L'archipel manqué de Makine
Trop de métier peut brouiller un texte : Andreï Makine de l'Académie française le démontre avec "L'archipel d'une autre vie".
Andreï Makine est incontestablement un écrivain de la trempe d'Henri Troyat : comme il en prend le rythme de production, espérons qu'il n'aura pas la même fin indigne. Alors on se renfrogne quand on songe au ratage de son dernier roman titré L'archipel d'une autre vie (Seuil, août 2016, livrel à 12,99 € - trop cher !).
Si l'auteur s'était cantonné au récit de la traque, il aurait sorti le meilleur roman de la rentrée. Malheureusement, la 6ème partie reste sur l'estomac (trop rapide, trop convenue, trop floue...).
Du même acabit, Makine semble avoir un rapport difficile avec les hélicoptères, puisqu'ils lui inspirent des images brouillonnes dignes d'une Karine Tuil inspirée (oxymoron) : un hélicoptère rompit la somnolence brumeuse du matin ou encore L'hélicoptère hacha la brume. Ça gâche le plaisir, parce que Makine c'est plutôt : Le sens de ma fuite se rapprochait désormais de cette "autre vie" dont il m'avait parlé et dont le début ressemblait à une marche sur les traces d'une femme inconnue.
Alexandre Anizy