Un bon Compagnon
Comme nous pensions relire Montaigne durant l’été, il nous parut intéressant de chercher un écrit de spécialiste universitaire, histoire d’attaquer le Sage avec un autre prisme dans notre besace : c’est ainsi que nous tombâmes sur Antoine Compagnon … et finalement son dernier livre, la classe de rhéto (Gallimard, novembre 2012, livrel au prix exorbitant de 13,99 €)
Il nous raconte le bout de jeunesse d’un fils de général débarquant de l’Amérique pour devenir lycéen dans un internat sélect, à l’Ouest : vous voyez de suite le choc de civilisation, entre la vie trépidante de la Grosse Pomme et la torpeur dominicale d’un bourg provincial… A cela s’ajoutent les joies de la collectivité militaire ! Nous sommes sûrs qu’Antoine n’élucubre pas.
En tout cas, c’est joliment écrit :
« En août, je me trouvais encore en Amérique. Je fêtais mes quinze ans et je pensais n’avoir plus rien à apprendre. J’étais élève, depuis plusieurs années, dans une école très libérale. Sans mur d’enceinte, cernée de pelouses et de terrains de sport, riche d’une bibliothèque lumineuse, elle donnait sur la rue, la ville, le pays, l’univers. Mon père était en poste à Washington. Ma mère venait de mourir et, au printemps, j’avais passé l’examen d’entrée au bahut dans le sous-sol du consulat de France. »
Ainsi commence la classe de rhéto.
En lisant ce roman, nous pensions à notre propre expérience, au lycée Margueritte où nous n’étions pas heureux. Mais après des détours, nous entrâmes à l’université où nous traçâmes un parcours personnel, c'est-à-dire quasiment selon nos goûts (très peu d’unités de valeur de contrainte) : on pouvait donc s’épanouir en fac, en ce temps-là.
Aujourd’hui, sur les étagères de notre fille, dont la liste des lectures recommandées contient Le bachelier de Jules Vallès et Le petit chose d’Alphonse Daudet, nous ajoutons la classe de rhéto : nous plaçons notre contemporain en excellente compagnie.
Alexandre Anizy
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