Le savoir-vivre d' Hédi Kaddour n'est pas un cadeau
Nous avons essayé de lire « savoir-vivre » de Hédi Kaddour (Gallimard, janvier 2010, bouquinel de 178 pages). Force est de constater que nous avons abandonné à la page 26, après avoir lu ceci :
« Lena avait appris à repérer les signes, la façon dont il se rapprochait de l'entrée tout en lui parlant avec gentillesse, les premières fois elle avait été prise au dépourvu, puis elle s'était adaptée, elle essayait de contrôler, elle se glissait dans la partie du salon qui précédait l'entrée. Thibault devait passer devant elle pour sortir. »
Nous ne supportions plus ces phrases interminables, empilement de données furtives, comme si l'auteur aurait refusé de trier les éléments de son tableau. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que nous ne succombions pas à la passion amoureuse évoquée en ce début de roman.
Quand il enseigne la littérature et l'art d'écrire (mon Dieu, que d'élèves torturés !), il paraît qu' Hédi Kaddour ne supporte pas les adverbes, notamment ceux qui finissent en "ment" ; il comprendra alors – du moins nous l'espérons -, qu'on se refuse à peiner sur des livres encombrés d'histoires secondaires, de propositions inutiles et jamais subordonnées, qui confinent l'ouvrage dans une littérature de bazar, où l'on confondrait accumulation de mots avec style pointilliste.
Bref, ce livre de Kaddour n'est pas un cadeau.
Alexandre Anizy