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Le collectionneur sans valeur de Chrystine BROUILLET

Publié le par Alexandre Anizy

Née en 1958 au Québec, Chrystine BROUILLET a publié un premier roman (« chère voisine ») en 1982, qui obtint le prix Robert-Cliche : c’était un bon début. Puis elle s'est consacrée aux livres de « jeunesse » avant de rencontrer le succès populaire, notamment avec ses romans policiers.

 

« Le collectionneur » (édition La courte échelle, 1er trimestre 1995, 215 pages) est le 3ème de la série « Maud Graham », un flic célibataire qui héberge par intermittence un prostitué mineur, en rêvant d’un amour éventuel avec le médecin légiste sans oublier son job qui consiste, dans ce volume, à traquer un tueur en série taxidermiste.

Le style est sans saveur, d’une ennuyeuse banalité. Il nous fait penser à la besogne d’une élève appliquée.

Avec Chrystine BROUILLET, pas étonnant que l’on se brouille.

 

Alexandre ANIZY

Philippe LABRO raconte les gens

Publié le par Alexandre Anizy

Philippe LABRO a le talent d’un Joseph KESSEL : il sait raconter une histoire, et c’est toute une époque qui passe à travers elle.

 

Avec son roman « un début à Paris » (Gallimard, 1994, 349 pages, 125 FRF), il relate ses débuts professionnels dans le milieu de la presse : un livre incontournable pour tout apprenti journaliste, une lecture plaisante pour les autres.

 

Les deux romans précédents, « l’étudiant étranger » et « un été dans l’ouest », peuvent aussi constituer un agréable détour.

 

Alexandre Anizy

Standard & Poor's est une agence de notation incohérente

Publié le par Alexandre Anizy

Depuis le début de la crise financière, les économistes n’ont cessé de stigmatiser les agences de notation en dénonçant leurs manques. Nous ajoutons aujourd’hui notre modeste contribution.

 

Carol SIROU et Moritz KRAEMER sont chargés de la notation des Etats souverains au sein de Standard & Poor’s, qui a dégradé les notes de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce, tout en maintenant la note AAA de l’Angleterre. Dans un entretien accordé au Figaro (du 2 février 2009), ils ont expliqué leurs décisions.

 

Concernant la zone euro, Moritz KRAEMER affirme :

« Il n’y a de notre point de vue aucune probabilité [c’est nous qui surlignons, ndAA] d’éclatement de la zone euro. »

Car exploser l’euro actuel serait forcément un retour « aux errements des années 1970 – 1980 : endettement, inflation, etc. » C’est d’ailleurs pourquoi « les choses auraient été bien pires pour l’Espagne, le Portugal ou la Grèce s’ils n’avaient pas été dans la zone : leur devise aurait été violemment attaquée et leur endettement encore plus cher ».

Les notes de ces 3 pays ont été dégradées, mais ils doivent tout de même remercier le carcan actuel de l’euro qui leur épargne une crise de change etc.

 

Concernant l’Angleterre, Standard & Poor’s a maintenu sa note AAA, malgré les données économiques noires : les mesures du gouvernement de Gordon BROWN « pourraient faire plonger le déficit jusqu’à 10 % du PIB en 2010 et doubler le ratio d’endettement d’ici à 4 ans. »

Pourquoi ce maintien « AAA » puisque la situation de l’Angleterre n’est pas plus brillante que celles des 3 pays de la zone euro cités ci-dessus ?

« (…) nous maintenons le AAA, notamment parce que la Grande-Bretagne a un taux de change flexible : depuis l’été 2007, la livre a perdu 30 % de sa valeur. Ceci donne au pays un avantage compétitif par rapport à ceux de la zone euro (…) ». (Toujours Moritz KRAEMER)

Vous avez bien lu Moritz KRAEMER, cet agent examinateur de Standard & Poor’s : être hors de la zone euro en ayant un taux de change flexible, c’est un avantage compétitif par rapport à ceux qui sont dans la zone euro. Ce qu’il prouve, en quelque sorte, en maintenant le « AAA » pour l’Angleterre.

 

Alors quel est l’avantage pour l’Espagne, le Portugal et la Grèce d’être dans la zone euro, puisque leurs notes ont été abaissées ?

La dégradation aurait été plus sévère, s’ils avaient été hors de la zone euro. Ce qui ne pourra jamais être prouvé.

 

 

Force est de constater que la zone euro pénalise certains de ses membres, et que le taux de change flexible est un avantage compétitif pour ceux-là même qui prétendent apprécier l’euro actuel !

 

L’incohérence est à son comble quand Moritz KRAEMER conclue sentencieusement, après avoir dégradé la note de ces 3 pays de la zone euro et avoir maintenu celle de la libre Grande-Bretagne :

« Nous ne sanctionnons pas les pays de la zone euro, cette zone offre plus d’avantages que de désavantages ! ».

