Mahir Guven est un bon petit soldat de la médiacratie. C'est pourquoi son premier roman bénéficia d'un bouche-à-oreille : le méritait-il ?
Quand on gratte comme Mahir Guven pour le 1 de Fottorino, financé par de grandes fortunes françaises possédant notamment de grands titres de la presse, les portes des éditeurs s'ouvrent facilement puisque la promotion syndicale est assurée. Mais Grand frère (éditions Philippe Rey, 2017, en livrel) vaut-il autant de louanges ?
Pour tout dire, quand on vient de se taper l'béton de Garreta, on ne résiste pas longtemps à l'ennui face au sabir de bendo qui épata le bourge germanopratin, et face à une histoire bourrée de clichés forcément superficiels qui s'achève par une pirouette.
Côté style, voilà l'échantillon :
« L'autre voie possible, c'était de balancer le frère. Ça m'a traversé l'esprit. Est-ce que ce serait plus simple ? Dans cette nuit où tous les chats étaient gris, que la lune était haute, j'ai pesé avec Marie-Jeanne le pour et le contre de toute cette merde. Vendre le frère, c'est des années et des années de nuits sans sommeil, des amis qui vous détestent, et le daron qui me renie. Mon arrêt de mort. » (p.224/255)
Mais on a malheureusement aussi le droit aux « gouttes qui s'étirent sur mon pare-brise, au loin les lumières de la ville qui s'étouffent derrière la buée (...) » (p.30/255), au zgeg qui fourre la grosse (quel hass !), au bédo qui s'coue la tronche, etc. Que du classique !
S'il en commet un deuxième, espérons que Mahir Guven aura l'audace de jeter ses oripeaux de blédard.
Alexandre Anizy