L'erreur tactique de Jean-Luc Mélenchon
Un homme politique doit maîtriser le champ de bataille sur lequel il évolue, à défaut de le dominer. Sinon, il court à sa perte. En acceptant l'invitation de France 2 pour l'émission politique consacrée à Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon a commis une erreur tactique due à un péché d'orgueil qui lui coûtera cher dans deux mois.
En effet, alors qu'il menait avec brio une campagne dynamique, il s'est laissé enfermer dans un rôle mineur, celui du contradicteur "agressif, impoli voire insultant" d'une extrême-droite rafraîchie. Pourtant, son adversaire l'avait prévenu : il n'y aura rien … et c'est ce qui advint. Mélenchon soliloquant, Le Pen surjouant le silence.
N'était-ce pas pathétique de voir Mélenchon demander au meneur de jeu la permission de parler ? Sur le plateau, prisonnier de son rôle, le Frontiste ne dirigeait rien, et ses attaques pertinentes n'étaient que des coups d'épée dans l'eau trouble du spectacle.
Pire. Son adversaire, qui avait contenu l'offensive médiatique en refusant ce simulacre de débat, a failli gagner la bataille. En effet, si Marine Le Pen avait osé prendre la main sur le plateau en annonçant par exemple qu'elle s'absentait 10 minutes pour laisser le champ à un malotru et un présentateur perfide, nous pensons qu'elle aurait raflé la mise en ridiculisant ces coqs prétentieux. Heureusement, la dame manque d'audace.
Le David Pujadas du Siècle pouvait conclure son émission avec le sourire : la valetaille médiatique de l'oligarchie a rempli sa mission ce soir-là en marginalisant ces 2 acteurs politiques, valorisant ainsi la bipolarisation centrale des frères siamois du sérail.
Alexandre Anizy