir accompagnée d'un exercice permanent de contrôle et de réprimande par les électeurs.