Dette : ruine intellectuelle de Jacques Attali (II) ?

Publié le par Alexandre Anizy

 

(suite de http://www.alexandreanizy.com/article-dette-ruine-intellectuelle-de-jacques-attali-i-81104939.html )

 

Incapable ou ne voulant pas répondre à la question qu'il s'est posée (quand une dette publique devient-elle excessive ?), l'auteur décide de définir les dettes, les bonnes et les mauvaises, puis il s'attache à fixer le juste niveau de la bonne dette.

Soulignons que Jacques Attali propose un grand bouleversement dans l'organisation administrative de l’État : il serait intéressant d'en analyser les fondements idéologiques et d'en déduire les conséquences économiques et financières pour les agents économiques. Car Jacques Attali n'est pas neutre, notamment lorsqu'il écrit : « Une fois écartées les mauvaises dettes qui doivent être remboursées par priorité (...) » (p.161) Est-on vraiment soucieux de l'intérêt général en décrétant cette priorité ? Nous en doutons.

 

Ayant réduit le champ de son investigation sans avoir répondu à la question posée (serons-nous ruinés dans 10 ans ?), Jacques Attali va maintenant donner les éléments permettant de fixer le "juste niveau de la bonne dette".

Pour commencer le raisonnement, une idée générale qui ne mène concrètement nulle part mais vise à brouiller la notion de richesse nationale  :

« La dette doit donc d'abord être comparée à la valeur des actifs du souverain (…) et doit rester inférieure à la valeur de ceux de ces actifs pouvant servir à la rembourser. » (p.162)

Faut-il, comme le suggère l'auteur, écarter tous les actifs non valorisables par le marché et incessibles ? (un sous-marin nucléaire, une base de lancement de missiles nucléaires, etc.)

Le trouble étant instauré, on peut enfin passer à l'étape suivante :

« Dans le traité de Maastricht, l'UE fixe à 60 % du PIB la limite maximale du juste niveau de la bonne dette. »(p.163) ;

« Pour le FMI, par exemple, la bonne dette de l'emprunteur souverain ne doit pas dépasser la valeur actualisée des futurs surplus primaires de son budget (c'est-à-dire avant le paiement du service de la dette). »(p.164).

Voilà, on est au bout du raisonnement de l'économiste Attali : les normes du FMI ou du traité de Maastricht.

Quelle misère !

 

 

Dans le chapitre 8 titré "la France souveraine" (le cynisme de l'oligarchie et de ses sbires technocratiques est incommensurable), Jacques Attali, penseur fatigué mais clerc énergique, balance le programme politique que l'UMPPS (ou PSUMP, puisque c'est le même bonnet...) mettra en œuvre dans la prochaine décennie. Accrochez-vous ! C'est de l'économie-globish pure et dure :

  • coupes budgétaires draconiennes ;

  • hausse d'à peu près tous les impôts, y compris la TVA ;

  • redéfinir le modèle social : i.e. la mise en place d'un système mixte public/privé pour beaucoup de choses, y compris la Santé (ah ! Les assureurs seront enfin servis...).

 

Le conseilleur Attali ne s'arrête plus :

  • créer 3 structures comptables et administratives différentes (pour quels gains ? Fi ! des questions mesquines, monsieur, quand la France souveraine est en jeu, n'est-ce pas ?) ;

  • interdire tout déficit du Budget par une règle constitutionnelle (la fameuse "règle d'or" dont le Président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa vous abreuve en ce moment …) ;

  • la liste des investissements pour son "Fonds National de Réparation" et son "Fonds d'Investissement National" devra être stable, i.e. à l'abri des représentants du peuple (députés, sénateurs, etc.).

C'est fou comme ce néolibéral, ce nomade, ne rêve que d'un monde figé, notamment par la Loi.

La suite, c'est la fuite en avant habituelle des agitateurs doxiques : l'obligation européenne, l'esquisse d'un gouvernement mondial (in fine, la suprématie mondiale de l'oligarchie : une "vision" qui sera reprise dans son opus de 2011 titré « demain qui gouvernera le monde ? »).

 

 

Au bout de ce pensum, force est de constater que Jacques Attali est un brillant Panurge austère, qui voudrait nous réduire tous à son monde unidimensionnel, qui ne vise pas à l'universalité.

 

 

Alexandre Anizy