La touche libertaire d'Albert Camus

Publié le par Alexandre Anizy

 

Cet automne, on va revoir Albert Camus sur les tables des librairies, lire les articles savants ou convenus dans les magazines influents, et puis entendre les hommages d'intellectuels narcissiques... nous en sommes déjà fort marris. Alors parlons du travail de Lou Marin sur les Ecrits libertaires d'Albert Camus (égrégores – éditions indigène, mars 2013, 337 pages, 18 €)

 

Il faut le faire ici parce qu'ailleurs on vous bercera souvent avec des propos pompeux sur les sempiternelles questions de l'humanisme, l'absurdité, la querelle avec Sartre et ses sbires... bref, les papiers recyclés d'incorrigibles bachoteurs. Albert Camus mérite mieux, et grâce à Lou Marin, les lecteurs curieux vont pouvoir le situer dans son environnement intellectuel complet, c'est à dire avec le courant anarchiste qui l'a aussi inspiré.

 

Pour vous encourager à lire ce livre avant de retourner à ceux de Camus, nous citons ici quelques passages qui nous ont rappelé L'homme révolté (avec le recul, nous savons que ce texte, avec d'autres, de Proudhon à Stirner sans oublier notre bon Montaigne,nous évita le dogmatisme et les errements autoritaires en vogue en ce temps-là).

A propos de la violence :

« Je crois que la violence est inévitable. Les années d'occupation me l'ont appris. Je ne dirais donc point qu'il faut supprimer toute violence, ce qui serait souhaitable, mais utopique en effet. Je dis seulement qu'il faut refuser toute légitimation de la violence. Elle est à la fois nécessaire et injustifiable. Alors, je crois qu'il faut lui garder son caractère exceptionnel, précisément, et la resserrer dans les limites qu'on peut. Cela revient à dire qu'on ne doit pas lui donner de significations légales ou philosophiques. » (p.82) (1)

A quoi il faut ajouter :

« J'ai horreur de la violence confortable. C'est un peu facile de tuer au nom de la loi ou de la doctrine. J'ai horreur des juges qui ne font pas le travail eux-mêmes, comme tant de nos bons esprits. » (p.82)

A propos du journalisme :

« (…) Tolstoï disait que le journalisme est un bordel intellectuel et la littérature d'aujourd'hui est le plus souvent du journalisme coupé en tranches. » (p.283)

 

Nous ne pouvons pas ne pas citer ces paroles de René Char (ami de Camus) :

« Quand on sait pourquoi cette meute française, qui s'enflamme pour des ouvrages de sots, s'acharne contre "Camus et son œuvre", on ne s'interroge pas plus avant, et on tourne son dégoût, on vire à l'opposé de cette espèce de pétainisme inverti, perverti, qui est le lot d'intellectuels d'aujourd'hui fardés au progressisme. A l'opposé, vous ne pensez pas que je ne distingue le vis-à-vis sanglant, n'est-ce pas, le fascisme si réellement personnifié par les têtes mitraillantes de l'OAS – cette triperie de plastiqueurs – tapotées par le Pouvoir dont elles sont devenues la deuxième colonne après en avoir été la première. Faire de la confiture sur la déconfiture ne mènera à rien de bon. Nous verrons. De beaux jours se combinent pour les crocodiles de l'efficacité. » (p.243-244)

 

 

Rendons la parole à Camus :

« Non, le pouvoir rend fou celui qui le détient. » (p.320)

 

[l'agitation permanente d'un Sarkozy de Nagy Bocsa, le Guignol's circus estival d'un Hollande: 2 faces de la même pièce]

Pour notre part, nous précisons : il faut une dose de folie pour partir à la conquête du pouvoir.

 

« Je crois en une Europe unie, s'appuyant sur l'Amérique Latine et plus tard, quand le virus nationaliste aura perdu de sa force, sur l'Asie et sur l'Afrique. » (p.320)

C'est une vision plus stimulante intellectuellement que la ridicule perspective France 2025 commandée à la va-vite pour le plan communication de la rentrée gouvernementale !

 

 

Alexandre Anizy

 

(1) : en Syrie, le culbuto molletiste Hollande se met à la remorque des États-Unis, au prétexte de punir le dictateur Assad ; or les gouvernements n'ont pas de conscience, disait Camus.

Un monde paradoxal. La monarchie anglaise vient de donner une leçon de démocratie à la France républicaine : c'est le peuple ou ses représentants qui doivent décider des actes de guerre.

La France pourrit par sa psumpesque tête hollandaise.

 

 

Publié dans Notes culturelles

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