Société Générale : qui ment ? (II)

Publié le par Alexandre Anizy

Dans une déposition sur procès-verbal, Michel ZOLLWEG, dirigeant le Trading Surveillance Office (TSO : un service du ministère allemand des Finances), a déclaré que la Société Générale « ne pouvait pas ignorer les positions prises par Jérôme KERVIEL » et qu’elle a essayé de les tromper « à dessein ».

En août 2007, la Société Générale a versé les centaines de millions d’euros d’appels de marges nécessaires aux opérations initiés par un seul trader nommé Jérôme KERVIEL : « Elle est donc au courant des opérations prises par son trader. »

Parce qu’il est inhabituel qu’un seul trader engage une banque pour des montants si élevés, Michel ZOLLWEG fait ses observations par écrit et demande des explications à la Société Générale. La réponse ne viendra qu’un mois plus tard, par un simple appel téléphonique : « Les opérations de KERVIEL sont correctes. »

Lorsque ZOLLWEG exige une réponse écrite, elle lui parvient 5 jours plus tard avec des « termes incompréhensibles » : « A dessein, la réponse reprenait des termes inconnus. La Société Générale a volontairement utilisé une terminologie que nous ne comprenions pas. » (Michel ZOLLWEG).

Nous vous passons d’autres détails.

Le jour où la Société Générale a officiellement tout découvert, le 18 janvier 2008, le TSO, qui avait entrepris d’autres recherches exceptionnelles sur toutes les opérations de KERVIEL depuis avril 2007, préparait l’envoi d’une autre demande d’informations à la Société Générale. Ce n’est que pure coïncidence. Rien ne partira, puisque dès le lundi 21 janvier au matin la Société Générale soldait les positions du trader KERVIEL.

 
Les supérieurs hiérarchiques (N+1 et N+2), qui disent n’avoir rien su des « vastes opérations » de KERVIEL qui ont rapporté 55 millions d’euros à son service « delta one » en 2007 (soit plus de 50 % du bénéfice réalisé !), ont négocié leurs bonus : Eric CORDELLE (N+1) avait obtenu 500.000 € (la moitié était due au résultat de KERVIEL) ; Martial ROUYèRE (N+2) avait obtenu plus de 2 millions, dont 25 % grâce au gain de KERVIEL. Des cadres qui savent profiter des gains de leurs subordonnés sans en connaître l’origine : c’est une nouvelle race de managers, assurément.

Mais comme ce n’était que des promesses de bonus, la firme dit aujourd’hui qu’ils ne toucheront rien.
Pour la Société Générale, c’est une question de morale ?

 
Alexandre Anizy

Publié dans Notes générales

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