La question de l'Allemagne

Publié le par Alexandre Anizy

Depuis septembre 2008, la crise financière met en lumière les divergences dans le couple franco-allemand : de ce point de vue, elle pourrait être utile pour tous ceux qui se voilaient la face. Reprenons ici le commentaire d’un diplomate français (Libération, 13 octobre 2008) : « On ne comprend pas à quoi joue l’Allemagne. Elle vit coupée du reste de l’Europe depuis le début de la crise. C’est désespérant et inquiétant. »

 

Quelques exemples :

L’idée d’un fonds européen de sauvetage est défendue par la France, mais refusée par l’Allemagne ;

Le refus initial (au G4 à Paris) d’un « chèque en blanc à toutes les banques, même si leur comportement s’est avérée irréprochable » de la chancelière Angela MERKEL, pour retourner sa veste 24 heures plus tard pour sauver SA banque Hypo Real Estate ;

Puis l’envoi d’un fonctionnaire sans mandat aux réunions de l’Euro groupe et de l’Ecofin qui suivaient ce tête-à-queue dominical, en remplacement d’un ministre porté pâle ;

Les Allemands défendaient des mesures adaptées à chaque pays, et soudain, après le G7 Finances de Washington, Berlin soutient l’idée anglaise d’une garantie publique des prêts entre banques (alors qu’ils savaient la France opposée à cette solution coûteuse …), ce qui signifie pour tous les autres membres de l’Euroland l’alignement sur la nouvelle position allemande (sous peine de graves dysfonctionnement sur les marchés !) ;

La France proposant un plan de relance économique au Conseil européen de Bruxelles, nouveau refus de l’Allemagne, et de Jean-Claude JUNCKER, le patron du paradis fiscal (lire notre note du 22 octobre 2008) qui se pose en maître de l’orthodoxie financière (n’est-ce pas ubuesque ?) ;

Etc.

 

En fait, la doctrine allemande tient en peu de mots :

·        « l’argent allemand doit servir à sauver les banques allemandes. » ;

·        L’Allemagne est réticente à voir « son argent », comme dit son ministre des Finances Peer STEINBRÜCK, payer les factures des autres Etats.

Ces propos auraient pu sortir de la bouche de Margareth THATCHER (souvenez-vous de ses « I want my money » … et la résignation finale d’un François MITTERRAND, comme d’habitude), qui n’avait rien d’un « cabri européen ».  

 

Pourtant, les gens bien informés, comme en principe ceux qui nous gouvernent, savent comme Georges PéBEREAU que « l’euro condamne la France à équilibrer ses comptes et à réduire sa dette non pas en 2012, mais dans les plus brefs délais, car on assiste à un déplacement continu de croissance, de pouvoir d’achat et d’exportations à l’intérieur de l’Europe en direction de l’Allemagne. » (cité dans notre note du 11 octobre 2008)

Tous ces gens font fi du principe de réalité en continuant à se soumettre à une ardente obligation chimérique : Marie-Ségolène ROYAL la madone Déate ne vient-elle pas de suggérer la création d’un ministère franco-allemand « du développement économique appuyé sur la croissance écologique » ?

 

Jusqu’où conduira l’aveuglement idéologique de l’oligarchie ? C’est ce que la question de l’Allemagne révèle.

 

Alexandre Anizy