De Sandrine Collette

Publié le par Alexandre Anizy

            Le genre étant relativement florissant, on estampille polar des textes d'un autre acabit, comme ceux de Sandrine Collette.

 

 

            Il reste la poussière (éditions de l'épée, 2016, en livrel) est un livre qui suinte l'ennui et la monotonie : un phénomène dans les espaces patagons. Si on ajoute un huis clos familial, on obtient ordinairement un "roman psychologique". Mais là, comme il y a quelques morts... cela devient un polar, sans enquête ni policiers. Et pour couronner l'affaire, le prix Landernau polar 2016 lui est attribué.

            D'une certaine manière, le jury iconoclaste mérite les félicitations, puisque l'écriture de Sandrine Collette vaut le détour.

            « La mère chaque matin contemple cette steppe indigente quand elle ouvre les volets, arrêtant son geste le temps de repérer les chiens assis derrière la porte, qui couinent en attendant la gamelle. Un domaine de rien, qui vaut moins que son nom écrit sur un panneau de bois ; mais il lui appartient à elle, elle seule, et l'orgueil de posséder ces vastes étendues la console à demi de la vision désolée des terres brûlées par le vent et la sécheresse. » (p.8/253)

Plus loin :

            « Chaque jour ils prennent une centaine de bêtes, les tassent dans des enclos plus petits près de la maison, les coincent entre leurs jambes, jouent du ciseau. Les reins en feu d'être penchés ainsi quinze heures par jour sur les moutons étendus, et Mauro a construit il y a deux ans un palan en bois auquel il accroche sa ceinture pour lui tenir le dos et le soulager des douleurs insupportables. A la fin de la journée, il marche courbé comme un vieillard (...) » (p.205/253)

 

 

Alexandre Anizy

Publié dans Notes culturelles

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :