Détachement de Marceline Desbordes Valmore

Publié le par Alexandre Anizy

            Admirée des grands, oubliée de tous : Marceline Desbordes Valmore.  

 

 

            Détachement

 

Il est des maux sans nom, dont la morne amertume

Change en affreuses nuits nos jours qu'elle consume.

Se plaindre est impossible ; on ne sait plus parler ;

Les pleurs même du cœur refusent de couler.

On ne se souvient pas, perdu dans le naufrage,

De quel astre inclément s'est échappé l'orage.

Qu'importe ? Le malheur s'est étendu partout ;

Le passé n'est qu'une ombre, et l'attente un dégoût.

 

C'est quand on a perdu tout appui de soi-même ;

C'est quand on n'aime plus, que plus rien ne nous aime ;

C'est quand on sent mourir son regard attaché

Sur un bonheur lointain qu'on a longtemps cherché,

Créé pour nous peut-être ! et qu'indigne d'atteindre,

On voit comme un rayon trembler, fuir... et s'éteindre.

 

            Marceline Desbordes Valmore

                        (Œuvre poétique, Jacques André éditeur, 2007)

 

 

 

N.B. : nous saluons ici le travail de Marc Bertrand, et celui de l'éditeur.

 

Publié dans Notes culturelles

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