2 économistes futiles : Philippe AGHION et Esther DUFLO
Illustrons aujourd'hui un propos du philosophe Marcel GAUCHET (lire notre note du 26 mai 2009 « L’Etat otage des Banques selon Marcel GAUCHET »). À tout seigneur, tout honneur : nous parlerons de Philippe AGHION (ENS, Docteur en sciences économiques à Harvard, professeur à Harvard) et d'Esther DUFLO (ENS, MIT, professeur au MIT et au Collège de France – chaire internationale « Savoirs contre la pauvreté »).
Depuis 2005, Philippe AGHION se donne beaucoup de mal (?) pour faire connaître les travaux dans lesquels il démontre que « l'allongement de la durée de vie a un effet positif sur la croissance du produit intérieur brut (PIB) », aussi bien pour les pays développés que ceux du tiers-monde. Un important travail statistique (corréler santé et croissance n'est pas une mince affaire) a permis de vérifier quelques truismes, comme la relation de causalité entre baisse de la mortalité et augmentation de la croissance. En effet, nul n'ignore que les seniors sont des consommateurs, notamment de biens et services de santé…
« Doubler la croissance de l'espérance de vie représente un lourd investissement. Mais au bout, il y a le point de croissance supplémentaire souhaitée par le Président de la République. »
(Le laboratoire de recherche de Mr AGHION aurait-il besoin de crédits ?)
Si on suit ce raisonnement, il convient de prolonger, même au-delà du raisonnable, la durée de vie des hommes parce que cela est bénéfique au taux de croissance… Poursuivons jusqu'à l'absurde : augmentons le nombre des accidents de la route, puisqu'ils génèrent une hausse des dépenses de santé qui sont incluses dans le PIB...
Les travaux de Philippe AGHION sont en général infiniment passionnants, mais n'aurait-il pas oublié en l’espèce que les hommes préfèrent dynamiser leur fin de vie, plutôt qu’allonger une éventuelle période de dépendance ?
Le cas d'Esther DUFLO est intéressant, puisqu'elle met elle-même en avant son pragmatisme dans son laboratoire du MIT. Nous nous souvenons de cette étude où elle démontra, dans une certaine région d'Afrique, que l'absentéisme des écoliers était plus une affaire de santé que de pédagogie. Nous ne doutons pas que dans un avenir proche Esther DUFLO prouvera que, pour une autre région d'Afrique, les enfants ayant le ventre vide apprennent moins vite que les écoliers repus.
Il nous semble qu'avec Mme DUFLO la science économique de la misère frise la misère de la science économique.
Ceux qui ont lu nos notes économiques comprendront ce qui suit :
Laissons la science économique aux matheux et faisons de l'économie politique !
Alexandre ANIZY