L'hypocrisie du noble Olivier Pastré, économiste en Cercle
Le noble Olivier Pastré, économiste en Cercle, vient de commettre un article dans Libération, une nouvelle salve conservatrice car sous la rhétorique gentiment iconoclaste se cachent des propositions calibrées pour que les affaires continuent comme avant.
Remarquons tout d’abord que le texte aurait mérité une correction soignée de la part de l’auteur, car en général les économistes visent à restaurer des équilibres fondamentaux et non pas des déséquilibres :
« Aucun des déséquilibres fondamentaux de l’économie mondiale n’a été restauré. »
Mais peut-être est-ce le vrai désir d’Olivier Pastré, « banquier tunisien », qui s’est insinué ? (1)
Allons maintenant à l’essentiel de notre propos, en prenant l’exemple de l’économiste en Cercle, à savoir les normes comptables (IAS) et prudentielles (Bâle II).
« (…) il faut cesser de se vouloir « économiquement correct » et de passer son temps à s’interroger sur le « sexe des anges » réglementaires. »
N’est-ce point radical ?
« Faut-il suspendre les normes comptables (IAS) et prudentielles (Bâle II) ? » « Oui, il le faut à mes yeux. »
Notez qu’il s’agit seulement de suspendre … « si l’on veut se donner la moindre chance de sortir de cette crise à un coût économique et social qui ne soit pas exorbitant (…)».
Car « (…) c’est autant de rentes qui seraient ainsi menacées. »
Nous ne le lui faisons pas dire.
Mais alors, pourquoi le noble Olivier Pastré signait-il dans le Figaro du 2 janvier 2009, avec Bertrand Jacquillat, un papier dénonçant « le nouvel intégrisme des fonds propres bancaires » et soutenant la pratique des banques françaises (et continentales) ?
« Depuis que le gouvernement britannique a décidé de recapitaliser « ses » banques (et de porter ainsi le ratio de fonds propres de celles-ci à plus de 10 %) (…). (…) Ce couperet de 10 % apparaît ainsi comme une nouvelle « terre promise », un peu comme le taux de 15 % de rentabilité des fonds propres, quête du Graal des dirigeants d’entreprises il y a encore quelques mois. » ;
« Aussi la nouvelle mystique des 10 % ne nous paraît pas moins dangereuse, d’autant qu’en réalité ce ratio des fonds propres s’étage entre 5,9 % et 13,6 % dans les banques européennes. » ;
« Laissons donc les banques d’Europe continentale gérer la crise sans leur imposer un nouveau fardeau inutile. »
Le message de janvier avait le mérite d’être clair, n’est-ce pas ?
Mais après le tir au canon de janvier, le noble Olivier Pastré choisit maintenant la trêve diplomatique (la suspension des normes) pour le plus grand profit (futur) de ses collègues banquiers : parce qu’il y a des suspensions qui sonnent comme des abandons.
Alexandre Anizy
(1) : Président d’IM Bank