Euro : rétablir l'étalon-or selon Philippe SIMONNOT
Dans un article paru dans le Monde du 2 juin 2009, Philippe Simonnot prône le rétablissement de la convertibilité métallique pour échapper à l’inflation galopante, parce qu’ « elles sont toujours là (…) les forces qui avaient obligé à réajuster les changes du « protoeuro », à savoir le système monétaire européen (SME) par douze fois entre 1979 et 1991, avant son explosion en 1992 ».
Rappelons avec Simonnot que « dans un espace géographique donné, une monnaie unique suppose une libre circulation des biens, des capitaux et de la main d’œuvre et une flexibilité complète des prix et des salaires. »
En fait, l’euro masque ces forces de dissolution en supprimant le thermomètre qui mesurait les divergences entre les pays membres, ce qui permet à certains d’emprunter à des taux plus bas que ceux qu’ils obtiendraient « hors euro », et à laisser grossir les déficits à un niveau qu’ils n’auraient pu atteindre s’ils avaient conservé leurs propres monnaies. Evidemment, ce genre de situation ne perdure pas.
Dans la construction technocratique de l’Union Européenne (du plan Werner en 1970 au plan Delors en 1989), une instance économique intergouvernementale devait contrebalancer le pouvoir monétaire exorbitant cédé à la Banque Centrale Européenne (BCE), proclamée indépendante par un coup de force institutionnel : ce deuxième pilier fut « oublié ». Force est de constater que « l’édifice est non seulement bancal, mais en plus il n’a aucune légitimité démocratique ». Rappelons que dans le traité de Rome du 25 mars 1957, acte fondateur de l’Union Européenne, il n’est pas écrit qu’une union monétaire était nécessaire au projet, puisque ce n’est absolument pas indispensable d’un point de vue économique et financier.
Utilisons cet avantage : l’autonomisation de l’euro pourrait servir de plate-forme au rétablissement de l’étalon-or par l’Europe. Dans son allocution du 5 février 2009, le Président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa n’a pas écarté cette hypothèse lorsqu’il évoquait un régulateur international, un instrument dont rêvent aussi des pays comme la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine (dont les réserves d’or ont d’ailleurs récemment doublées).
Dans l’état actuel des choses, « la nouvelle vague d’inflation, voire d’hyperinflation américaine qui arrive, obligera l’euro à se réévaluer de facto », ce qui engendrera une poursuite de la montée du chômage (crise sociale et politique en perspective).
Puisqu’à long terme, la monnaie-papier n’est pas viable (l’histoire économique nous l’enseigne), il ne fait pas de doute pour Philippe Simonnot qu’ « une course pour le rétablissement de la convertibilité métallique est déjà engagée entre les grandes puissances du monde. Le premier qui rétablit l’étalon-or gagnera un afflux immédiat d’épargne permettant de financer sainement la relance.»
Ce raisonnement, il n’est pas inimaginable qu’il soit tenu à Washington : un retour au Gold Exchange Standard de Bretton Woods prolongerait en effet le privilège du dollar.
Instaurer la convertibilité métallique de l’euro serait un coup de maître : l’épargne mondiale serait alors drainée vers les places européennes qui reviendraient au centre du système monétaire international, ce qui n’était plus le cas depuis 1914.
« Une manière de solder enfin les comptes du XXème siècle. »
Prise à l’état brut, cette proposition n’est pas satisfaisante, mais si nous l’intégrons dans une théorie monétaire innovante, la question doit être discutée.
Alexandre Anizy