Sonnenschein de Daša Drndić

Publié le par Alexandre Anizy

Sonnenschein (Gallimard, avril 2013, 513 pages, 25 €), c’est un roman documentaire (1) nous prévient l’auteur Daša Drndić (prononcer Dacha Derenditch). Mais ne soyez pas rebutés, car ce livre original est remarquable !

 

A travers une famille, il s’agit de donner à voir les bouleversements incessants dans la région de Trieste et de l’Europe, dans la première moitié du XXe. Les saloperies des monstres ordinaires, et leurs projets fous, seront décrits dans les détails : numéros des trains plombés, leurs contenances, etc.

 

Il faut saluer la hardiesse de Daša Drndić qui ose présenter (page 199 à 281 !) la liste de 9.000 Juifs déportés d’Italie ou assassinés en Italie et dans les pays qu’elle a occupés de 1943 à 1945, mais aussi les CV courts des coupables avec leurs méfaits. Après avoir lu ce roman documentaire, qui croira encore à la fable du « nous, on ne savait pas », en Allemagne et en Autriche notamment ?

 

Prévention : on entre difficilement dans l’histoire, du fait de l’accumulation nécessaire d’événements, de noms de gens et de lieux, mais l’architectonique étant de bonne facture et le style plaisant (saluons le traducteur Gojko Lukić), l’immersion devient inéluctable.

 

Bon, évidemment ce n’est pas un livre de plage.

Le texte de Daša Drndić est une gifle à l’Europe du silence d’après-guerre.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) : ce que nous avons entrepris avec le récit Instruction ordinaire, racontant un processus judiciaire (disponible en livrel partout sur Internet, à 2,99 €) : « un curieux livre citoyen », selon un libraire.

 

 

Publié dans Notes culturelles

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