Le Monde dédouane Sarkozy avec Bezat en petit télégraphiste
Pour ceux qui en doutait, Pierre Péan et Philippe Cohen leur ont révélé il y a quelques années que le quotidien le Monde ne pouvait plus être qualifié de « référence » tant il avait mené de combats douteux sous la férule du trio invraisemblable et pourtant réel : Minc, Colombani, Plenel.
Les 3 lascars ont quitté le navire, en le laissant dans une situation financière quasiment inextricable et en lui léguant une pratique éditoriale qui ne le grandit pas. C'est ce que nous allons montrer à nouveau aujourd'hui dans le champ politique, alors que notre première analyse concernait l'économie - (re)lire la note du 17 juillet 2008 ( http://www.alexandreanizy.com/article-21298273.html ) -, et que la deuxième portait sur l'administration judiciaire – (re)lire la note du 23 juin 2009 ( http://www.alexandreanizy.com/article-32988296.html ).
Dans le numéro daté du 26 janvier 2010, en page 3, on vous dit « comment Henri Proglio a piégé Sarkozy »: c'est du moins le gros titre de la page. Mais dans l'article, que pouvons-nous lire ?
Apprend-on que lors des réunions préparant la double nomination chez EDF et Veolia la question du montant de la rémunération globale n'aurait jamais évoqué, ou mieux encore, qu'une limite supérieure aurait été clairement demandée par le gouvernement ? Non.
Apprend-on que le fait qu'il y ait concrétement une double rémunération (i.e. À la fois publique et privée) ait été formellement interdit par le gouvernement ? Non.
Au contraire, on voit que les premières décisions prises étaient le fruit de tractations, avec dans le camp Proglio des soutiens aussi forts que le bras droit du Président, à savoir Claude Guéant, que le conseiller qui se voudrait omniscient, à savoir Alain Minc. On constate que le Proglio a remporté une bataille de réseaux, ce qui est la principale caractéristique de sa carrière – les siens étant particulièrement maçonnés. On apprend aussi que « M. Sarkozy n'aurait pourtant jamais nommé à la tête d'EDF un homme dont il ne soit pas sûr. » Mieux que ça, on a les mots du Président adressés à Henri Proglio lorsqu'il le reçoit: « Je te confie la plus belle boîte de France. »
Alors, où est le piège de Proglio ? Nulle part.
Au contraire, la fin de l'article annonce la thèse la plus plausible : « Au fond, c'est son argumentaire [à Proglio] qui a convaincu. »
La rigueur intellectuelle n'est donc pas la qualité que nous porterions au crédit des signataires : Raphaëlle Bacqué et Jean-Michel Bezat.
Ce dernier aggrave son cas (on suppose que ses initiales J.-M. B. désignent le journaliste courageux) en bas de la même page 3, avec un petit article titré « Le chef de l'Etat était réservé sur les deux mandats ».
Or, que nous dit-il ici ?
Que le Président aurait été « très réservé sur l'idée d'un rapprochement Veolia - EDF », ce qui contredit la thèse de l'article principal (signé aussi par J.-M. B., rappelons-le) qui affirme que Proglio a été choisi grâce au fond à son argumentaire, i.e. son projet de rapprochement !
Que le Président aurait insisté sur le fait que « la même personne ne peut pas présider les deux [sociétés] », ce qui ferait douter de la santé intellectuelle du Président puisqu'il aurait aussi déclaré à Proglio, selon l'article principal au-dessus : « Je te confie la plus belle boîte de France ».
Non vraiment, ce papier secondaire n'est pas sérieux, mais il est conforme à la méthode retenue par le quotidien vespéral pour manipuler le lecteur (voir nos notes précédentes grâce aux liens ci-dessus). Vincent Peillon le bourgeois prétendant va avoir du boulot, parce qu'il n'y a pas que les patrons de la télévision publique qui soient serviles (voir sa déclaration au Monde du 24 janvier 2010) !
Ce petit article ressemble plus à un élément d'un plan de communications correctives élaborées à l'Elysée ou ailleurs, qu'à un travail de journaliste de référence : les mots rapportés du Président proviendraient de confidences en privé … un procédé très utile pour un éventuel futur démenti.
Si Jean-Michel Bezat est journaliste de profession, nous considérons qu'il a aussi des compétences pour une autre fonction : petit télégraphiste.
Alexandre Anizy