 

Alexandre ANIZY

Critique du "oui à la Turquie" de Michel ROCARD l'idiot utile (IV)

Publié le par Alexandre Anizy

La position de Michel ROCARD recèle une contradiction majeure.

Avec lui, nous faisons ce sombre diagnostic : « Nous allons tout droit vers une confrontation mondiale des formes d’organisation économique, sociale et financière. » (p.139), dans laquelle la guerre est une option. Dire que les Etats-Unis maintiendront fort probablement leur choix d’une totale liberté des agents économiques, avec corrélativement l’instabilité et le durcissement social, relève simplement du bon sens. En conséquence, une bataille économique entre l’Union Européenne et les Etats-Unis sera inéluctable.

« Dans la perspective de cette confrontation entre les Etats-Unis et l’Europe – sans même parler de la Chine -, il est essentiel que l’Europe fasse masse : l’adhésion de 71 nouveaux millions de citoyens consommateurs en plus des 550 millions de citoyens européens est donc décisive. Il faut que l’immense marché turc (…) joue dans le sens de l’Europe. » (p.140)

L’adhésion de la Turquie est donc essentiellement une affaire d’économie, précisément de taille critique.

 

Notre première objection est un rappel des réalités microéconomiques : en matière de fusion-acquisition, les faits montrent que (1 + 1) ne font bien entendu jamais 3 comme le font souvent miroiter les initiateurs de l’opération, mais plutôt 1,8 voire moins. Autrement dit, cet élargissement de l’espace économique européen sera accompagné d’une destruction interne de valeurs.

 

Notre deuxième objection est importante : l’adhésion turque affaiblira la position politique de l’Europe sur l’échiquier mondial. En effet, comme le dit Michel ROCARD, « c’est en Turquie que prennent naissance le Tigre et l’Euphrate. La Turquie est le réservoir d’eau de l’Irak, de la Syrie, du Liban et d’Israël (…). » (p.99). Ainsi, l’Europe ne sera plus en dehors de ce conflit régional, mais à la marge qui l’impliquera forcément dans la gestion commune de l’eau qui deviendra un impératif régional.

Affirmer que l’Europe renforcera sa position géostratégique, alors qu’elle s’introduira de manière passive (i.e. sans objectifs politiques et militaires, avec les moyens nécessaires à la réalisation de ses objectifs) sur un champ de bataille, c’est ignorer les leçons de l’Histoire et de la polémologie.  

Est-ce pour cette raison que l’actuel commissaire européen en charge de la justice et des affaires intérieures, le français Jacques BARROT, faisant fi de la solidarité de l’équipe bruxelloise, a déclaré devant les étudiants de Paris II-Melun que l’entrée d’Ankara serait une « erreur considérable » ?

 

Le raisonnement de Michel ROCARD bute finalement sur une contradiction majeure, qui constitue notre troisième objection. Si l’adhésion turque permet d’accroître la taille du marché européen, elle augmente de facto les risques de grippage interne de la mécanique eurocratique en introduisant un nouvel acteur qui, conscient de son poids démographique et de son potentiel économique, exercera inéluctablement une nouvelle force centrifuge. En adepte du « parler vrai », Michel ROCARD le reconnaît quand il dit : « Seulement voilà, l’Europe fédérale et politique est une chimère. Si elle était à l’ordre du jour, (…) l’adhésion turque la rendrait plus difficile. (…) freinerait l’élaboration d’une diplomatie européenne commune ». (p.116) Ainsi, parce que l’entrée de la Turquie affaiblirait sérieusement l’unité politique européenne, ROCARD admet enfin que l’idéal européen (i.e. le fédéralisme) est déjà mort depuis 1972 avec l’entrée de la Grande-Bretagne.

Mais si l’idéal européen est mort, dans la confrontation économique mondiale à venir comment peut-on avancer l’idée d’un renforcement ou même d’une défense du modèle social européen grâce à l’adhésion de la Turquie ? S’il constate la fin du rêve d’une union politique et économique (i.e. une unité d’action budgétaire et monétaire), Michel ROCARD n’en tire pas la conséquence logique : la mort du modèle social européen, si tant est qu’il existât. Il ne le fait pas, parce qu’en bon politicien il continue à vendre au peuple un projet social commun, alors qu’il sait pertinemment que l’Europe n’est plus qu’ « un club de nations cherchant à intégrer leurs économies » (p.136)

C’est ainsi que la social-démocratie européenne est d’abord au service de l’oligarchie avant d’être au service des peuples.

 

 

En conclusion, nous tenons à saluer cet essai où la logique rocardienne présente quelques ratés, qui sont autant de révélateurs des objectifs réels de la construction européenne en cours. Parce que Michel ROCARD se considère comme brillant, il nous montre les contradictions qu’il croit dépasser, jouant ainsi le rôle d’un idiot utile. D’aucuns ajouteront qu’il en a l’habitude.

 

Alexandre ANIZY

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