Le murmure d'Anna Akhmatova
Le printemps revient avec son explosion de couleurs. Cependant, l'actualité lyrique* nous ramène à l'hiver russe, à l'enfer léniniste, à la douleur de la poétesse Anna Akhmatova.
J'ai cessé de sourire.
Le vent glacé me gèle les lèvres,
Un espoir de perdu,
Une chanson de gagnée.
La voilà, cette chanson,
Jetée aux rires, aux blâmes.
Elle est intolérable
La douleur du silence amoureux.
Anna Akhmatova
17 mars 1915. Tsarkoïe Selo
L'églantier fleurit et autres poèmes
traduits par Marion Graf et José-Flore Tappy
(éditions La Dogana, Genève 2010, 230 pages, 22 €)
Comparé au souffle d'Akhmatova, le style révolutionnaire de Maïakovski fait l'effet d'un bruit métallique, comme les coups d'un marteau sur une tête en forme d'enclume.
Alexandre Anizy
* : ces jours-ci, création à Paris-Bastille d' Akhmatova, deuxième opéra moderne de Bruno Mantovani