Bel-Ami Macron Premier des Pingouins

Publié le par Alexandre Anizy

            Lire le monde avec les yeux d'Anatole France et du philosophe Alain.   

 

 

            Le 14 octobre 1908, le désabusé Anatole France publiait L'île des Pingouins chez Calmann-Lévy, et trois ans plus tard dans Les Dieux ont soif, l'écrivain socialiste déniaisé révélait son désenchantement.

            « Comme tous les vrais aristocrates, comme les patriciens de la Rome républicaine, comme les lords de la vieille Angleterre, ces hommes puissants affectaient une grande sévérité de mœurs. (...) Sans autre occupation que de pousser du doigt un bouton de nickel, ces mystiques, amassant des richesses dont ils ne voyaient pas même les signes, acquéraient la vaine possibilité d'assouvir des désirs qu'ils n'éprouveraient jamais. »

(La Pléiade, tome IV, p.234)

 

            Quant à nous aujourd'hui, après avoir subi le Pingouin normal, verrons-nous le Pingouin jupitérien devenir empereur ? 

            « Le vieil esprit théologique est au fond l'esprit politique dans le sens plein du mot ; c'est l'esprit qui s'applique plutôt aux hommes qu'aux choses. (...) Mais le gouvernant, à quelque degré qu'il soit gouvernant, a pour métier de persuader, d'amuser, de détourner, d'effrayer ; car c'est dans la masse des hommes qu'il taille (...). Remarquez que, dans la pratique du commandement, (...) et sous cette idée du fouet j'entends la menace, la promesse et la récompense. (...) Ce n'est donc nullement par hasard que les meneurs d'hommes sont religieux. Inversement, et par la nature même de ses travaux, l'artisan n'est point théologien du tout. Deux idées, l'intrigue et le travail, forment deux classes d'esprits, l'ambitieux et l'industrieux. L'ambitieux espère, prie, promet, menace ; l'industrieux observe, mesure, pèse, invente. Le premier règle ses opinions sur ses désirs, et l'autre sur l'objet. Le premier compte sur sa gloire, sur son autorité, sur sa majesté ; ce sont ses armes et ses outils. L'autre nettoie sa pioche. » Alain (Mars ou la guerre jugée, La Pléiade, p.630-31)

 

            « Ainsi tout l'art de gouverner se réduit à tirer parti des ennemis que l'on se fait par l'imprévoyance, la sottise et la vanité. Une vue sommaire des causes, un contrôle sévère, un mépris tranquille [ la communication non verbale trahit toujours les ambitieux : ah ! le geste dédaigneux du bras de Bel-Ami Macron qui rejette le peuple français lors d'un conférence de presse estivale, à l'étranger qui plus est... ] arrêtent aussitôt cette politique de vieux enfants, comme on l'a vu, comme on le verra. Et sans que les hommes changent beaucoup. Car ce n'est pas difficile. Seulement ce qui est difficile, c'est de croire que ce n'est pas difficile. » Alain (Mars ou la guerre jugée, La Pléiade, p.628)

 

Tout est dit, non ?

 

Alexandre Anizy