Retour des keynésiens comme Edwin LE HéRON

Publié le par Alexandre Anizy

C’est avec plaisir que nous voyons les keynésiens, comme Edwin LE HéRON (économiste, maître de conférence à Sciences Po Bordeaux), apparaître dans les médias : ils ne seront pas de trop pour repenser le capitalisme. D’autant plus qu’il nous met en garde immédiatement : « Des solutions keynésiennes ne peuvent être improvisées sur des problèmes essentiellement structurels. (…) Cette crise n’est pas keynésienne, mais celle d’un libéralisme devenu fou à force de dérégulation et de fétichisme de l’accumulation de richesses virtuelles ! » Nous approuvons sans réserve.

 

Puis, nous dit Edwin LE HéRON, la question du respect du « stupide » pacte de stabilité et de croissance n’en est pas vraiment une : il conviendrait plutôt de signer de bons traités.

Ensuite, il précise qu’ « abandonner les banquiers et [c’est] l’ensemble du système [qui] s’effondre y compris le système productif ; les aider et ils recommenceront demain. » Par conséquent, « oui, il faut renflouer les banquiers imprudents, mais il faut surtout réguler leurs pratiques et encadrer leurs instruments ».

De ce point de vue, l’affaire est mal partie : en France, ce sont les banques « à sauver » avec à leurs têtes le même personnel qui vont être majoritaires du véhicule juridique ad hoc (l’Etat ayant une minorité de blocage, tout de même …). Est-ce vraiment sérieux ?

Les banquiers ont oublié (vraiment ?) qu’ « avec l’incertitude radicale, les risques financiers sont endogènes et le long terme n’est jamais prédéterminé puisqu’il est une suite de situations de courts termes qui elles-mêmes dépendent de la vision que l’on a à chaque période du futur. (…) Si la finance peut se croire un temps autonome, elle ne peut à long terme qu’être nourrie par la production de valeurs réelles et de profits qui n’ont pas la capacité de monter au ciel. »

Si « être keynésien, c’est agir fortement sur la répartition des revenus et accepter une régulation des marchés qui évite les crises et non plaider pour une thérapie de choc simpliste (…) », alors qualifier de keynésiens les remèdes exceptionnels mis en place actuellement, comme le fait Laurent JOFFRIN le cabri imbécile (lire notre note du 8 octobre 2008), ne fait que mettre en exergue l’indigence de la pensée économique de l’élite journalistique.

Enfin, Edwin LE HéRON constate que l’oligarchie européenne ne veut pas de cette action keynésienne (i.e. répartition des revenus et régulation des marchés), puisque par exemple « les outils de la régulation ont été systématiquement détruits depuis 25 ans avec la déréglementation financière mondiale, le pouvoir monétaire confié aux banques centrales indépendantes et l’absence de coordination des politiques économiques et budgétaires nationales ». 

 

 

En conclusion de son article, Edwin LE HéRON nous dit que « pour rétablir la situation, il faudra autre chose que le prêt à penser keynésien d’autrefois. [Laisser cela à Dominique STRAUSS-KAHN et à d’autres, ndaa] Les keynésiens d’aujourd’hui sont prêts à cette réflexion (…) ».

Toutes les bonnes volontés doivent être encouragées.

 

Alexandre Anizy