La guerre des changes ici et maintenant

Publié le par Alexandre Anizy

 

La guerre des changes est en train de s'étendre et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn l'ami du CAC 40, redoute une guerre des monnaies (un terme imprécis mais néanmoins employé par cet expert : « Je prends très au sérieux la menace d'une guerre des monnaies, même larvée (...) » (le monde du 8 octobre 2010). Toujours en retard le "meilleur économiste" de France … (Dans notre note du 20 décembre 2008, nous l'envisagions déjà).

 

Aujourd'hui, qui est clairement offensif dans la mêlée ? La banque centrale américaine, qui s'apprête à racheter massivement, à partir de novembre (selon les minutes des délibérations de la FED), des bons du Trésor au moyen de la planche à billets, ce qui est en adéquation avec la politique de relance que le président Obama sera obligé de mettre en œuvre s'il veut espérer gagner son 2ème mandat, leur objectif avoué étant de baisser les taux d'intérêt à long terme pour accroître l'activité économique.

Faisons une remarque sur ce point : si la FED et les autres grandes banques centrales ont permis d'éviter la catastrophe après la chute de la banque Lehman Brothers, « personne ne peut prétendre que l'abaissement des taux d'intérêt à court terme ait réellement relancé l'investissement » (Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'économie). De la même façon, les chances de succès du plan d'action (quantitative easing) visant à faire baisser les taux à long terme pour stimuler l'économie sont quasi nulles.

Par contre, ce plan d'action aura un premier effet immédiat : la dépréciation du dollar, conforme aux intérêts politiques du gouvernement américain. Le second effet profitera à Wall Street : la hausse du prix des actifs.

 

La Chine n'est pas en reste. Début octobre, en achetant des obligations japonaises, elle a incité les acteurs financiers à faire monter le yen. Pour riposter, la Banque du Japon s'est manifestée sur les marchés après des années de non-intervention. Le 13 octobre, le premier ministre Naoto Kan a demandé à la Chine et à la Corée du Sud (leurs concurrents commerciaux) de ne pas maintenir sous-évaluées leurs monnaies, tandis que le ministre des finances Yoshihiko Noda pointait les interventions régulières de la Corée du Sud sur le marché des changes. Tokyo brisait ainsi un tabou : pour la 1ère fois, la Corée du Sud est mise en accusation.

 

Mais la grande bataille est en Europe. Début octobre, l'euro s'est apprécié de 10 %. Les États-Unis et la Chine ont intérêt à affaiblir l'Europe en dopant l'euro : une opération d'autant plus facile qu'il n'y a pas de défense monétaire européenne.

Le président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa, en parlant du problème du yuan, est en retard d'une bataille (comme DSK l'ami du CAC 40). Le vrai sujet, c'est le dollar, dont la chute est une arme de destruction massive.

Les Anglais, quant à eux, ont tiré les premiers en 2008 : c'est une habitude.

 

 

Alexandre Anizy