Pour Jacques JULLIARD l'affaire EADS est trop compliquée pour indigner les foules

Publié le par Alexandre Anizy

Après une présentation sans complaisance de l’affaire, Jacques JULLIARD conclue sa chronique du Nouvel Observateur du 11 octobre 2007 par : « Trop compliquée pour passionner ou indigner les foules, cette affaire est sinistre. Voilà l’une des conséquences de la défaite politique et morale de la gauche : quand les puissants n’ont plus de raisons de craindre, le sentiment d’impunité s’accroît, la morale publique s’effondre et le lien social s’effiloche. »

 
Pour monsieur JULLIARD, on peut essayer d’expliquer simplement aux foules ce scandale financier d’Etat :

  • En 1999, LAGARDERE (le père) apporte dans la corbeille de naissance de EADS des actifs d’une valeur de 5 à 10 Milliards de francs pour recevoir 15 % du capital ;
  • En 1999, l’Etat français apporte dans la corbeille de naissance de EADS des participations d’une valeur de 80 à 160 Milliards de francs pour recevoir 15 % du capital.

Drôle d’arithmétique financière : 1O Mds = 160 Mds !!!

« La constitution d’EADS fut pour le groupe LAGARDERE le plus fantastique hold-up commis à l’occasion d’une privatisation » (un haut fonctionnaire cité par le Canard enchaîné du 10 octobre 2007)

  • En 2006, l’action EADS est au plus haut … et des turbulences vont se produire inéluctablement, MAIS, c’est juré, le patron propriétaire LAGARDERE (le fils cette fois) ne le savait pas quand il décida de vendre pour ramasser l’oseille, avec l’aide du bras financier de l’Etat, la Caisse des Dépôts et Consignations : 2 Milliards encaissés.

« 7 ans plus tard, le groupe LAGARDERE a perpétré un tout aussi fantastique hold-up sur le dos de la Caisse des Dépôts et Consignations et des petits actionnaires. » (le même haut fonctionnaire, déjà cité)

 
Comme le dit monsieur JULLIARD, le scandale EADS braque « une lumière crue sur la moralité des dirigeants d’entreprise qui se conduisent comme des barons pillards. »

La déconfiture d’Airbus (filiale d’EADS), c’est

10.000 suppressions d’emplois d’un côté,

1 Milliard de bénéfices au moins de l’autre côté.

Et quelle lumière sur le rôle de l’Etat en 2006 ? « Thierry BRETON prétend avoir appris la transaction par la presse. Ce n’est ni sérieux ni responsable » (Jacques JULLIARD) Voilà qui est clair pour 2006.

Alors, qu’est-ce qui ne va pas dans la conclusion de Jacques JULLIARD, hormis l’arrogance de l’intellectuel à l’égard des foules (peuple, c’est un gros mot pour Jacques JULLIARD ?) ?

La moralité publique qui s’effondre et le lien social qui s’effiloche ne sont pas une conséquence de la défaite de la gauche, mais plutôt le résultat désastreux de la gauche plurielle (et précédente) quand elle était aux
affaires.

Qui dirigeait le char de l’Etat en 1999 ? Lionel JOSPIN.

Qui a monté, et en tout cas accepté, le meccano EADS en 1999 ? Dominique STRAUSS-KAHN, le précieux socialiste ami des patrons du CAC 40 que le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA vient de catapulter à la tête du FMI.

Ce sont des amis de monsieur JULLIARD, qui ont privatisé le plus, qui ont réformé les stock-options dans un sens libéral … 

Parce que la gauche a « le cul sale » dans le scandale EADS, comme dirait GALOUZEAU DE VILLEPIN, elle ne tirera pas à boulets rouges. Monsieur JULLIARD le sait. Alors il préfère évoquer une affaire « compliquée » qui n’intéresse pas « les foules ».

Alexandre Anizy

P.s. :
AVIS aux pays pauvres : si le FMI débarque chez vous, vérifiez les additions !