Allemagne gagnante dans une Europe perdante

Publié le par Alexandre Anizy

Nous avons vu hier avec Nicolas BAVEREZ que l’Europe était la grande perdante de la mondialisation : son taux de croissance depuis 1990 n’a été que de 1,8 % quand l’activité mondiale progressait de 4,2 % par an.

 
Mais dans cette Europe perdante, force est de constater que l’Allemagne, bien qu’ayant subi le choc de la réunification au début dans les années 90, a retrouvé le leadership au jour d’aujourd’hui, si tant est qu’elle l’avait perdu auparavant : une croissance de 2,5 %, un chômage passé de 12,4 % à 8,4 %, un solde positif de la balance commerciale de 180 Milliards d’euros, des finances publiques excédentaires au 1er semestre 2007.

La France est loin de ce tableau mirifique.

 
Comment obtient-on de si bons résultats ? Avec 3 principes : une modernisation du pays négociée (en commençant par l’alliance au sommet des 2 grands partis), la priorité accordée à l’offre, i.e. aux entreprises, à l’industrie et aux exportations, la facture de la réunification imputée aux ménages, de même que la stratégie de la désinflation compétitive (soit une stagnation des salaires nets sur 20 ans ! – 1320 € par mois en moyenne en 2006, 1315 € en 1986).
Aujourd’hui, pour restaurer ses comptes publics et sociaux, l’Allemagne taxe la consommation en augmentant le taux de TVA normal de 3 points, ce qui surenchérit d’autant plus les importations : les excédents commerciaux vont perdurer.

 
Dans notre note du 3 septembre 2007, nous disions que l’Allemagne avait pris en compte le choc de la crise américaine et un euro fort pour baisser le taux de croissance prévisionnel de 2008 à 2 % (au lieu de 2,4 % en 2007) : pour Angela MERKEL, un euro fort est de nature à renforcer l’Europe dans son rôle de puissance économique, et selon elle, le dossier est entre de bonnes mains auprès de la BCE. (Figaro 16 janvier 2008)

La France, par la voix de son Secrétaire d’Etat aux Affaires Européennes Jean-Pierre JOUYET, s’est empressée de déclarer qu’elle ne prendra aucune initiative pour modifier les statuts de la BCE dont elle approuve désormais la politique.
Avec ça, on est bien servi.


L’Allemagne ne passera pas trop mal l’orage économique de 2008.

 

Alexandre Anizy