La création de monnaie doit redevenir une fonction régalienne
L'économiste autrichien Joseph Schumpeter a écrit que le banquier est l'éphore de l'économie capitaliste, autrement dit le régulateur du système. C'est pourquoi cette fonction-clé ne peut être strictement privée, au risque de voir une caste cupide accaparer une part toujours croissante de la richesse produite.
Or, que s'est-il passé mercredi 21 décembre, lorsque la BCE a ouvert son guichet aux banques de la zone euro ? (Lire aussi la note précédente)
Pour dire simplement les choses, les banques vont payer des crédits qui arrivaient à terme (environ 300 Milliards d'euros) avec un nouveau crédit de la banque centrale : en somme, une substitution qui ne touche en rien la structure de leurs bilans. Autrement dit, cette opération n'assainit en aucune manière leur situation financière. Bien au contraire elle l'aggrave du fait du comportement irresponsable des dirigeants du système bancaire.
En effet, les banques profitent de l'aveuglement idéologique (seulement ?) des maîtres de la BCE, notamment son président Mario Draghi (un ancien dirigeant de Goldman Sachs, la banque qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes … tout ne se tient-il pas ?), pour emprunter environ 190 Milliards à un taux de 1 % qu'elles placeront sur le marché à 6 % (si on prend le taux exigé par le marché pour les obligations italiennes).
D'un strict point de vue technique, un banquier qui refuserait d'exécuter ce "carry trade" commettrait une faute professionnelle, selon les valeurs en vigueur dans ce métier.
Il y a donc une création ex nihilo de valeur financière déconnectée de l'ensemble du circuit, qui pèsera ensuite notamment par les prix sur la viabilité du système économique.
La cupidité vorace d'une oligarchie irresponsable conduit le système au chaos.
Laisser l'administration de l'économie entre les mains des banquiers, ce serait comme si nous acceptions le commerce de produits frelatés par des dealers camés. Ce constat doit se traduire en termes d'économie politique : par exemple, l’État, dans la mesure où il n'est pas lui-même gangréné par l'élite malfaisante, doit reprendre en main la création de monnaie.
Techniquement, il peut le faire de différentes manières.
Il va de soi que nous écartons d'emblée la nationalisation des banques : pourquoi le peuple devrait-il indemniser des accapareurs qui se sont déjà largement goinfrés ?
Alexandre Anizy